portrait.jpgSébastien Lavalette est un ancien « Cast Member » de Disneyland Paris. Il revient pour « Papa Citoyen » et ses lecteurs sur l’expérience qu’il a connu pendant 8 ans. Cette interview sera publiée en 2 parties : « Travailler à Disneyland Paris » est la première que voici. J’ai volontairement mis en gras la fin de cette partie car cela m’a, en tant que Papa, beaucoup touché. 

  • Bonjour Sébastien. Merci de nous accorder cet échange. Peux tu te présenter pour nos lecteurs ? Quel est ton parcours, et comment t’es tu retrouvé dans l’aventure Disneyland Paris ?

Je m’appelle Sébastien Lavalette et j’ai 29 ans. Je suis né le 08 novembre 1980 à La Rochefoucaud en Charente et vécu mes premières année dans la petite commune de Roumazières (16). Ayant suivie le cursus scolaire habituelle dans le même département, j’obtins mon BEPC puis un BEP de secrétaire comptable. Cependant, passionné de théâtre, c’est au lycée, en classe amateur que je me perfectionne en montant et jouant des pièces de Labiche ou encore de Feydeau. De plus, non loin de chez moi, je participe chaque année au son et lumière du château de Peyras, faste de la région à cette époque. Après avoir essuyé l’échec du BAC, j’ai travaillé pendant près de 3 ans en grande surface sur des postes à responsabilité tel que chef de rayon mais me suis très vite lassé. Le salaire était plus ou moins conséquent mais le travail inintéressant au plus haut point. Passionné par les arts dramatiques depuis ma plus tendre enfance, c’est en 2002 que j’ai décidé de tout claquer pour monter tenter ma chance sur Paris.

A cette époque, c’est une connaissance qui me conseilla de postuler à Disneyland Resort Paris. J’ai envoyé un cv et une lettre de motivation. Avec ça quelques photos des différents spectacles dans lesquels j’avais joué. Quatre jours plus tard, j’obtins une date d’audition sur Paris. L’audition eu lieu à l’ANPE du spectacle (République). A la fin de celle-ci, tous furent remerciés et seulement deux personnnes eurent la chance d’avoir un entretien individuelle. Et quelle heureuse surprise, j’étais l’un des deux ..

Une semaine s’écoula avant que j’entre dans le monde magique et non moins luxuriant Parc d’attraction. J’avais l’honneur d’avoir été engagé en tant qu’Artiste de complément du département parade de Disneyland Resort Paris.

  • Es-tu au départ un fan de Disney ? Qu’y apprécies tu ?

Fan est un bien grand mot, mais disons que toute mon enfance fut bercée par les chefs d’œuvres de Walt Disney le plus beau pour moi étant incontestablement « La Belle est la Bête ». Non seulement ce dessin animée est superbe mais la morale y est d’autant plus surprenante. « Ne pas juger sur l’apparence mais sur la beauté intérieure qui se trouve en chacun de nous ». Il est cependant surprenant de savoir que ce dessin animée n’a rien à voir avec l’histoire originale qui elle, est plus qu’ennuyeuse.

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  • Combien de temps as tu travaillé pour DLP et qu’y as-tu fait ?

Je suis entrée à Disneyland en Janvier 2002 et ai quitté l’entreprise en Avril 2010. Huit années de bons et loyaux service au département parade. J’ai commencé en tant qu’artiste de complément en coefficient 175. A Disney, les statuts sont représentés par coefficients. Mon travail étant d’incarner un personnage Disney (selon ma taille) et de faire des apparitions « prévues » sur la parc afin d’aller au contact des guests (Les visiteurs). De là, photo et autographe en main, le rêve de ces chers convives ainsi exaucé, mes journées ne pouvaient se passer qu’agréablement bien. On a l’impression d’être les marchand du bonheur.

Puis en 2004, après une audition interne, j’obtins le coefficient  220 (Artiste interprète parade). Ce coefficient me donnant accès à la parade elle même, grand défilé magique de 16h. Sur la parade, je suis passé par à peu prêt tout les postes, personnages, « face character », danseurs, drivers (conducteur de chars), Guide parade …

Ce nouveau coefficient me donna également accès aux auditions internes afin d’intégrer les équipes des différents spectacle du parc.

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  • Qu’est ce que tu aurais éventuellement voulu faire mais qu’il ne t’a pas été accordé ?

Vers la fin de mon expérience professionnelle à Disney, fatigué de la parade et de mes rôles, j’ai postulé afin d’intégrer le bureau Characters-1. C’est le bureau qui gère et attribut les rôles journaliers de chaque employé de la parade, entre autre chose… Le poste m’a donc été refusé.

  • Quelle préparation/formation as-tu reçu de la part de DLP ?

Au cours de ces huit années, j’ai suivi différentes formations, avant tout, la première, obligatoire pour chaque Cast member (membre du casting) de la parade, la formation personnage et parade au cours de laquelle on vous apprend à incarner les divers personnages qui vous sont alloué. Puis la formation gestes et postures afin d’exécuter son travail dans le bien être. La formation ACC (accompagnateur de personnages) qui vous apprend à être en quelque sorte le garde du corps des personnages. La formation « Face Characters » (personnage incarné avec votre vrai visage). La formation driver (conducteur de char parade). La formation guide parade qui vous apprend à préparer votre unité de danseur et à éviter que votre char ne se vautre littéralement dans les décors du parc au cours de la parade de 16h. La formation Dispatch qui vous apprend à gérer et préparer une équipe de driver avant, pendant et après une parade. Et pour finir, la formation incendie et sécurité (en cas d’incendie ou d’accident sur le parc).

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  • Lorsque l’on signe des autographes a-t-on conscience des parents indélicats ?

Bien sûr, deux options, la première, le Guest se présente à vous agréablement, vous demande poliment de signer son carnet puis vous demande de poser pour la photo souvenir. Là le charme opère et le sourire qui envahie le visage de vos nouveaux amis vous procure une grande joie et une énorme satisfaction, vous vendez du rêve et vous le faites bien.

La deuxième option, le Guest vous agrippe et vous met le carnet d’autographe dans la tête, un peu comme si vous saviez ce que l’on attend de vous. Durant la signature, il en profite pour vous balancer deux trois coup dans la tête pour voir en quel matière est fait votre costume. On vous tire, on vous pince et pour finir, afin de voir si vous êtes vraiment bien protégé à l’intérieur, on vous envoie deux trois coup de pied bien placés. A la fin, vous prenez la pose photo, plus qu’agacé et maudissant ces derniers mais toujours dans un calme Olympien. Et oui, bien qu’impoli, ce Guest aura tout comme le premier la chance d’avoir sa photo et son autographe. Il a payé pour ça et vous êtes payé pour le faire rêver. J’ai eu beau parcourir mon contrat de travail, je n’ai pourtant jamais trouver la clause qui stipulait qu’il fallait que j’en prenne plein la poire et ne rien dire ! C’est une habitude à prendre.

Heureusement, ces visiteurs ne sont qu’une minorité. Je ne garde que les bons souvenir de mes apparitions en personnages.

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  • Lors de ce contact avec le public ou lors des parades a-t-on le temps de penser et de voir les réactions du public et notamment celle des enfants ? Est-ce que cela a eu de l’importance pour toi ?

La plus grande satisfaction d’un personnage est de voir le visage de ces chérubins s’illuminer avec dans leurs yeux l’expression du rêves qui se réalise, mais aussi l’admiration, la tendresse, l’amour pour certains. D’autant que je m’en souvienne, les plus beaux visages sont ceux des parents en admiration devant leurs enfants se faisant cajoler par ses peluches toutes plus mignonnes les unes que les autres. Certains repartent en vous disant merci et en vous embrassant, les yeux encore humide d’un souvenir qui leur restera à jamais gravé. C’est là, la vrai magie pour vous, non content d’avoir rempli votre tâche à bien, vous avez en deux minutes apporté du bonheur et de la joie à quelque uns. Le soir venue, une fois la tenue civile retrouvée et traversant le parc pour m’en retourner chez moi, j’ai souvent recroisé et reconnu certaines de ces famille qui elles, bien entendu, n’avaient aucune idée de la complicité que nous avions eu quelques heures auparavant. On a alors l’impression d’être le justicier caché qui répand de l’amour sans que personne n’en sache rien.

Retrouvez la suite de cette interview d’ici quelques jours et découvrez quelques anecdotes ainsi que ce que fait maintenant Sébastien dans le domaine du spectacle.