En cette fin d’année, j’avais envie de réagir à ces articles, souvent polémique autour de la famille sur les réseaux sociaux et internet en général. Beaucoup de choses sont dites, parfois scandaleuses ou caricaturales, mais aussi souvent intéressantes. L’occasion de démêler tout ça, et donner mon avis de papa blogueur, de community manager, après en avoir discuté avec les filles autour de notre expérience du Revo-Rama, notre podcast vidéo.

Une autrichienne porte plainte contre ses parents

On le sait, les médias généralistes aiment les histoires extrêmes pour s’intéresser aux sujets de société, et ont souvent peu de temps et d’expertise pour les traiter en profondeur. Comme le rapporte Mashable et France 24, « Une Autrichienne porte plainte contre ses parents pour toutes ses photos d’enfance postées sur Facebook ». Mais comme toujours, et comme le raconte la plaignante, ces parents là étaient dans l’excès et la caricature de ce qu’il ne faut absolument pas faire :

« Ils étaient sans honte et sans limites, ils s’en fichaient de savoir s’il s’agissait d’une photo de moi aux toilettes ou de moi couchée dans mon berceau, toutes les scènes de ma vie ont été photographiées et rendues publiques ».

À qui cela ne semble pas évident que poster des photos que l’on aimerait pas voir posté de soi-même sur les réseaux sociaux peut-être dégradant et dévastateur ?

D’après Numerama, l’Australie invite même à moins médiatiser les enfants sur les réseaux sociaux. Là encore en citant un exemple douteux « mettre une photo avec ses enfants sur Tinder ».

Dans la même veine, sous un titre un peu putaclic « Chers parents, arrêtez d’afficher vos enfants sur les réseaux sociaux », Konbini énonce quelques évidences en citant une étude d’une université du Michigan (toujours pratique, on trouve toujours une super étude sur internet pour énoncer quelque chose) :

Sauf que la règle “On ne poste rien sur moi sans me demander la permission” n’est pas vraiment respectée par les parents, et les chercheurs constatent que les enfants se sentent “très concernés” à ce sujet. » 249 adultes et mineurs, et ces derniers, âgés de 10 à 17 ans, se sentent mal à l’aise à l’idée de voir une photo d’eux dans une mauvaise posture, prise par leur papa ou leur maman, terminer sur les réseaux sociaux.

Au final « Maman pour la vie » nous rappelle que c’est une tendance initiée par les stars de Beyoncé à Mark Zuckerberg, le patron de Facebook lui-même.

Rappelons également qu’il n’y a pas que les photos, mais aussi les blogs avec des expériences partagées, parfois intimes, sous forme de textes.

Un parent sur trois se déclare très inquiet quant à l’usage des réseaux sociaux par ses enfants

Ce panel permet de faire ressortir cinq tendances qui se dégagent parmi les parents : les pédagogues, les inquiets, les fatalistes, les optimistes et les réfractaires. Un parent sur trois se classe dans la catégorie des inquiets. Personnellement je préfère être pédagogue, mais aussi optimiste sur le rôle des réseaux sociaux s’ils sont bien utilisés… Cela m’évitera d’être inquiet et donc passif par rapport à un phénomène et des outils qui sont aujourd’hui incontournables.

Les jeunes maîtrisent mieux les paramètres de confidentialité que leurs parents

Mais au final, contrepied intéressant de Guillemette Faure pour RTL, ils n’ont peut-être pas tant de raisons de cela de s’inquiéter car les jeunes maîtriseraient mieux les paramètres d’affichage de leurs publications et les nouveaux réseaux sociaux éphémères que leurs parents.

L’apprentissage d’une nouvelle forme de grammaire

Article intéressant sur Le Temps avec une citation d’Olivier Glassey, sociologue à l’Université de Lausanne et spécialiste des réseaux sociaux, qui m’a semblé très pertinente.

C’est même l’apprentissage d’une nouvelle forme de grammaire: «Ces enfants essaient de transformer leur activité de spectateur en producteur, passer d’une attitude passive à proactive, ce qui est formateur. 
Ils apprennent aussi à maîtriser les codes communautaires. Si les règles d’anonymat sont respectées, et que les parents surveillent les commentaires, c’est intéressant. On peut même les aider à réfléchir à ce qui se montre sur les réseaux et ce qui reste privé. D’ailleurs YouTube m’inquiète moins que Periscope, cette appli de vidéos en direct qui ne laisse aucun temps à la réflexion, et encourage les débordements ados…»

Voilà la pédagogie recherchée, l’apprentissage de ce nouveau monde qui s’ouvre à nous, et je suis certain que celui-ci est réciproque, les enfants / adolescents apprenant autant aux parents que l’inverse. Même quand, comme moi, le Papa est Chef de projet web et Community Manager depuis presque… 20 ans.

Je dois dire aussi que ce phénomène s’est amplifié avec les réseaux sociaux, mais que enfant et adolescent j’ai moi-même créé mon propre fanzine afin de m’exprimer. Pour les enfants et les ados les plus créatifs c’est intéressant.

Comme le dit Léopoldine, cet article aurait aussi pu s’appeler « Faut-il avoir peur de Studio Bubble Tea ? »

Ce qui retient surtout l’attention, ce que je disais en introduction à propos de cette jeune autrichienne, ce sont les excès et les caricatures. Au début je me disais « Studio Bubble Tea », ils font, comme nous, des vidéos en famille et je ne comprenais pas ce déferlement et ce bad buzz (qui leur fait une certaine notoriété car ils sont même passé sur TF1 au JT). Puis en m’intéressant à eux je me suis rendu compte à quel point nous n’étions pas du tout pareil et dans une démarche totalement différente. 

Comme le rappelle Influenth.com elles ont entre 3 et 8 ans (très jeune donc au moins pour l’une d’elles), et générèrent une audience importante. Aujourd’hui 711 939 abonnés pour plus de 723 millions de vues. Cela laisse songeur, et créé sans doute quelques jalousies (nous on est contents quand on est entre 10 000 et 50 000 vues pour une vidéo). C’est d’autant plus étonnant, car comme le dit Léopoldine après avoir vu quelques extraits « Cela n’explique rien, n’apporte rien, et le gars il fait juste l’idiot derrière la caméra car il ne montre presque jamais son visage ». Une analyse que je partage.

20 minutes aborde la question des revenus de cette chaîne et d’autres sur le même créneau.

« Démo Jouets » expliquait toucher 80 centimes d’euros pour 1.000 vues, « soit environ, 5.000 euros par mois » pour un budget mensuel d’achats de jouets de 500 euros.

C’est assez impressionnant alors que de nombreux vidéastes ont du mal à monétiser leurs créations, sur un Youtube pas très généreux. Et c’est sans compter sur Robocopyright, système automatique de Google, qui trouve toujours une raison de faire monétiser vos vidéos par quelqu’un d’autre car il y a un bout de musique d’une bande annonce ou diffusée là où vous vous trouvez …  Tant mieux s’ils y arrivent, mais il ne faudrait pas que dans l’inconscient collectif on considère que c’est un cas général, car c’est plutôt le contraire, et ce n’est pas qu’une question de talent (comme tout, The West Wing a certainement fait moins d’audience que Joséphine Ange Gardien et on sait où est la qualité).

On sait aussi que c’est un travail important, mais là encore il y a une question, posée ici sur Mediapart, qui revient sans cesse et qui semble légitime. Le travail acharné qui leur est imposé pour produire une vidéo par jour. Il y a une routine contraignante et une rémunération puisque le père affirme vivre de cette chaîne. Une vidéo par jour c’est juste énorme, alors que pour le Revo-Rama on sort entre 2 et 3 productions par mois. Elles font comment pour trouver du temps pour s’amuser et se détendre après l’école ?

Mais personne ne répond à la question que tous le monde se pose : Il est fan de Saint Seiya le père de Studio Bubble Tea ?

Le Revo-Rama

Notre projet à nous c’est le Revo-Rama, on a commencé par le podcast, où les filles n’apparaissaient pas. Puis à 8 et 10 ans (l’âge de raison ?) elles ont conçu avec moi le Revo-Rama. On en discutait beaucoup durant les trajets de trains pour savoir ce que l’on voulait faire et comment.

Voici quelques points qui me semblaient importants de respecter et à rappeler :

  • C’est un projet familial, conçu ensemble. Des souvenirs connectés.
  • Elles arrêtent quand elles veulent, quand le plaisir ne sera plus là ou quand cela deviendrait une contrainte.
  • Les résultats scolaires doivent être au rendez-vous, et elles ne doivent pas être fatiguées ou lassées.
  • 90% du travail est effectué par moi (je filme la plupart du temps, effectue le montage, l’encodage, la publication, la rédaction de la note de blog … sous leur supervision elles regardent le résultat final, me donnent leur avis, avant d’effectuer le commentaire voix-off)
  • On choisit les sujets ensemble : Les chiens ne font pas des chats. Elles réclament Disney, mais aussi Star Wars, Star Trek, les super-héros Marvel ou DC Comics, de lire des mangas. Elles regardent Netflix ou Anime Digital Network plus que la télévision. De la même façon elles s’intéressent à la programmation (on en parlera bientôt dans un Revo-Rama), à Internet, aux objets connectés.
  • Elles apprennent beaucoup : de la communication à la maîtrise de leur image, de la création de contenu pour le web et les réseaux sociaux, de la technologie …
  • Elles développent leur esprit critique (n’en déplaise parfois à Disney 😉 ). Elles disent ce qu’elles aiment, et ce qu’elles n’aiment pas. Et ensemble on essaye d’apporter une vraie analyse constructive.
  • Elles profitent de quelques sorties événements et de jeux, qu’elles n’auraient pas autrement.
  • Mon visage et mon identité est connue. Je blogue depuis 2002.
  • Le Revo-Rama ne génère pas de revenus, s’il y a de la publicité c’est à cause de Robocopyright. On insère juste Rêves Connectés et Souvenirs Connectés, car il s’agit aussi de mon savoir-faire de Community Manager / Chef de Projet Web.

Je ne suis pas un papa parfait. Je suis sans doute un papa solo peu ordinaire, mais nous sommes de plus en plus nombreux à nous investir dans un projet familial et ça c’est bien. L’un des nôtres c’est le Revo-Rama pour lequel nous avons encore de beaux projets, de voyage notamment. 

Et vous qu’en pensez-vous ?

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Le Revo-Rama sur YouTube