Lorsque j’ai vu les affiches LE MAJORDOME dans les rues de Paris, j’ai été immédiatement intéressé, surpris néanmoins de n’en avoir pas entendu parler plus tôt.
Puis en lisant le synopsis j’ai su que je devais absolument le voir…
Avant d’aller plus loin :
- The West Wing (A la Maison Blanche) sur Et Dieu Créa Léa
- Commander in Chief sur Et Dieu Créa Léa
- Digne héritière de “The West Wing”, la dernière série HBO d’Aaron Sorkin, “THE NEWSROOM”, vous invite dans les coulisses d’un journal télévisé.
- House of Cards. Sombre Art de la Guerre 2.0 au Congrès américain, avec Kevin Spacey et Robin Wright. Une série Netflix, haut de gamme, diffusée en France sur Canal+.
- Lincoln. L’histoire du 13e amendement et du Président qui l’a porté, par Steven Spielberg.
- Scandal. Dans les coulisses de la Maison Blanche. Une série ABC bientôt à l’heure américaine sur Canal+ Séries. “Betrayal always has a price…”.
- Le Congrès. Robin Wright dans son propre rôle, entre animation et prises de vues réelles, avenir du cinéma et pure science-fiction.
Synopsis :
« Le jeune Cecil Gaines, en quête d’un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C’est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.
À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d’une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s’éloigne de lui et les disputes avec l’un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes.
À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l’évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l’assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des « Black Panthers », de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l’intérieur, mais aussi en père de famille… «
Le scénario de ce long métrage est inspiré d’une histoire vraie, relatée par Will Haygood, dans un article du Washington Post racontant l’histoire d’Eugene Allen, 89 ans, qui a été au service de huit présidents des années 50 jusqu’aux années 80.
Ce texte a été publié quelques jours après l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche, ce qui lui confère une aura toute particulière. C’est Amy Pascal qui en acheta les droits au journaliste dans le but d’en faire une oeuvre cinématographique. Sony qui avait une option sur le projet s’est finalement rétracté, ce qui a obligé la productrice Laura Ziskin a chercher d’autres financements auprès de plusieurs investisseurs.
Malheureusement Laura Ziskin disparaîtra des suites d’un cancer en Juin 2011, transmettant la production à Pam Williams.
La réalisation du film a été confiée à Lee Daniels qui a été impliqué très tôt dans le projet. Le casting est pour le moins prestigieux, mais ne le fallait-il pas pour incarner de telles personnalités, dont plusieurs Présidents des États-Unis, même si leurs rôles est ici secondaire ?
On retrouvera donc Forest Whitaker (parfait en Cecil) et Oprah Winfrey (étonnante !), mais également Yaya Alafia, Mariah Carey, John Cusack, Jane Fonfda, Cuba Gooding Jr., Terrence Howard, Elijah Kelley, Minka Kelly, Lenny Kravitz, James Marsden, Alex Pettyfer, Vanessa Redgrave, Alan Rickman, Liev Schreiber ou encore Robin Williams.
Le fils de Cecil, Louis, est incarné par David Oyelowo. Son personnage est essentiel dans l’intrigue en opposition à la vision de son père.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. On suit l’histoire américaine, celle du mouvement des droits civiques jusqu’à l’élection d’Obama, au travers des yeux de Cecil devenu majordome à la Maison Blanche, et qui est confronté à un fils qui a décidé de mener la bataille pour ses idéaux sur le terrain, là où la violence règne. Une scène avec le KKK est particulièrement dure… mais illustre sans doute parfaitement ce que beaucoup de noirs américains ont vécu à cette époque.
Si Cecil pense qu’il doit protéger sa famille du besoin et de cette agressivité, et qu’il doit prouver à ses employeurs qu’il est autant, voir plus capable qu’un autre pour acquérir leur confiance, Louis s’engage auprès de Martin Luther King puis Malcom X et les Black Panthers. Les deux hommes semblent donc inconciliables, à l’opposé l’un de l’autre, même si au final leurs idéaux sont peut-être les mêmes.
Ce qui rend Le Majordome si spécial c’est justement que c’est d’abord une film sur une famille, avant d’être un film d’Histoire.
D’autres évènements viendront aussi frapper cette famille. Tout d’abord l’absence de Cecil qui conduit à une certaine errance de son épouse Gloria.
Ils vivent assez mal que leur aîné soit militant, en ayant peur pour lui, comme pour leur cadet qui s’engage pour le Vietnam.
Une autre façon encore de servir son pays. Des trois, qui a raison ? Et si chacun à sa façon avait fait avancer la cause qu’ils défendent ?
Forest Whitaker parvient parfaitement à faire passer la force de son personnage quand il fait son travail, mais aussi sa fragilité face aux évènements… familiaux mais aussi historiques comme l’assassinat du Président Kennedy.
J’ai été séduit par ce film, tant par ses interprètes que par la pudeur avec laquelle cette histoire est contée. Il n’y a pas de violence excessive.
On s’attache aux personnages, on suit leurs trajectoires, en même temps qu’une histoire américaine tragique pour la communauté noire-américaine.
C’est heureux que j’ai vu ce film quelques semaines après Lincoln, qui bien que différent m’a permis de suivre le fil de cette lutte dont on ne connait finalement que les grandes lignes de ce côté de l’atlantique.
Enfin, j’ai été aussi ravi de voir les coulisses de la Maison Blanche mais d’une manière tout à fait inhabituelle, d’un point de vue tout à fait original.
La musique colle parfaitement à l’ambiance du film, elle est signée Rodrigo Leão.
En bref La Majordome est un film vraiment intéressant, que je vous invite à ne pas rater. Curieux qu’un studio comme Sony n’ai pas eu le cran de le porter… Dommage. Heureusement il a quand même vu le jour et a été distribué en France par Metropolitan Filmexport qui nous déniche assez régulièrement des petites perles du cinéma indépendant.
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