Cette note va vous sembler étrange, presque en opposition dans sa forme à son sujet. En effet, alors que vous savez que j’utilise des produits Apple depuis le fameux Performa 5200 (que Jobs devait détester, avant l’arrivée des iMac et iBooks), et que j’utilise énormément mon iPhone et un iPad, j’ai lu la biographie de Steve Jobs très tardivement… en livre de poche ! Avantage : le plaisir du papier. Désavantage : Difficile de partager facilement des passages et des notes. C’est aussi parce que je ne comprends pas la tarification appliquée aux livres numériques, plus chers en France que leurs équivalents papiers, que je lis du coup moins sur la tablette numérique.

C’est le film Jobs qui m’a donné envie de me replonger dans la vie du co-fondateur d’Apple. Je savais ce long métrage très superficiel et ne pouvait en rester là… Surtout qu’il n’aborde pas du tout les époques NeXT et Pixar.

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La vie d’un génie. Aux éditions « Le Livre de Poche ». Couverture.

Avant d’aller plus loin :

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Quatrième de couverture

Résumé de l’ouvrage :

 » À partir d’une quarantaine d’interviews exclusives et de multiples rencontres avec sa famille, ses proches, ses collaborateurs, ses amis comme ses adversaires, Walter Isaacson a reconstitué d’une façon magistrale et passionnée la vie, l’oeuvre et la pensée du fondateur d’Apple, l’un des plus grands innovateurs et visionnaires de notre époque. « 

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« Rares sont les PDG qui gaspillent leur temps dans des échanges avec des blogueurs. Jobs a le mérite de briser l’image du grand dirigeant américain, et pas seulement parce que son entreprise créé des produits hautement supérieurs aux autres. Lui ne cesse de bâtir et rebâtir sa société autour de principes solides sur la vie numérique… « 

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 » J’étais heureux à l’idée de promouvoir un journalisme de qualité, me confia-t-il plus tard. On ne peut pas compter sur les blogueurs pour nous informer. On a plus que jamais besoin d’analyse et de recul critique. Alors j’aimerais trouver le moyen d’aider les gens à créer des produits numériques et à gagner de l’argent. »

Steve Jobs était un personnage complexe, plein de contradictions.

Il est évident que l’auteur de la biographie, encouragé par Steve Jobs, a souhaité le décrire le plus précisément possible, souvent à force de citations. L’ouvrage est passionnant et se lit comme un roman.

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« Les fous, les marginaux, les rebelles, les anticonformistes, les dissidents … Tous ceux qui voient les choses différemment, qui ne respectent pas les règles. Vous pouvez les admirer ou les désapprouver, les glorifier ou les dénigrer. Mais vous ne pouvez pas les ignorer. Car ils changent les choses. Ils inventent, ils imaginent, ils explorent. Ils créent, ils inspirent. Ils font avancer l’humanité. Là où certains ne voient que folie, nous voyons du génie. Car seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent »

Les sujets abordés tout au long des 925 pages vont de son enfance, à sa rencontre avec Wozniak, ses aventures chez Atari mais aussi en Inde, le LSD, son régime alimentaire draconien, l’Apple I puis l’Apple II, ses amours, sa fille Lisa et ses autres enfants, Xerox, le design, le Macintosh, Sculley, Gates, NeXT, Pixar, Toy Story (et les relations compliquées avec Disney !), la campagne Think Different, Ive, l’iMac, les Apple Store, le foyer numérique (de l’iTunes à l’iPod), l’iTunes Store, son cancer, l’iPhone, l’iPad, le nuage … Je pensais en connaître beaucoup sur Steve Jobs, j’ai pourtant appris énormément de choses grâce à cet ouvrage.

Le fameux champ de distorsion de la réalité est évoqué à plusieurs reprises dans les différents témoignages. Comme son tempérament difficile, avec une absence flagrante d’empathie.

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« Jobs était-il plus intelligent que le commun des mortels ? Non, en tout cas pas notablement. Mais il était un génie. Son imagination était instinctive, imprévisible et, par moments, fulgurante. Jobs était un « génie-magicien », pour reprendre les termes du mathématicien Mark Kac … »

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« La saga de Steve Jobs incarne le mythe de la Silicon Valley : le lancement d’une petite société dans le garage pour aboutir à l’édification d’un empire technologique. Jobs n’était pas un inventeur au sens strict, mais un maître pour mêler les idées, art, et technologie et ainsi inventer le futur… »

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« L’éclatement de la bulle Internet avait forcé d’autres sociétés technologiques à réduire leurs dépenses en matière d’innovation : Alors que tout le monde coupait les crédits, nous avons décidé d’investir au coeur du déclin. On allait dépenser de l’argent pour la recherche et le développement, inventer un tas de nouveaux trucs, pour qu’au moment de la reprise, on soit en tête… »

On parvient donc à dépasser le statut d’icône, mais cette lecture est aussi à conseiller aux trolls anti-Apple qui racontent tout autant d’âneries que les purs et durs.

Je me suis demandé si j’aurais apprécié travailler avec Jobs. Evidemment les projets dont on parle en font rêver plus d’un, et cette société a une aura qui donnerait envie à n’importe quel communicant. Mais il fallait supporter non seulement ce niveau d’exigence mais aussi les colères du patron ! On ne peut pas dire qu’il ai été un manager d’exception même s’il savait tirer le meilleur de ses équipes. Il était aussi plutôt élitiste et obstiné… ce qui peut être qualifié de qualités comme de défauts en fonction des circonstances. Quoiqu’il en soit j’adhère à sa conception d’intégrer matériel et logiciel de façon harmonieuse.

Ce qui me dérange le plus c’est de voir la relation qu’il a pu avoir avec ses enfants, en particulier avec sa première fille Lisa qu’il a abandonné (avant de la retrouver plus tard…) comme il le fut lui-même puisqu’il a été adopté.

Il est possible aussi que j’aurais été en contradiction totale avec sa vision des blogueurs, quoiqu’il devait les lire car il répondait à leurs emails de temps à autres, même si c’était souvent d’une façon lapidaire. Tim Cook vient seulement d’ouvrir son compte Twitter, preuve de quoi ce n’est pas vraiment dans les gênes d’Apple. J’espère que cela évoluera avec le temps (Phil Schiller m’a bien répondu une fois sur Twitter). Pas étonnant que le point faible de la société ai été justement les réseaux sociaux (on se souvient de l’échec de Ping).

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 » En fait, le secteur des manuels scolaires était le prochain grand domaine que Jobs voulait transformer. Il pensait que cette industrie d’une valeur de huit milliards de dollars était mûre pour la révolution numérique. À ses yeux, il était incroyable que tant d’école de disposent pas de casiers, pour des raisons de sécurité, de sorte que les écoliers traînaient de lourds cartables toute la journée. « 

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« Il désirait aussi fortement mettre en oeuvre pour la télévision ce qu’il avait fait pour les ordinateurs, les lecteurs de musique et les téléphones : proposer des appareils simples et élégants. J’aimerais créer un service de télévision intégré au fonctionnement aisé. Il se synchroniserait avec tous vos appareils et avec iCloud… »

Mais on ne peut pas ignorer ce qu’il a fait. Il a su être à l’intersection de l’art et de la technologie tant sur le design que sur les révolutions auxquelles il a grandement participé. Un ordinateur permet aujourd’hui de créer toutes sortes de contenu. Pixar est l’exemple même de l’informatique au service de l’animation et du cinéma !

De la même manière il a su allier l’esprit contestataire de l’époque avec le message véhiculé par Cupertino.

On ne peut pas non plus passer sous silence l’image qu’il a donné à ses sociétés en particulier Apple, ni ses Keynote avec ce sens inné du spectacle.

Je retiens aussi qu’il agissait beaucoup par instinct et suivait la plupart du temps ses intuitions. Il a pu se tromper, mais n’est ce pas le propre des autodidactes ? (qu’il était de fait d’une certaine manière …même s’il a poursuivi ses études et son apprentissage … à sa façon).

Bien sûr il a vécu sur le lieu où se jouait tout ce bouillonnement technologique, ce qui est déjà une grande opportunité… qu’il fallait saisir ! C’est comme les bonnes rencontres, les choix que l’on peut faire, l’énergie que l’on met dans ses projets … La vie en somme.

Quant aux dernières pages elles sont marquées par son combat contre la maladie… et son décès prématuré. Quel héritage laissera-t-il ?

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 » Il est étrange d’accumuler toute cette expérience, et un peu de cette sagesse, pour que tout s’évanouisse brutalement. Alors j’ai vraiment envie de croire que quelque chose perdure, peut-être notre conscience » Il demeura silencieux un long moment. « Mais d’un autre côté, peut-être que c’est comme un interrupteur on/off. Clic et plus rien ! « 

En bref un livre à posséder absolument si vous aimez les nouvelles technologies et ce type de biographies. En aucune manière ce livre n’est destiné qu’aux fans d’Apple et de Pixar, même si ces derniers y trouveront sans aucun doute leur compte. J’aimerais d’ailleurs trouver un ouvrage en français d’une qualité similaire autour de Walt Disney (si vous avez des suggestions).

J’attend avec impatience l’adaptation d’Aaron Sorkin, le scénariste que j’apprécie tant.

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Sans Pixar Léopoldine n’aurait pas ces jouets Toy Story achetés à Disneyland …

Et vous qu’en pensez-vous ?