Cela n’aura échappé à personne, l’élection présidentielle 2012 s’est achevée hier par la victoire de François Hollande avec 51,67% des suffrages exprimés. C’est l’alternance.
Si cette victoire a été fêté à 20 heures dès l’annonce des résultats par les chaînes de télévision, les radios et les quotidiens nationaux, les internautes eux savaient depuis 18H voir bien avant pour les premières tendances.
Comme au premier tour ce sont nos amis belges et suisses qui ont assumés la communication de sondages sortis des urnes et de premières estimations en dénonçant la loi électorale hexagonale. Ici par exemple ce que l’on pouvait voir sur http://www.lesoir.be/ dès 14H30 !
Pendant ce temps là les chaînes de télévision françaises continuaient à commenter la terrine de poulet qu’a mangé François Hollande au déjeuner (Merci BFMTV), puis les chiffres de l’abstention. Heureusement ITélé a fait la démonstration d’une superbe table tactile (voir fin de l’article). Mais dès 18H on sentait chez les commentateurs et les journalistes, qui certains parlaient de #RadioLondres ou même évoquaient les résultats qu’ils connaissaient, une envie de dépasser cette hypocrisie.
Sauf que les sanctions sont lourdes : le 4 Mai 2012, la COMMISSION NATIONALE DE CONTRÔLE DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE EN VUE DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE et COMMISSION DES SONDAGES a rappelé dans un communiqué les règles applicables notamment que « La loi interdit, jusqu’à la fermeture des derniers bureaux de vote en métropole, le dimanche 6 mai 2012 à 20 heures, la diffusion par quelque moyen que ce soit de tout sondage réalisé à la sortie des urnes ou de toute estimation de résultats. » Elle menace également les particuliers internautes par cette phrase « Le respect scrupuleux des interdictions fixées par la loi, sous peine de sanctions pénales, s’impose non seulement à toutes les chaînes de télévision ou de radio mais, plus généralement, à toute personne qui, en utilisant un procédé de communication par voie électronique ou les réseaux sociaux, procéderait à une diffusion publique de sondages ou d’estimations de résultats. » Pour résumer les sanctions peuvent aller jusqu’à 75 000 euros d’amendes… (loi de 1977). Et comme le rapportait le journal Sud Ouest « Nous allons mettre en place une cellule de veille pour regarder ce qui se passe sur les réseaux », assure Jacques-Henri Stahl, rapporteur général de la Commission de contrôle. « Si nous relevons des irrégularités, les dossiers seront transmis à la justice. »
Pour contourner cette interdiction les utilisateurs de Twitter toujours inspirés ont créé le hashtag (mot clé) #radiolondres en référence aux messages codés de la seconde guerre mondiale. Ainsi de nombreux messages, souvent très drôles ont circulés tout au long de la journée, reprenant ou non d’ailleurs les fameux sondages et estimations. En voici quelques uns.
Pendant ce temps là, à la frontière Suisse : #radiolondres twitpic.com/9i2eo5
— Eli Curetti (@elicuretti) Mai 6, 2012
#radiolondres Tous ensemble, souhaitons un agréable vol pour Los Angeles à Mickaël Vendetta.
— K. Ivanovitch (@K_Ivanovitch) Mai 6, 2012
Et puis il y a les décalés (et le fameux Leclerc que j’ai vu plusieurs dizaines de fois sur ma timeline)
#radiolondres – Résultats définitifs : 25% « a voter », 25% « à voté », 25% « à voter » et 25% « a voté » -> 75% d’illettrés”
— arnaud (@arnaudmusik) Mai 6, 2012
Chez Auchan aussi, ils jouent à #RadioLondres : twitpic.com/9hbijh 🙂
— Jean-Roch Masson (@jyaire) Mai 4, 2012
« Avec Carla, tout allait bien dans mon couple jusqu’au jour où j’ai eu un petit problème d’élection » #radiolondres via @somebaudy
— ⌥ (@iLaurent) Mai 6, 2012
Aux Etats Unis par exemple les résultats sont connus au fur et à mesure et à l’heure de l’Internet, des réseaux sociaux, mais aussi du SMS et des chaînes en continue, notre loi semble totalement obsolète et irrespectueuse du droit à l’information et de la liberté de la presse. C’est à se demander en quoi la communication d’estimations pourrait fausser la sincérité d’un scrutin. C’est à se demander de quel droit certains privilégiés auraient le droit de savoir, alors que le citoyen non. Certains parlent de fermer tous les bureaux de vote à 20H pour éviter les estimations anticipées issues des premiers dépouillement. Mais quid des sondages effectués à la sortie des urnes ? Faut il les interdire ? Après tout ce sont les instituts de sondages, qui ont un business florissant autour des élections qui leur assure une importante promotion, qui les produit. Le vrai danger est, selon moi, la diffusion de « faux sondages » et de « fausses estimations » visant à induire le citoyen en erreur, mais c’est le risque créé par la situation actuelle. De toutes les façons le mouvement est engagé, et il serait illusoire que de ne pas en débattre pour réformer cette loi… Pire encore serait de voir les journalistes et les particuliers ayant utilisé #RadioLondres poursuivis en justice.
En tout cas assurément ce scrutin était, grâce à #RadioLondres un évènement connecté ! (voir également ma note sur #LeGrandDebat)
Et vous qu’en pensez vous ?