Souvent quand une recherche d’emploi s’enlise la solution miracle qui est proposée est de devenir entrepreneur (ou profession libérale). D’ailleurs gouvernements successifs ont assouplis les conditions jusqu’au récent statut d’auto-entrepreneur.
L’idée est tentante. Travailler pour soi-même, et prouver que l’on est capable. Développer ses idées et ne pas dépendre de personnes qui ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde que vous. Et pourquoi pas rêver de fulgurantes réussites dont on nous parle à longueur de journées. Après tout les grands d’aujourd’hui Apple, Google, Microsoft ou autres Facebook ont été créés de rien ou presque. Steve Jobs était dans son garage avec Steve Wozniak pour concevoir et vendre les premiers Apple, aujourd’hui il est à la tête d’une société qui a inventé le Mac, l’Ipod, l’Iphone et qui ne va pas s’arrêter là. Il est l’exemple par excellence ayant été viré comme un malpropre de la société qu’il a fondé, pour partir créer des sociétés qui lui ont permis plus tard de revenir triomphalement et de devenir l’un des principaux actionnaires de Disney ! (Le rêve américain à l’état pur).
Oui j’en ai rêvé moi aussi.
En 2002, après le rachat de la société pour laquelle je travaillais depuis 2 ans, j’ai été victime d’un premier licenciement économique. La folie des grandeurs des créateurs de start-up s’était bel et bien achevée sur un champs de ruines. Après plusieurs mois de recherches vaines et devant la frilosité des recruteurs à l’époque, j’ai décidé de créer ma propre SARL qui s’appellera c’était décidé : Au pied d’Yggdrasil. Mon créneau l’assistance informatique à domicile, pour rendre (et c’était mes slogans) « L’informatique à la portée de tous » et « Pour que l’informatique devienne un plaisir ».
C’est avec 1124 euros que l’aventure a débutée autant dire RIEN. Et là est certainement la première différence avec d’autres qui ont démarré avec 10 000, 100 000 ou des millions d’euros. Après plusieurs mois d’activité et de difficultés (même si le portefeuille client s’agrandissait, le temps était compté pour se faire une place) le capital de cette société a été augmenté et le business modèle a été modifié pour se consacrer à l’assistance informatique en ligne par email et sur des forums de discussion. Avec du recul du support client mais surtout du community management avant l’heure !
Du matin 9H au soir Minuit, je m’occupais de mon client et de ceux qui ont suivi. Peu à peu la situation s’améliorait et après 4 ans d’activité j’étais aux portes d’une seconde phase qui devait me permettre d’envisager l’avenir différemment. Mais la crise économique est passée par là (le nombre de défaillances en atteste), ainsi qu’une autre crise plus personnelle. La rude décision de tout arrêter et de revenir à un statut de salarié a été prise afin de sauvegarder l’essentiel. La décision était d’autant plus dur que l’avenir devenait souriant et que rien ne m’y préparait.
Avec du recul j’ai clairement identifié mes difficultés :
- L’absence d’associés aussi impliqués que moi.
- L’absence de fonds suffisants au départ pour investir ou en tout cas avoir le temps d’imposer notre modèle.
- La dureté des relations avec les différentes administrations qu’il faut savoir gérer en parallèle et qui polluent l’esprit et l’énergie d’un entrepreneur qui devrait se consacrer à son activité. Un associé dédié à cela n’est à mon sens jamais de trop.
Par ailleurs le statut de « Gérant non salarié » est particulièrement ingrat. Il ne serait pas inimaginable d’imaginer d’autres aides de l’Etat qu’une simplification administrative.
Par exemple :
- Exonération des charges sociales plus longue (au moins 5 ans pour passer ce cap) avec maintien de la couverture.
- Subventions les premières années d’activité. Après tout vaut il mieux payer le coût du chômage qui ne se résume pas qu’à l’indemnisation, ou un entrepreneur et potentiellement une future entreprise qui créera de la richesse et de l’emploi ?
Au final s’il faut dire s’il est si simple de créer sa société, et surtout de la pérenniser, je dirai évidemment que non. Les statistiques parlent d’eux même. Et peut être ces quelques lignes pourront guider de futurs entrepreneurs débutants comme je l’ai été.
J’en garde en tout cas une expérience qui m’a énormément appris et qui m’est très utile aujourd’hui. Comme on dit on apprend souvent plus de ses échecs (sans bouder ses succès). Par ailleurs mon approche de mon activité salariée est totalement différente et à n’en pas douter sur ce point là je sens que j’ai énormément évolué.
Enfin est ce que j’ai totalement perdu l’envie de me relancer dans une telle aventure : aujourd’hui oui. Il en sera certainement de même demain, et après demain mais si le projet, les personnes, et les moyens sont là, pourquoi pas « un jour ». Jamais dire « Fontaine je ne boirai plus de ton eau ».
Quelques souvenirs :
Je suis toujours admiratif devant ces expériences, cette liberté d’entreprendre qui se referme avec les obligations contractuelles des clients.
C’est bien de reconnaitre le confort d’être salarié. Tout le monde ne sait pas les difficultés d’être son patron.