La franchise ‘Bourne’ des studios Universal reprend du service. Après l’excellente trilogie Bourne Identity (2002), Bourne Supremacy (2004), et Bourne Ultimatum (2007) qui ont été nommé en France La Mémoire dans la Peau, La Mort de la Peau, et La Vengeance dans le Peau, Universal nous présente The Bourne Legacy, autrement dit Jason Bourne L’Héritage.
Cette série de films est inspirée des livres de Robert Ludlum (qui en a écrit 3), puis de Eric Van Lustbader (qui en est déjà à 7). On peut donc s’attendre après Legacy à Betrayal, Sanction, Deception, Objective, Dominion, Imperative… ou pas. En effet si on retrouve la trame de départ de Jason Bourne et de Treadstone, les films ont pris un autre chemin. Tout d’abord parce que les livres sont très complet et l’intrigue complexe, ensuite parce que la publication originale date de 1980 (avec des références au Vietnam et à la Guerre Froide), et enfin parce que Matt Damon a décidé de ne pas poursuivre après la première trilogie. En tout cas Universal aurait déjà exprimé l’envie de continuer.
Je suis un fan de la première trilogie cinématographique, que j’ai revu très récemment afin d’écrire cette critique en l’ayant en tête. J’ai commencé à lire Robert Ludlum, mais manque de temps et ayant d’autres lectures en cours, celle-ci est malheureusement en pause. Mais je ne désespère pas.
Pour revenir sur la chronologie des évènements, Jason Bourne dont le vrai nom est David Webb, a été formaté afin de devenir un tueur sur commande pour le compte de la CIA pour un programme top secret portant le nom de code Treadstone qui sera suivi de Blackbriar. Alors qu’il a perdu la mémoire après une opération dans laquelle il n’a pas pu achever sa mission (à cause d’un enfant, et les livres révèlent que Webb s’est engagé dans cette voie car il a perdu sa famille), il tente de remonter jusqu’à l’origine de la création de Jason Bourne. On laisse la première trilogie là où le scandale éclate avec l’aide de Pamela Landy de la CIA.
Jason Bourne aurait pu continuer ses aventures mais Matt Damon, qui ne souhait travailler qu’avec le réalisateur des deux derniers opus (Paul Greengrass), a semble-t-il été écarté du projet comme il le dévoile lui-même. Apparemment il indique que ce n’est pas Universal qui aurait les droits exclusifs du personnage, et qu’il ne serait donc pas impossible de voir ce duo réaliser une suite.
Plus concrètement il a donc fallu que le scénariste Tony Gilroy, qui a déjà travaillé sur la première trilogie mais qui passe ici également réalisateur, poursuive l’intrigue mais avec de nouveaux personnages. Ainsi est né le programme « Outcome » dans lequel a été enrôlé l’agent Aaron Cross, interprété par le très demandé Jeremy Renner (Avengers et bientôt Hansel & Gretel)
Mission à haut risque car la force de la première trilogie réside dans la force de l’intrigue mais aussi dans le ressort dramatique du personnage même de Jason Bourne qui découvre malgré lui un passé très lourd avec lequel il veut rompre. Si on ajoute à cela la mort de Marie dans le second épisode, on tient un personnage complexe et attachant malgré la violence qui est en lui et dont il use par la force des choses.
Synopsis :
« Après les trois films dont Jason Bourne était le héros, on croyait tout connaître de son histoire et de son passé d’agent tueur malgré-lui. Mais l’essentiel restait à découvrir. Le programme Treadstone dont Jason était le cobaye n’était que la partie émergée d’une conspiration plus ténébreuse, ourdie par d’autres branches du gouvernement et mettant en jeu d’autres agences de renseignement, d’autres programmes militaires, d’autres laboratoires secrets…
De Treadstone est né «Outcome», dont Aaron Cross (JEREMY RENNER) est un des six agents. Sa finalité n’est plus de fabriquer des tueurs, mais des hommes capables d’assurer isolément des missions à haut risque. En dévoilant une partie de cette organisation, Jason laissait derrière lui un «héritage» explosif : compromis, les agents «Outcome» sont désormais promis à une liquidation brutale. Effacés à jamais pour que le «père» du programme, le Colonel Byer (EDWARD NORTON) puisse poursuivre ses sinistres activités.
Une gigantesque chasse à l’homme commence, et Cross, devenue sa première cible, n’a d’autre recours que de retrouver et gagner la confiance de la biochimiste d’«Outcome», Marta Shearing (RACHEL WEISEZ), elle-même menacée de mort… «
Ici la grande différence avec Treadstone c’est que les agents d’Outcome sont augmentés grâce à un traitement, façon Captain America, fantasme qui ne semble pas si irréaliste de nos jours tant médicalement que techniquement. Le Dr. Marta Shearing participe à cette expérience médicale qui met en jeu l’existence de 9 agents… qu’il faut maintenant liquider comme toutes les traces, dont elle fait partie. C’est de ce danger et d’un concours de circonstance qu’est née leur association…
Et puis il fallait bien un personnage féminin pour donner le change. Mais les ombres de Marie et de Nicky Parsons sont bien là, le dernier personnage pouvant aisément être développé d’avantage voir être central. Et on ne fait qu’apercevoir Pam Landy…
Il faut noter également dans le casting la présence d’Edward Norton dans le rôle de Byer, qui semble prêt à tout pour éviter de compromettre ses prochains projets, avec à ses côtés celui du cultissime Stacy Keach, plus mature et plus – me semble-t-il – sur la réserve.
Que dire donc sur ce film ? Est-ce qu’il est à la hauteur de la trilogie dont il se veut être la continuité ?
La toute première partie, en Alaska, est pour le moins déroutante. J’ai peine à imaginer qu’un agent sur-entrainé soit ainsi mis en difficulté. Et ces dialogues…
La seconde est beaucoup plus intense et forte, et permet de rentrer dans l’action, via Marta et les évènements qui lui sont liés. On retient son souffle à plusieurs reprises.
Ensuite tout s’enchaine, notamment les scènes d’action, et on se retrouve en effet en terrain connu de ce côté là. Le divertissement est au rendez vous.
Pour autant si j’ai passé un bon moment, il n’y a pas ici Matt Damon, mais à la place un inexpressif Jeremy Renner dans un personnage auquel j’ai eu du mal à m’attacher. Peut être avec le temps s’il y a effectivement des suites.
L’intrigue en elle-même sent la surenchère et un peu le « déjà vu » : « le programme est compromis alors je liquide tous le monde pour sauver ma peau et celle de mes supérieurs » (et de ma patrie pour me donner mon conscience). Au prochain film vous aurez le supérieur du supérieur… Si la thématique de « l’homme augmenté » est bien trouvée, il faudra nous trouver autre chose pour maintenir le suspense, car c’est la marque de fabrique de cette franchise.
J’ai aussi regretté l’absence de la musique de John Powell qui avait signé pour Bourne des morceaux d’anthologie ! James Newton Howard, qui a beaucoup de talent lui aussi, a été bon mais pas aussi percutant. Pourquoi donc changer le compositeur après le réalisateur ? La musique tient un rôle pourtant si important dans un film et notre inconscient aurait réagit à un style connu et identifié « Bourne ». Par contre on a gardé Moby… Ouf !
La seule question qui vaille est : est-ce que le film apporte quelque chose à la trilogie dont il prétend porter l’héritage ? La réponse est malheureusement non… Je pense que l’on est juste dans la mise en place de nouveaux personnages en espérant que la suite soit un cran au dessus.
Est ce que c’est un film à aller voir ? Oui pour un film d’action et un divertissement, et pour ne pas perdre le fil de la saga… Je crains malheureusement que les fans ne soient déçus. A suivre donc.