Alors que mes filles déballaient fièrement leurs cadeaux de Noël très vidéo-ludiques (les packs aventures Disney Infinity, une Nintendo 2DS pour la plus jeune, quelques jeux …) je découvrais un nouveau logiciel maintenant disponible sur Mac OS X : OpenEmu.
Le principe de l’émulation n’est pas nouveau : il permet à un ordinateur ou à une console de jeux moderne d’imiter le comportement d’un ou plusieurs systèmes de jeux d’ancienne génération.
Les amateurs de « rétro-gaming » dans mon genre en sont sans doute la cible principale, mais d’autres utilisations semblent en être faites : la création de jeux pour ces anciennes consoles (qui ne nécessitaient pas forcément la mobilisation de plusieurs millions de $ comme aujourd’hui) et la modification de jeux existants (hacks).
Ces logiciels existent depuis bien longtemps mais je m’y suis rarement intéressé. Il fallait plutôt être PC que Mac, connaître les différents softs à utiliser et les sites où les trouver (et avoir confiance, ce qui est sans doute la partie la plus délicate).
Bien sûr les éditeurs ont bien compris cette envie de jouer à d’anciens jeux, certains sont disponibles sur les boutiques officielles de téléchargement (comme le Nintendo eShop, oups complètement HS pendant ces fêtes de fin d’année) et sur les smartphones qui sont à mon avis la plateforme parfaite pour les accueillir.
SEGA qui donne une seconde vie à Sonic en revisitant ses hits l’a bien compris. On le trouve sur iPhone et Android avec d’anciennes aventures (Sonic 2, Sonic 4), en compagnie de nouveaux jeux plus actuels – mais pas forcément plus originaux – comme Sonic Dash ou Sonic Jump.
Même si le résultat est parfois aléatoire (niveau jouabilité surtout) on ne peut que saluer cette bonne idée.
Au contraire Nintendo s’y refuse avec sa politique habituelle : si tu veux jouer à nos jeux, achète nos consoles. Ils passent donc potentiellement à côté de millions de joueurs dans le monde qui seraient ravis de mettre quelques euros pour jouer à Mario All-Stars (1,2 et 3), Super Mario World, idem pour les Zelda pour ne citer qu’eux.
Une stratégie qui pourrait ne pas être payante et que l’on pourra étudier d’ici quelques années, avec le recul nécessaire.
La possibilité d’utiliser Apple TV (ou équivalent Android) et AirPlay pour s’adonner à ce plaisir sur sa TV, ainsi que l’arrivée de manettes certifiées compatibles iOS 7 ne gâchent rien bien au contraire ! L’iPhone et l’iPad détrôneront-ils un jour les consoles de jeux sur leur propre terrain ?
Enfin, même si on a une 3DS la politique actuelle qui rend impossible de jouer à ses jeux téléchargés sur plus d’une console (alors que je peux le faire avec l’ensemble de mes périphériques iOS) finit par dégoûter le fan de bonne volonté.
On peut à la limite comprendre que les éditeurs cherchent à nous vendre des jeux dont la conception a déjà été rentabilisée depuis belle lurette quand il a fallu dans certains cas les retravailler pour les nouvelles plateformes (gameplay, nouveaux graphismes …). Si ce n’est qu’une somme symbolique le joueur le fera sans doute.
Mais à mon avis jouer à Mario et Sonic (pour ne citer qu’eux) sur smartphone pourrait aussi leur redonner une nouvelle popularité et insuffler l’envie d’avoir une Wii U pour s’amuser avec Super Mario 3D World ou Sonic Lost World. Pour le petit hérisson bleu c’est via l’iPad que mes filles l’ont d’abord connu (avant la série animée Sonic X sur Disney XD puis seulement Sonic & All Stars Racing TRANSFORMED sur Xbox 360 et 3DS.).
Le recourt à des émulateurs a donc encore quelques beaux jours, surtout lorsque l’on regarde la proposition d’OpenEmu.
Ce logiciel natif OS X, dont l’interface s’inspire d’iTunes, permet de jouer sans autre installation à des jeux Game Boy, Game Boy Advance, Game Gear, NeoGeo Pocket, Nintendo (NES), Nintendo DS, Sega Master System, Sega Megadrive, Sega Mega 32X, Super Nintendo (SNES), TurboGrafx et Virtual Boy. D’autres consoles sont prévues (et déjà sur la version beta) comme le Mega CD, la Sega Saturn, la Playstation, la PSP, la Nintendo 64 et même… les Atari 2600, 5200, 7800 et Lynx… Les MAME, eux, concernent les bornes d’arcade … comme celles que l’on peut trouver par exemple à « La tête dans les nuages ».
L’interface est claire, sobre mais jolie, facile d’utilisation (les jeux se classent automatiquement par glisser / déposer). Si les jeux ne se trouvent pas eux-même sur le site d’OpenEmu (on y reviendra) il y a tout de même un pack de démarrage avec quelques titres.
Côté jouabilité on peut éditer les contrôles … au clavier ou – c’est mieux – à la manette. C’est là où ça se corse un peu. C’est déjà un reproche que je fais aux adaptations sur smartphone (pour l’instant sans les manettes qui ne font qu’arriver) : il est difficile de retrouver du plaisir dans des titres qui ont été conçus et pensés pour un contrôleur dont on a par ailleurs le souvenirs nostalgique. Jouer aux classiques Sonic avec un écran tactile c’est terriblement frustrant, on a l’impression de moins bien y arriver. Alors imaginez avec un clavier.
Il existe cependant des solutions pour utiliser des manettes de consoles existantes. Nous n’avons testé que celle actuellement à notre disposition : la Xbox 360. Pour celle-ci il faut un driver spécial pour Mac OS X dont on vous indique le lien. Une nouvelle icône s’ajoute alors dans vos préférences. Mais rapide déception puisque le sans fil de cette console n’utilise pas le Bluetooth, il faudra donc acheter le « Xbox 360 Wireless Controller for … Windows » ainsi qu’un logiciel du nom de « Gamepad Companion ». J’ai testé avec les modèles qui ont un câble pour les recharger mais cela ne fonctionne pas. Deux solutions donc : acheter une troisième manette mais filaire classique et/ou opter pour l’adaptateur Windows. Dans tous les cas cela serait aussi utile pour Steam par exemple.
Solution intermédiaire que j’ai testé : une application iOS du nom de « Joypad Legacy » qui avec son équivalent Mac OS X (ou Windows) permet d’utiliser son iPhone comme une manette. Vous éditez une seule fois les commandes afin de les faire correspondre avec celles d’OpenEmu et ça roule. Cela n’a pas encore le confort d’une vraie manette mais c’est déjà mieux que le clavier.
Reste une dernière volonté du joueur utilisant OpenEmu : utiliser sa TV comme écran plutôt que son moniteur. Pas d’Airplay intégré au logiciel, ce qui est dommage. Par contre avec Mac OS X (à partir de Mountain Lion) il est possible de faire de la recopie vidéo Airplay avec Apple TV 2ème et 3ème génération. Manque de pot pour moi mon Mac (2009) ne le prend pas en charge… Si cela avait été le cas est-ce qu’il y aurait eu un temps de latence trop important pour permettre de jouer ? La meilleure alternative reste-elle le bon vieux câble DVI/HDMI ? Compliqué dans certaines configuration quand on n’a pas de machine dédiée au jeu.
Une fois installés confortablement encore faut-il obtenir des jeux pour OpenEmu. Pour cela il faut parcourir le web et Google est d’une aide précieuse.
Car évidemment si on voit Mario (par exemple) en bonne place sur leur page d’accueil pas question de le mettre à disposition sans avoir Nintendo sur le dos ! Car il existe une évidente problématique de copyright.
Sur le papier la proposition d’OpenEmu épouse complètement la philosophie du web et du respect du consommateur. Une machine, une communauté – déjà ancienne – de fans et de programmeurs (qui n’est pas sans rappeler sur certains aspects celle du fansub), et un logiciel open-source et compatible permettant de jouer à des jeux de multiples plateformes… gratuitement.
Sur ce dernier point, on pourra toujours argumenter qu’enfants et adolescents on a tous dépensé notre argent de poche pour acheter ces mêmes consoles et ces mêmes titres, à des prix souvent prohibitifs. On pourra aussi arguer qu’ils sont amortis depuis des lustres et que ces ces jeux – comme ces consoles – ne sont plus commercialisés.
Mais qu’en est-il légalement ? Si la distribution du jeu est faite sans l’accord de l’éditeur original (cela doit être malheureusement assez rare) il s’agira probablement de contrefaçon… sauf peut-être si le jeu est tombé dans le domaine public. Quand on sait que celui-ci peut-être de 70 ans il y a de quoi douter.
Certains éditeurs/auteurs tolèrent sans doute la pratique de l’abandonware … Mais qui ? Pour quelles créations ? En bref, il manque d’une plateforme référençant ces ROM (noms donnés à ces fichiers en référence à la mémoire utilisée pour certains jeux sur consoles), avec la compatibilité, le statut du titre, et une note de confiance fournie par les utilisateurs… Est-ce qu’OpenEmu aurait vocation à la proposer interne à son application comme son modèle iTunes ?
Bref un large débat pour lequel je n’ai pas la réponse. Ce qui est certain c’est que le fan prend un certain plaisir à retrouver ces jeux, et qu’OpenEmu est bien réalisé et prometteur.
Un jour peut-être, à l’image de l’animation, les éditeurs prendront conscience de cet intérêt et mettront en place une plateforme unique pour jouer aux jeux qui ne sont plus commercialisés. Peut-être via Steam ? En attendant, ce qui n’arrivera peut-être jamais, il faut bien faire avec.
Et vous qu’en pensez-vous ?
Bonjour !
Je suis tombé par hasard sur votre blog en recherchant des informations pour configurer Joypad 😉
Bravo pour cet article. Cela fait plaisir de lire un article complet, détaillé et bien écrit. Par rapport à la masse d’articles (peu importent les genres) qu’on peut trouver, cela redonne espoir.
Bonne continuation