8,5 millions de téléspectateurs ont pu regarder le téléfilm « L’Emprise » il y a quelques semaines. Si je n’ai pas pu en être, je voulais absolument le voir et la sortie DVD en est une excellente occasion.
L’Emprise traite d’un sujet de société très préoccupant, et je savais qu’il allait me toucher. Plus que ça il m’a bouleversé. Et comme vous le savez maintenant, ça me fait plaisir lorsque la télévision fait l’effort de produire un film de qualité, et que celui-ci atteint son premier objectif.
Scénarisé et réalisé par Claude-Michel Rome, il est librement inspiré du livre « Acquittée » écrit par Alexandra Lange qui y raconte son histoire. On pourrait se dire qu’ici les faits seraient volontairement plus dramatiques qu’ils n’ont été … Pourtant, ses avocates ont récemment réagit dans Télé Star en indiquant qu’il y avait une
Cela fait froid dans le dos. On connait les chiffres « la violence conjugale touche une femme sur 3 au cours de sa vie » et « En France 150 femmes meurent chaque année sous les coups de leurs conjoints ». Mais quoi de mieux qu’un film pour nous prendre aux tripes et réveiller les consciences sur ce qu’il se passe dans tant de foyers, véritables huis clos où se déroulent ces drames.
Surtout que L’Emprise est non seulement bien réalisé, avec une bande son réussie, mais en plus les acteurs qui incarnent les différents personnages sont juste épatants. Fred Testot tient là le rôle à contre-emploi qui montre l’étendu de son talent (et chaque acteur « comique » le recherche). Le prédateur qu’il fait vivre à l’écran est effrayant. Bien sûr Odile Vuillemin, qui est Alexandra Lange dans ce film, est elle-aussi impeccable. Enfin, on notera la présence des excellents Marc Lavoine (l’avocat général) et Sam Karmann (le père).
Dès le début on sait qu’Alexandra Lange tuera son conjoint. Cela permet de suivre alternativement le procès et les flashbacks durant lesquels on imagine bien qu’elle ou les témoins racontent.
On suit médusés la trajectoire de cette jeune femme qui rencontre un bad boys pour lequel elle craque. Il a déjà eu des enfants, et elle n’apprend que trop tard pourquoi il ne les voit plus. Rapidement il la frappe, et l’horreur monte progressivement jusqu’à ce qu’il s’en prenne aux enfants et menace de tous les tuer.
Les proches sont impuissants (le père et sa meilleure amie semblent tenter quelque chose mais se résignent lorsque la jeune femme prend la défense de son mari), les voisins observent sans rien dire, les psychiatres passent complètement à côté et les autorités ne font rien. Et on sait tous que c’est comme ça et que la société française n’agit que lorsque c’est déjà trop tard ce qui fera dire à l’avocat général :
« Personne n’a bougé, la société n’a pas bougé, jamais ». « Cette société que je représente et qui vous demande pardon ».
Ce qu’il est plus difficile de comprendre quand on est à l’extérieur c’est : pourquoi est-ce qu’elle ne réagit pas. Le film apporte des éléments de réponse, et j’imagine que le livre plus encore. L’amour d’abord, puis la peur, et surtout les enfants. L’engrenage et l’emprise.
Car il s’agit de violences physiques mais il ne faut pas oublier la violence et la manipulation psychologique. Cette dernière est dévastatrice et se vit au sein des couples (mais aussi au travail). Le manipulateur l’isole de ses proches, l’empêche de passer son baccalauréat puis de travailler, puis menace de se suicider (ce qu’il ne fait évidemment pas), avant de menacer de s’en prendre aux proches et aux enfants.
« Maintenant chaque fois que tu m’emmerdes c’est tes mômes qui morflent. Maintenant je vais être pire ».
Et puis, on le voit bien ici, il y a le sentiment de honte. A sa fille aînée qui assiste au procès elle dit :
« Et toi avec tout ce que tu as entendu, tu dois avoir honte de moi ».
Autre scène qui m’a marquée, celle qui se passe juste avant le verdict dans cette église entre mère et fille.
« Et lui tu crois qu’il me pardonnera ? »
« S’il existe, c’est lui qui devrait te demander pardon. Tu es une mère courageuse qui nous a sauvé ».
Le réalisateur cherche-t-il à nous dire qu’outre la société, Dieu aussi l’aurait – jusqu’alors – abandonné ?
Si le dénouement ici, après ce cauchemar, annonce une reconstruction, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un cas unique et que, trop souvent, ce sont les femmes qui succombent sous les coups.
Il faut aussi rappeler que la violence conjugale peut aussi avoir lieu dans l’autre sens, et on en parle trop peu, et que celle-ci n’est pas forcément physique mais aussi psychologique comme je l’ai dit plus haut.
Merci à TF1 de nous avoir proposé ce film, et je vous conseille évidemment de le voir. D’ailleurs, au vu de sa qualité, il est presque dommage qu’on n’ait pas pu le visionner préalablement en salles (chanceux sont les journalistes qui ont du le voir dans ces conditions).
Mais préparez les mouchoirs, car il y a des scènes juste insoutenables.
Et vous qu’en pensez-vous ?
Une gifle c’est déjà de trop ! Il faut réagir très vite. Ne pas se laisser envahir par ses sentiments. Il n’y a pas d’amour quand il y a violence. Il ne faut pas oublier même si ce n’est pas le sujet, la violence que subisse les enfants. Certains pays dans le monde où il n’y a même pas de justice pour que les femmes puissent se défendre. Il y a également des hommes qui sont battus et de la violence entre jeunes. La violence est partout même dans le métro, un mot de trop. Comment faire pour lutter contre cette violence qui date, c’est de se barrer après la première gifle , tant qu’il est encore temps !
Il n’y a pas de mot pour qualifier ce film tellement il est bien fait même si je n’ai pas réussir à le regarder en entier tellement certaines scènes sont insoutenables !
Et j’espère que cela va délier les voix de ces femmes battues et qui mérite que nous les aidions !