S’il y a un secteur qui a beaucoup souffert de la crise du Covid, aux côtés de la culture, c’est celui du tourisme et tout particulièrement les parcs à thème dont la fréquentation atteint souvent plusieurs millions de visiteurs par an. Partout, de l’Asie aux États-Unis en passant par l’Europe ils ont connu de longues périodes de fermeture… pour beaucoup encore en vigueur à l’heure où ces lignes sont écrites.
Des parcs à thème qui ne sont pas restés inactifs malgré la crise du COVID-19
Pourtant de nombreux efforts ont été fait, comme nous avions pu le tester, en vidéo, lors d’un épisode spécial du Revo-Rama à Disneyland Paris : réservations obligatoires, jauges limitées, marquage au sol, rangées condamnées, gel hydro-alcoolique à profusion, et bien sûr masques obligatoires étaient de rigueur. La destination était alors, à nos yeux, l’une des plus sécurisantes du monde (bien plus que la ligne 13 toujours ouverte, elle), même si nous regrettions alors le manque de Cast Member pour contrôler les guests indélicats (en ayant fait l’amer expérience dans la file d’attente de Phantom Manor notamment). Il faut dire que l’équation économique, avec un nombre de clients restreint, n’est pas facile à tenir, surtout s’il faut augmenter sa masse salariale, ce qui n’est pas la tendance du moment. Et si un parc à thème avec moins de monde est toujours une expérience plus agréable et plus douce, Disneyland Paris sans parade et spectacles, ce n’est pas la même chose. Les visiteurs s’y retrouvent-ils à payer un ticket pour une offre réduite et des décors dégradés par les marquages ?
Pour autant les complexes de loisirs dont nous parlons ne sont pas restés inactifs, que ce soit online (avec des équipes pour la plupart en télétravail) ou sur le front des chantiers en cours. J’imagine volontiers une grande fête internationale, une ambiance de libération, comparable à la sortie d’une guerre (toutes proportions gardées évidemment, même si les chiffres font froid dans le dos « 128 millions d’infections liées au virus dans le monde, 2,8 millions sont à ce jour décédées, dont 94.596 en France »). Du coup pouvoir à nouveau voyager, partager un moment convivial dans un restaurant ou un bistro, aller dans un parc de loisirs, voir une nouvelle parade et faire la dernière attraction, seront sans doute dans nos priorités (même si on redoute d’avance l’affluence record qui s’y prépare). Ainsi de belles choses devraient être proposées pour la sortie de crise, bien que malheureusement, la situation fragilisée du secteur, annonce des annulations et reports probables sur des projets moins immédiats.
La situation des parcs à thème en France
Des mois sans fouler le sol d’un parc pour les parconautes français, autant désertés que les terrasses des restaurants ou même les stations de ski. De reports en reports, les abonnements et autres passeports annuels prennent la poussière au fond du porte-feuille. Pendant ce temps-là de nombreux intermittents ont vu leurs contrats non-renouvelés, et beaucoup de CDI sont en chômage partiel, quand une minorité de privilégiés peut profiter du travail à distance.
Disneyland Paris. En route pour le 30ème anniversaire en 2022 !
Le plus important resort européen, et ses 15 millions de visiteurs annuels (en arrondissant un peu), est aussi le plus emblématique de la situation. En effet ouvrant généralement 365 jours par an, et ayant dû fermer dans le passé que très exceptionnellement en 1999 après le passage de la tempête et les attentats de 2015. ces longues périodes d’inactivités sont très inhabituelles (contrairement à un parc saisonnier qui ouvrirait en Avril pour fermer en novembre ou en décembre).
Une autre particularité est l’importance des retombées économiques de Disney sur tout le département de Seine-et-Marne, que ce soit sur le plan de l’emploi ou de la fiscalité via la taxe de séjour dont s’acquitte chaque visiteur qui séjourne dans un hôtel. Autant dire que les répercussions sont énormes. Pas de chiffres à notre connaissance sur le resort parisien, mais on connait ceux du groupe américain : une perte de 4,72 milliards de dollars au troisième trimestre de son exercice 2019-2020, la division Parks, Experiences and Products, a vu ses revenus chuter de 85% à 983 millions de dollars avec une perte d’exploitation de 1,96 milliard.
Fermé de la mi-mars au 15 juillet 2020, et à nouveau inaccessible depuis le 29 octobre 2020, on ne connait pas aujourd’hui de date fiable de ré-ouverture. Faut-il espérer Mai, Juin ou seulement mi-Juillet comme l’an passé ? Personne ne le sait vraiment, même pas la direction des parcs, en attente de l’évolution de la situation sanitaire et des décisions de l’exécutif français. Quant à la prolongation des passeports annuels, c’est encore le flou, celle-ci devant être connue lorsque la réouverture sera actée. Un beau bazar en perspective. Nous avons hâte de pouvoir retourner à Disneyland Paris, mais également de profiter d’une expérience à 100% avec spectacles et parades. En attendant l’hôtel Disney’s Newport Bay Club devrait accueillir un vaccinodrome permettant 1000 injections par jour.
On peut saluer les actions des équipes de communication mais aussi de transformation numérique de Disneyland Paris qui s’est semble-t-il accélérée à cette occasion. Ainsi nous avons eu droit à de nombreuses vidéo et photos de chantier, de portraits, de souvenirs, de musique, d’attractions … pour continuer à faire vivre la magie et surtout alimenter blogs et chaînes Youtube de fans. Mention pour les « Zen Moments », mais déçu par la playlist Spotify / Youtube trop chétive et incomplète.
Du côté de chantiers en cours, on notera
– Les discussions de plus en plus précises concernant l’avenir du Disney Village. Une priorité semble-t-il, même s’il reste à convaincre les partenaires, premières parties prenantes
– La Fabrique des Rêves remplaçant Disney Junior Live on Stage devrait être inaugurée prochainement
– Une refonte majeure de l’esplanade menant aux parcs est en cours
– Les opérations de réhabilitation se sont aussi accélérées sur l’ensemble du parc comme l’ont dévoilé ces vidéos “Live from the Magic at Disneyland Paris”. Bonne idée cela nous évitera le château bâché et nous permettra d’en profiter pour le 30ème anniversaire en 2022.
– Côté Walt Disney Studios, on attend avec impatience les deux attractions Marvel qui progressent elles-aussi, tout comme Cars Road Trip (new Tram Tour). Là encore espérons tout cela et plus encore niveau parades et spectacles en 2022.
– Et n’oublions pas l’Hôtel New York Art of Marvel
Du succès de ce 30ème anniversaire dépendra sans doute d’autres projets plus lointain comme la nouvelle attraction Star Wars. Avec en ligne de mire les jeux olympiques de 2024.
Futuroscope, Parc Astérix, et les autres
La Compagnie des Alpes, propriétaire de parcs de loisirs et de domaines skiables, est elle-aussi durement touchée par la crise sanitaire. Parc Astérix, Futuroscope, Walibi, et même le Musée Grévin, ont également dû fermer leurs portes prématurément en 2020, en espérant ouvrir pour un début de saison au printemps 2021. Si le Futuroscope avait espéré reprendre dès Février, le lancement de la saison du Parc Astérix se situe toujours en Avril. Mais entre les variants et la troisième vague épidémique, leurs ouvertures sont reportées sine die et l’inquiétude commence à être palpable dans leurs déclarations.
Économiquement parlant la CDA a accusé, pour son exercice 2019-2020, une perte nette de 104,3 millions d’euros. Les prévisions pour l’exercice en cours, ne sont guère plus encourageantes. S’ils se montraient confiant sur un rebond, il faudrait que la situation ne s’éternise pas. On pense aux investissements initialement prévus à moyen et long-terme, mais aussi (et surtout) aux saisonniers qui les font vivre et en vivent. La bonne nouvelle est que l’état va prendre pour lui 70% des charges fixes.
Du côté du Parc Astérix, si l’actualité est aussi marquée par cette bagarre très médiatisée, les nouvelles sont bien moins nombreuses. On a appris néanmoins que le Delphinarium allait enfin fermer ses portes, malheureusement les dauphins ne seront pas accueillis dans un sanctuaire mais par d’autres exploitants… Autrement dit c’est une non-solution qui a été trouvée, dégageant simplement le Parc Astérix de cette polémique qui commençait à dangereusement l’empoisonner. Quant au LSM Launch Coaster fabriqué par Intamin, nous en avons appris un peu plus, même si ce n’est pas du tout ce que nous attendions : un profond remake du défi de César et de nouveaux Dark Ride qui font cruellement défauts à l’offre. Mais non, le Parc Astérix se lance à nouveau dans une course qui ne lui fera pas connaître de nouveaux publics : plus internationaux et plus familiaux. Nous avons néanmoins hâte de découvrir le nouvel hôtel « Les Quais de Lutèce » et d’arpenter les allées du parc.
De son côté le Futuroscope nous offre de bien meilleures nouvelles. Nous devions découvrir l’an dernier Mission Mars, son premier coaster familial. Malheureusement la crise du Covid-19 en a décidé autrement, nous privant de ce plaisir dans ce parc que nous aimons beaucoup. De beaux projets se font jour comme l’Hôtel « Station Cosmos » prévu au printemps 2022. Si nous avions espéré un second parc autour du thème des jeux vidéo, ce qui aurait été complètement dans l’ADN du Futuroscope, c’est un parc aquatique qui sortira de terre en 2024 (Feront-ils mieux que Rulantica ?). Trois attractions majeures devraient aussi être ajoutées au parc historique dans les prochaines années, ce qui donnera autant d’occasions d’y retourner. Et comme vous le savez déjà, ce sera avec grand plaisir.
Quittons un instant la Compagnie des Alpes pour évoquer le cas du Puy-du-Fou qui a défrayé deux fois la chronique lors de cette crise. D’abord avec Philippe De Villiers et son lobbying auprès du Président de la République, ensuite avec ces tribunes bondées ne respectant aucune distanciation sociale.
On pense enfin à tous les autres parcs de qualité comme La Mer de Sable, Nigloland, Planète Sauvage, pour ne citer qu’eux, qui vivent la même chose, pas forcément avec les même moyens.
La situation des parcs à thème en Europe
La pandémie sévissant dans tout les pays européens, la situation a été la même un peu partout, au gré des pics d’épidémie et des politiques sanitaires parfois légèrement divergentes. Comme pour l’hexagone il serait bien sûr trop long de tous les énumérer, mais nous allons voir les plus importants, chez nos voisins, ceux que nous connaissons bien pour les avoir visité plusieurs fois et qu’il nous tarde de retrouver.
Efteling, notre parc de coeur au Pays-Bas
Trop souvent oublié des journalistes français qui en ignorent peut-être jusqu’à l’existence, Efteling se situe aux Pays-Bas et mérite vraiment d’y passer de longs week-end. Actuellement le Parc Efteling, l’Hôtel Efteling et le Village de vacances Efteling Loonsche Land sont fermés jusqu’au 20 avril 2021. Le Village de vacances Efteling Bosrijk est ouvert. En novembre 2020 Efteling avait déjà fermé 2 semaines. comme à la mi-mars 2020 durant 2 mois. Les français et les belges étant aussi régulièrement empêchés de s’y rendre au gré des décisions (et de toute façon il ne nous semblait pas opportun de le faire).
Niveau financier en 2019, Efteling avait gagné 19,3 millions d’euros pour un CA de 228 millions. En 2020 l’histoire est toute autre avec une perte de 17 millions d’euros. Néanmoins 10 millions d’euros ont été reçus au titre de l’aide d’État, et il pourrait en être de même sur 2021. Une transparence que nous n’avons pas lu côté francophone.
Cela affecte malheureusement les employés du parc qui doivent faire des sacrifices, et les investissements à moyen terme sont partiellement en pause avec 27 millions d’euros de dépensés au lieu des 85 prévus. Nous pourrons néanmoins découvrir cette année l’aire de jeux Nest, la rénovation de l’hôtel Efteling, et la boulangerie face à Max & Moritz. Enfin, on l’espère…
Comme certains autres parcs qui n’y ont pas échappé, les parconautes locaux, ont pris en photo quelques problèmes lors des phases de réouverture, pointant du doigt des files d’attentes trop importantes et quelques attroupements. Comme quoi, ce n’est pas simple même à jauge réduite.
We openen op zaterdag 24 april voor het eerst sinds lange tijd onze poorten. ✨ Er zal een officiële pilot van Fieldlab plaatsvinden. 8.000 gasten zijn dan welkom. 👉 https://t.co/oAgIDY9Qfy pic.twitter.com/UOky67EsAl
— Efteling (@Efteling) April 6, 2021
Europapark, le voisin Allemand
Outre-Rhin c’est Europapark qui fait la grimace, la famille MACK tirant régulièrement la sonnette d’alarme sur sa situation, prenant la chancelière pour cible. Pour marquer le coup, le parc a même laissé fondre ses statues de glace, et l’a bien fait savoir.
Une bien triste métaphore de la situation actuelle.
— Europa-Park FR 🎢 (@EuropaParkFR) March 29, 2021
pic.twitter.com/qgCr5srW2s
Ainsi la situation du complexe allemand semble assez proche de ce que l’on constate en France. Fermé du 2 au 30 novembre 2020, l’ingénieux (et un peu téméraire) « HALLOWinter », plan B du parc combinant Halloween et Noël, pour compenser le report de son ouverture du 28 Mars à la fin Mai 2020, a échoué. Il faut en effet noter qu’habituellement le parc ferme entre les deux saisons. Les Alsaciens, nombreux à visiter le parc, ont aussi du patienter jusqu’au 15 juin 2020 pour traverser la frontière.
Lors de sa réouverture en Mai 2020, le parc indiquait avoir estimé à 100 millions d’euros le montant des pertes liées au Coronavirus (fermeture + jauges restreintes). À titre de comparaison le chiffre d’affaire de 2019 s’est élevé à 300 millions d’euros. Compte tenu de la fermeture de novembre, les pertes annuelles sont sans doute encore plus importantes, Roland Mack indiquant, à tort ou à raison, qu’ils n’avaient pas vu l’ombre d’une aide publique. On remarque aussi que les pertes estimées dépassent de loin les chiffres avancés par Efteling…
Cette année la situation est comparable puisque la nouvelle saison n’a pas encore démarré. Aucune visibilité de ré-ouverture pour le moment, on peut espérer que le complexe sera à nouveau en activité avant l’été. Ces incertitudes pesant dans les politiques de recrutement, et ne pouvant se décréter du jour au lendemain pour des raisons organisationnelles évidentes.
Nous espérons pouvoir y retourner prochainement et tester la nouvelle version de Pirates de Batavia ! Et peut-être que l’idée HALLOWinter sera à nouveau d’actualité !
Phantasialand, PortAventura, et les autres
Les autres parcs allemands sont soumis aux mêmes restrictions, même s’il faudrait étudier la situation région par région. Ainsi Phantasialand est lui-aussi actuellement fermé avec une situation comparable à celle d’Europa-Park.
Du côté de l’Espagne, à PortAventura, même son de cloche. En 2020 la saison avait démarré tardivement et le parc est actuellement fermé.
Et le Royaume-Uni dans tout ça ? Une situation très différente…
Comme chacun sait la politique vaccinale anglaise a été volontariste, c’est pourquoi les parcs du Royaume-Uni vont enfin pouvoir ouvrir à nouveau après une longue fermeture. À méditer.
Phew, Boris has jusy confirmed that theme parks, fun fairs, non essential shops, beer gardens and hairdressers can all reopen from the 12th April.
— Marcus Gaines (@coastertouring) April 5, 2021
La situation des parcs à thème dans le monde
Aux États-Unis, l’actualité des parcs à thème semble montrer que la reprise est proche, merci à la politique vaccinale volontariste. Même si bien évidemment les mesures sanitaires restent en vigueur pendant un moment.
La situation semble pourtant avoir été plutôt disparate. Ainsi si Disneyland en Californie est resté fermé durant un an, Walt Disney World en Floride (comme le resort Universal) a eu plus de chance, on a d’ailleurs pu voir un certain nombre de photos aux allées bondées… Les parcs floridiens ont mis en place des mesures de sécurité, comme le contrôle des températures, que nous n’avons pas vu de ce côté de l’atlantique. Il est intéressant de noter les nouveautés apparues durant cette période : la possibilité d’utiliser iPhone et Apple Watch comme Magic Band. Enfin !
En Chine, Shanghai Disneyland avait montré la voie, étant à la fois le premier grand parc à fermer, et le premier à ré-ouvrir avec des mesures sanitaires qui nous ont permis, à l’époque, de deviner ce qui nous attendait à Marne-La-Vallée. Au Japon également, Tokyo Disneyland a vécu de longues périodes de fermeture imposées. Cela n’empêche pas aujourd’hui aux visiteurs de découvrir Super Nintendo World à Universal Osaka, et La Belle et la Bête à Disneyland. Chanceux japonais aurait-on envie de dire, même si les Jeux Olympiques ont été reportés (on croise les doigts pour qu’ils aient lieu en 2021).
Un rebond à prévoir ?
La situation est encore difficile pour bon nombre de destinations. Il est fort à parier que, lorsque cela sera possible, le tourisme reprendra de plus bel, dans l’euphorie de la sortie de crise. Au contraire les parcs pourraient bien à ce moment là devenir peu fréquentables tellement ils seront saturés. Espérons que nous pourrons néanmoins en profiter pleinement, et que les festivités seront à la hauteur de l’attente.
Et vous qu’en pensez-vous ?