Notre société s’apprête à faire face à un réel bouleversement qui va durablement affecter notre façon de vivre et celle de nos proches. Ceux que l’on a appelés les “Baby-boomers” sont maintenant de jeunes retraités qui s’apprêtent à passer de nombreuses années à profiter de leur temps libre, tant qu’ils sont en capacité de le faire… Grâce aux progrès de la science et de la médecine, l’espérance de vie s’est considérablement allongée et nos aînés profitent de la vie dans des conditions jusque-là inédites.

Néanmoins, nous sommes obligés d’admettre que la part de personnes qui vont être un jour confrontées à la dépendance ne cesse de croître. Même si cela nous semble abstrait quand on est jeune et en bonne santé de penser au crépuscule de notre vie (comme si cette pensée était refoulée dans nos sociétés modernes), force est de constater que la dépendance liée à l’âge et à la maladie est une réalité pour de plus en plus de familles qui s’y voient confrontées. Non seulement nous ne sommes pas invincibles loin de là (n’en déplaise aux transhumanistes), mais cela a un impact important sur la vie de nos proches et de la société en général.

Les personnes âgées souhaitent rester le plus longtemps possible chez eux

Repenser les lieux de vie de nos seniors

Les Ehpad montrés du doigt

Sous cet acronyme signifiant “Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes” sont regroupés l’ensemble des établissements médico-sociaux et des unités de soin longue-durée. Les Ehpad sont soumis à un accord signé entre le Conseil Général, l’établissement et le préfet du département concerné. Cet accord permet à la résidence ou à la maison de retraite de bénéficier de subventions. Il en existe des publics, privés et associatifs. Certains groupes d’Ehpad s’étendent même à l’international et font de substantiels profits.

Permettant dans la plupart des cas un logement en chambre simple ou en chambre double, les Ehpad assurent en théorie aux résidents une parfaite prise en charge de tous les besoins liés à l’âge ou à la maladie. Néanmoins dans la pratique, les Ehpad ont mauvaise réputation. 33 % des établissements seraient même considérés comme dangereux selon une étude récente que vous pourrez découvrir dans cet article très intéressant. Les divers scandales de maltraitance relayés par les médias dernièrement (par exemple dans l’émission « Envoyé spécial » sur France 2) et le témoignage d’anciens membres du personnel dépités par le manque de moyens dévolus à nos aînés ne peuvent que nous alarmer. Cela conduit aussi à une crise de vocations. Interrogez vos proches et vous-même et vous verrez : personne ne veut y aller. L’expérience patient, grande inconnue du monde médical.

Rapprocher les générations

Une meilleure prise en charge de la maladie d’Alzheimer

Décrétée grande cause nationale en 2007, la maladie d’Alzheimer touche pourtant un nombre toujours croissant de malades. Chantal Panas – auxiliaire de vie auprès de personnes atteintes de troubles mnésiques, AVC et Alzheimer – l’avait longuement raconté et expliqué sur ce blog. Cette maladie neurodégénérative touche tous les ans plus de 225 000 nouvelles personnes. On estime qu’en 2020, une personne de plus de 65 ans sur quatre pourrait être touchée.

Afin que les malades atteints d’Alzheimer (et pathologies apparentées) puissent être pris en charge correctement, la plupart des Ehpad sont équipés d’unités protégées mais les moyens alloués semblent dérisoires tant le nombre de patients est en constante progression. Le plan Alzheimer mis en place il y a plus de 10 ans prévoyait des unités spéciales telles que les PASA et les UHR mais force est de constater que les familles de malades d’Alzheimer peinent à trouver des structures sécurisées dans lesquelles ils pourront laisser leur proche atteint de la maladie sans avoir à se soucier de son bien-être.

Afin d’aider les aidants (mais aussi les professionnels de santé concernés) à mieux aborder cette période extrêmement fatigante et difficile à vivre, des alternatives à l’Ehpad sont nécessaires en plus de leur révolution. L’article paru dans la Provence propose des solutions intéressantes qui mériteraient d’être prises en compte par nos autorités qui se sont vus adresser un livret de 163 pages publié par la Fondation Médéric Alzheimer. Devant cette problématique grandissante, les idées ne manquent pas, pour preuve cette « Maison Alzheimer » qui révolutionne la prise en charge des personnes atteintes de la maladie. Force est de constater que le système de prise en charge de ces malades qui demandent une attention et des soins bien particulier doit être entièrement revu. Les aidants sont aujourd’hui fortement mis à contribution, et même si un accompagnement leur est proposé, les conditions sont loin d’être idéales pour les malades et leurs familles qui vivent déjà un double drame : celui de la dépendance mais aussi de la perte de la mémoire de ce que l’on était et de ceux que l’on aime.

Du côté de la recherche on progresse, et les chercheurs ont découverts de nombreuses pistes, mais d’après le LEEM (les entreprises du médicament) qui a présenté récemment son rapport “Santé 2030” les premiers traitements ne devraient pas arriver avant 10 ans et nécessiteront, comme pour le cancer, une adaptation de notre système de soins. Espérons que cette prédiction s’avère exacte et que le maximum sera fait pour y arriver.

Comment faire face à la dépendance ?

Dépendance et solidarité

Comment financer la prise en charge de nos aînés qui n’arrivent plus à assumer les tâches de la vie quotidienne. Afin de répondre à cette question et à beaucoup d’autres qui vont avoir des répercussions de plus en plus notables sur notre société future, Emmanuel Macron a annoncé l’été dernier une nouvelle loi sur la dépendance qui sera présentée dans le courant de l’année 2019.

La réforme des Ehpad qui avait eu lieu en 2002 imposait plus de transparence. Le montant pris en charge par le département dépend de son taux de dépendance. A l’avenir, ce montant pourrait varier en fonction des revenus de la personne. De nombreuses prestations sont néanmoins exclues du tarif des soins et restent à la charge des résidents. C’est le cas pour les soins d’hospitalisation à domicile, les interventions dans le secteur de la psychiatrie, les soins dentaires, les honoraires de médecins spécialistes et les transports sanitaires. La solidarité nationale est indispensable et certains pensent déjà à une journée de solidarité supplémentaire pour la financer… La Mutualité défend de son côté une assurance dépendance obligatoire dès 40 ans ce qui semble aussi être, avec la modulation en fonction des revenus, une excellente idée.

Il ne faut pas oublier les aidants qu’ils soient professionnels ou familiaux, qui doivent concilier leur propre vie avec celle de la personne aidée et qui ont pour les uns le droit au répit et à un accompagnement, et une meilleure valorisation de leur métier difficile pour les autres avec un salaire et des conditions de travail plus dignes. Le revenu universel, qui prendrait donc aussi en compte ce travail invisible, pourrait être une des solutions.

La présence des animaux est plus que souhaitable dans les résidences pour personnes âgées

Le gouvernement face à ses responsabilités

La ministre Agnès Buzyn a assuré lors des Assises Nationales des Ehpad qui se tenaient le 12 mars dernier que « le gouvernement passera à l’action pour apporter des solutions immédiates et des solutions de long terme » dès la fin de la grande concertation « grand âge et autonomie ». La ministre des solidarités et de la santé annonce qu’un rapport serait remis le 28 mars prochain. L’année dernière, Emmanuel Macron s’était déclaré prêt « à regarder en face » le sujet du vieillissement de la population et avait assuré qu’il serait en rendez-vous pour les Ehpad avec la possible création d’un « risque dépendance ». Les professionnels du secteur ainsi que les familles des personnes dépendantes ne manqueront pas de lui rappeler ses promesses, et en ces temps troublés, l’attente sur les annonces promises par le gouvernement sont à leur paroxysme.

Les innovations technologiques au service de nos anciens et de leurs aidants

En attendant les solutions que va nous proposer le gouvernement pour la prise en charge des personnes dépendantes et la question d’une fin de vie décente, que peut-on faire pour essayer de soulager au maximum les aidants et pour aider à la prise en charge des personnes qui nous sont chères ? Les industriels et les start-ups sont en première ligne pour essayer de faire rimer innovation et prise en charge de nos aînés. Cet article paru sur le site de LCI propose de découvrir des inventions qui pourraient grandement améliorer la vie des personnes dépendantes.

Nous avons nous-même travaillé sur l’une d’elles : le pilulier connecté afin d’améliorer l’observance des traitements et lutter contre la iatrogénie (les erreurs médicamenteuses). D’après l’OMS « Résoudre le problème de la non-observance serait plus efficace que l’avènement de n’importe quel progrès médical ». De nombreuses autres innovations sont sur les rails : sols pour détecter les chutes, vêtements connectés, robots compagnons pour veiller sur nous et nous aider à garder contact, la téléconsultation, stimulations grâce à la réalité augmentée / virtuelle et bien d’autres. La french tech est en pointe et devrait sans doute être davantage accompagnée pour être leader sur ce besoin car le marché est énorme, surtout si on l’envisage au niveau européen. On pourrait aussi envisager qu’après évaluation, homologation et avec un suivi par un professionnel de santé certains de ces dispositifs soit pris en charge par la caisse primaire d’assurance maladie.

Dans une société en pleine mutation, la prise en charge de nos aînés n’a pas fini d’être au centre de nos préoccupations. Nous avons à plusieurs reprises essayé de comprendre à quoi pourrait ressembler la société de demain et comment nous y préparer. Nous sommes tous confrontés à un de nos proches qui doit affronter la maladie et les ravages de la maladie d’Alzheimer touchent de plus en plus de nos concitoyens. Les gouvernements seront-ils à la hauteur de ce défi qui va être un défi mondial ? Les nouvelles technologies vont-elles être la solution miracle pour la prise en charge de nos anciens ? L’avenir nous le dira… mais il nous semble que cette problématique devrait être prise avec autant d’urgence que celles du changement climatique ou de la révolution technologique : il en va de notre vie demain mais aussi de l’image d’une société qui sait prendre en charge ses aînés.

Et vous, qu’en pensez-vous ?