L’heure de la désillusion a-t-elle sonné pour les objets connectés ?
On assiste depuis quelques années à une lutte acharnée entre start-up et mastodontes du net comme Apple, Google et Amazon, qui cherchent à développer leurs produits et applications de façon tentaculaire. Grâce à leurs objets connectés et autres assistants vocaux qui se multiplient de façon exponentielle dans les foyers français, micros constamment allumés et en attente de vos instructions, webcam braquées sur vous, les géants américains nous facilitent la vie au quotidien mais récupèrent de nombreuses données qui peuvent parfois s’avérer sensibles… Derrière des discours qui se veulent rassurants, comment sont utilisées toutes ces informations récupérées par ces leaders du e-commerce, et sommes-nous vraiment protégés d’éventuelles dérives ?
Une gamme de produits toujours plus large
On connaît tous les assistants Google Home et Alexa (rejoints récemment par le Homepod d’Apple) qui nous permettent d’allumer et éteindre les lumières à distance, de lancer une playlist musicale depuis une plateforme de streaming ou de regarder un épisode de notre série préférée sur Netflix. On constate de plus en plus d’appareils connectés qui fonctionnent en corrélation avec ces intelligences artificielles. Serrures pour portes d’entrée, dispositifs d’arrosage, télévisions connectées,… Les applications sont multiples et nous sommes nombreux à nous lancer dans des petits programmes de domotique à l’aide de soft dédiés pour faciliter nos tâches quotidiennes d’autant plus que c’est ludique et que l’on s’attacherait presque aux réponses parfois amusantes de ces nouveaux compagnons (même si nous sommes encore loin, de HER ou de ce fameux épisode des Simpson – peut être bien l’un des meilleurs – avec la voix de Pierce Brosnan “Simpson Horror Show XII / Le Robot tueur UltraHouse 3000”).
Si on sait que Google et Amazon utilisent les données récoltées lors des interactions vocales avec leurs assistants virtuels, il semble que les deux entreprises deviennent plus exigeantes sur les informations demandées. Les fabricants de produits connectés doivent envoyer des flux d’informations continus et on peut se demander quelle utilisation va être faite de cette importante masse de données.
La maison connectée : Un risque pour notre libre-arbitre ?
Derrière ce qui peut sembler anecdotique, les possesseurs d’assistants vocaux ne sont pas naïfs et savent que leurs données sont utilisées, on peut néanmoins se demander jusqu’où ces nouvelles technologies influent sur nos habitudes de consommation. L’omniprésence de ces assistants dans nos vies n’est-elle pas en train de nous conditionner à répondre aux bons vouloirs de ces formes d’intelligence d’un nouveau genre ? Si l’utilisateur a un certain contrôle sur les informations collectées par l’enceinte vocale en sa possession (et encore, qui nous le prouve réellement ?), c’est beaucoup moins le cas en ce qui concernent les nombreux gadgets qui peuvent se connecter à ces systèmes. La politique de confidentialité des informations recueillies par ce biais sont beaucoup plus floues et ce n’est pas la politique actuelle menée par les deux maisons mères américaines qui vont nous rassurer. Des entreprises leaders sur le secteur des objets connectés, comme Logitech ou Hunter Fan Co font également part de leurs réserves sur la transmission de ces données brutes à Google et Amazon. Après tout, si on n’y prend pas garde, c’est comme inviter un espion dans notre maison qui observerait chacun de nos faits et gestes, avec la possibilité de les enregistrer à jamais. Le laisseriez-vous faire aussi facilement ? Loin de nous l’idée d’être alarmistes, mais il s’agit d’entreprises privées, américaines, presque sans contrôle ou surveillance malgré une activité devenue sensible et capitale, et dont le but est de faire du profit. Nous sommes en droit de nous interroger et de nous demander si la créature vertueuse qui était censée révolutionner nos vies ne serait pas sur le point de nous échapper ?
Les assistants vocaux, les objets connectés, les intelligences virtuelles que nous utilisons chaque jour ont pris une place importante dans notre société 3.0. Nous sommes les premiers à nous réjouir de ces avancées techniques et des bienfaits qui peuvent en résulter. Néanmoins, derrière l’apparente bonne humeur qui semble régner dans ces entreprises qui aiment mettre en avant leurs salariés autour d’un baby-foot ou en train de manger en repas vegan, n’y a-t-il pas une face cachée à ce nouveau monde qui s’offre à nous ? Les conditions de travail dans les Start-up qui les proposent ne sont pas toujours idéales, et c’est pas une piscine à balles qui va créer une bonne gestion et un bon management (on parle d’expérience). Et c’est pire encore lorsque l’on évoque les livreurs Amazon ou les chauffeurs Uber. La plupart des produits présentés au CES de Las Vegas ne sortent jamais. Quand ils sortent ils sont souvent “buggés à mort” (peut-on décemment imaginer la même chose dans d’autres secteurs, comme l’aéronautique par exemple ?). Et la plupart du temps la Start-up disparaît de la circulation. Quand son service est basé sur des serveurs distants dans le cloud, c’est la fin aussi de votre objet connecté acheté à prix d’or par rapport à son équivalent 1.0. Sans compter les problèmes de sécurité et l’absence parfois de mises à jour rapides pour les corriger ou s’adapter à l’évolution de la technologie. Si Apple est un bon élève avec un écosystème maîtrisé et surtout des mises à jour rapides et régulières de ces smartphones pendant plusieurs années (alors qu’elles sont rares côté Android selon le constructeur), il y a des bugs effrayants comme celui de FaceTime qui permettait d’entendre son interlocuteur avant que celui-ci ne décroche. Côté Amazon on peut aussi citer ces conversations envoyés à l’insu de ce couple (cela ne semble pas invraisemblable, ne vous est-il pas arrivé de voir votre assistant – quel qu’il soit – se réveiller sans raison pendant que vous parlez ?). Enfin on a appris récemment que l’alarme de sécurité NEST Secure contenait un microphone dont la présence n’était pas annoncée !
https://twitter.com/TestingPens/status/1094656248174104577https://twitter.com/emmbld/status/1094900807017877504 https://twitter.com/FabTechnoMelO/status/828614362361380864Are you confident in your USB cable?
— Sylvain Gamel (@sgamel) February 10, 2019
Have a look to this video.
That’s one reason to not use publicly shared USB charge station or any kind of USB device found on the ground. https://t.co/fh153Hr87T
Visiblement, le Mother de chez Sense (un appareil de @rafigaro) ne fonctionne plus faute de serveur. https://t.co/MX7H7KsFLb Chez moi, on appelle ça « Faire une Nabaztag » https://t.co/xc3mIOocmY
— Dandu. (@DandumontP) June 8, 2018
Wha?!?
— Tigger (Charlie) Kindel (@ckindel) February 20, 2019
"The on-device microphone was never intended to be a secret and should have been listed in the tech specs. That was an error on our part," the spokesperson said.https://t.co/P8GswKzWyx
Malgré une désillusion de plus en plus flagrante au fil des articles depuis la création de ce blog (partagée par celui que l’on considère comme la créateur du web : Tim Berners-Lee), nous pensons toujours que ces nouveaux outils sont révolutionnaires et préfigurent encore de grandes avancées, mais la prudence est de mise. Sans doute faudrait-il un meilleur contrôle par une organisation indépendante, semblable à notre CSA par exemple. Le manque d’acteur majeur européen est aussi en cause comme les alternatives aux GAFAM.
Notre côté cinéphile pourra être effrayé par quelques similitudes décrites dans Terminator de James Cameron ou 1984 de George Orwell… Afin de nous rassurer, nous préférons songer à la grande sagesse et à la foi en l’Humanité de l’humanoïde R. Daneel Olivaw du “Cycle des Robots” d’Isaac Asimov qui, malgré sa qualité de machine, fait plus pour le devenir des hommes que ces derniers.