Être parent solo, c’est avoir la responsabilité d’un ou plusieurs enfants, sans le soutien quotidien de l’autre parent. Les situations vécues par les couples parentaux en situation d’emploi salarié ou de recherche d’emploi sont donc amplifiés. Je le sens encore davantage dans le contexte de crise économique dans lequel on souhaite nous enfermer.
Comme vous le savez peut-être si vous nous suivez sur ce blog ou les réseaux sociaux, ma séparation date d’il y a déjà 5 ans et mon aînée, dont j’ai la responsabilité, s’apprête à souffler 7 bougies dans quelques jours. La situation fait que je ne vois ma cadette qu’un week-end sur deux et la moitié des vacances car mon ex-épouse est partie vivre à une centaine de kilomètres de là.
Il n’est donc pas difficile de comprendre l’importance pour nous des soirées, week-end et des vacances scolaires et plus généralement du temps, que j’espère de qualité, passés en famille. Quand on est solo, en tout cas c’est mon cas, on comprend encore davantage l’importance du temps passé ensemble, car je souffre quotidiennement de l’absence de la plus jeune de mes filles.
En reprenant une activité salariée après la séparation, expérience qui durera 3 ans, j’ai constaté à quel point il était difficile pour un employeur d’accepter ces contraintes. Pourtant l’école et les centres de loisirs ont leurs horaires et il y a 16 semaines de vacances scolaires (8 semaines pour chaque parent, donc au delà des 5 octroyées légalement aux salariés). Et puis il arrive que votre enfant tombe malade… nous ne sommes pas des machines, eux non plus.
J’ai eu l’opportunité de constater malheureusement qu’il est souvent difficile dans le milieu professionnel de pratiquer un horaire compatible (exemple 8H30 / 17H30), car la présence physique semble être primordiale pour certains. Pourtant est-ce que travailler jusqu’à 20H veut dire que vous êtes plus productif et que votre travail est de meilleure qualité ? Evidemment non. Vous pouvez passer votre temps sur Skype à bavarder, faire votre liste de courses, prendre des pauses à rallonge etc … Et je ne parle pas du télétravail qui est pourtant une si belle occasion de faire évoluer nos conditions d’exercice.
Alors il m’est arrivé de recevoir des reproches lorsque je refusais une réunion à 18H, qui créent un sentiment de culpabilité qui vient s’ajouter à celle de laisser votre enfant au centre de loisirs à 7H30 pour le reprendre à 18H30…
Puis j’ai quitté mon emploi pour pouvoir me relancer dans une activité freelance. Celle de Rêves Connectés. Nous ferons le point dans quelques jours à l’occasion des 4 ans du blog, mais dans le contexte actuel, c’est financièrement compliqué. Ce que j’ai pu voir c’est que chercher son enfant à la sortie de l’école, s’en occuper le Mercredi, mieux profiter des vacances scolaires avec eux… Cela change tout. Pouvoir passer du temps avec ses enfants est un trésor.
Mais il faut bien faire bouillir la marmite. Outre un travail intense, beaucoup de prospection, j’ai finalement accepté de postuler en plus des contrats freelance à des CDD et des CDI Je suppose que cette situation n’est pas loin de la discrimination dont se plaignent certaines femmes à l’embauche. Va-t-elle tomber enceinte ? Va-t-elle vouloir prendre un congé parental ? Partir très tôt chercher un enfant à l’école ? D’ailleurs, paradoxalement, plusieurs recruteurs masculins me disent « Je ne sais pas ce que je ferais sans ma femme ».
J’ai donc envie de dire :
- Pourquoi ne pas laisser tomber ses préjugés et donner sa chance au mérite et à la qualité du travail plutôt qu’à des faux semblants
- Pourquoi ne pas considérer plutôt que quelqu’un qui est capable de gérer seul son foyer, est courageux et a par conséquent des aptitudes supplémentaires
- Pourquoi ne pas embrasser la société moderne et accepter le télétravail dans certaines conditions ?
- Pourquoi ne pas en tenir compte dans la mise en place des rythmes scolaires.
- Pourquoi ne pas davantage étudier et compenser les inégalités sociales (RTT, mutuelle etc …) entre les grandes entreprises et les PME, entre les entreprises publiques et les autres …
- Pourquoi faudrait-il obligatoirement choisir entre passer du temps avec ses enfants ou passer tout son temps au travail ?
Oui certes mes enfants vont grandir et leur autonomie s’accroissant le problème s’amoindrira, cela ne veut pas dire que les mentalités auront évolué et que je ne m’engagerai plus sur ce sujet là. Je ne cherche plus de place en crèche et pourtant je sais que le problème est toujours le même.
Si vous avez un avis à exprimer sur ce sujet n’hésitez pas à me laisser un commentaire et à en débattre, que vous soyez parent solo ou non. Je souhaitais pour ma part partager mon expérience et l’état de ma réflexion sur le sujet.
En savoir plus :
- Parents, pensons ensemble la réforme des rythmes scolaires. La tribune et quelques remarques d’un papa solo à l’aube de la famille recomposée.
- Présidentielles 2012 : Pourra-t-on enfin débattre de la coparentalité, de la médiation familiale, et de la résidence en alternance ?
- Mon expérience de Pôle Emploi en tant qu’auto-entrepreneur … Un désastre !
- Vive le télétravail !
- Balbutiements et recomposition familiale.
“Je ne sais pas ce que je ferais sans ma femme. »
On en rirait si ce n’était affligeant… Et c’est probablement parce que tu es un homme que tu as reçu ces confidences… Quoique, j’admets ne pas m’être frottée au sujet de la discrimination à l’embauche de la mère de famille solo. Et j’espère ne pas y être confrontée prématurément…
Ne pas voir mes enfants 5 jours par semaine, c’était impensable pour moi. En l’absence de crèche d’entreprise, j’ai opté pendant leur petite enfance pour un mode de garde près de mon lieu de travail. Autre chance, je suis sur des lignes de transports en commun « fluides ». Ainsi, le trajet domicile / boulot se faisait avec ma petite, et la durée de sa journée de garde était un peu réduite. Ceci sans négliger le lien entre son père et elle ! Mais puisqu’il travaillait en banlieue, avec des trajets longs fussent-ils voiturés, ce mode de garde était le meilleur pour notre trio.
Lorsqu’une deuxième enfant est arrivée au foyer, j’ai pris un congé parental, jusqu’au mois de septembre suivant son premier anniversaire (elle est née en été). Et à nouveau opté pour un mode de garde près de mon lieu de travail. Ce qui, avec la mono-parentalité qui m’est tombée dessus une semaine après ma reprise, s’est avéré salvateur !
… d’autant plus salvateur, que j’ai débuté la mono-parentalité en situation de grand isolement : mes amis les plus chers géographiquement éloignés, et aucune aide familiale possible… Pourtant, je suis furax contre la détestable invention occidentale de « famille nucléaire », et j’adhère au concept d’alloparentalité (cf http://lesvendredisintellos.com/2012/08/11/mere-pere-alloparents-vacances-des-vi/). Et pour mon aînée, l’alloparentalité fonctionna assez bien. Symptôme peut-être que mon couple battait de l’aile, sept ans plus tard, il n’y avait personne d’assez proche. Et j’ai échoué dans mes tentatives d’étoffer mon réseau localement, ce qui me valut une première année de mono-parentalité assez éprouvante. 🙁
Je viens de résumer ma situation. Je voudrais basculer… sur la nôtre.
Si j’ai d’abord sympathisé avec toi, fin 2011, c’est bien parce que j’ai lu sur ton blog ton implication parentale, malgré cette séparation cataclysmique que tu as dû affronter. Et de ce terreau commun est née une relation ici narrée. 🙂
Hélàs, Meudon / Saint-Ouen, de chez moi à chez toi, c’est un trajet long et compliqué…
Si je vais chercher ton aînée à la sortie de la garderie post-scolaire, je dois quitter mon boulot à 16h pour enchaîner un périple Paris / Meudon / Paris / Saint-Ouen, puisque je dois d’abord aller chercher mes deux filles, l’une à la sortie de classe, l’autre chez son assistante maternelle. Et cela pour t’éviter, à toi, de rentrer tard dans la soirée de ton périple jusqu’Évreux… Dilemme délicat…
C’est donc bien en papa solo que tu effectues ces dernières semaines ta recherche d’emploi. J’en suis bien désolée, d’autant plus au vu de la discrimination que cela te fait porter.
Je te souhaite que ces moments ne soient bientôt plus qu’un désagréable souvenir.
Et je t’embrasse. Tu me permets ?
Je trouve cela très positif qu’un *papa* en parle, malheureusement je crois que ça pourrait avoir un tout petit peu plus d’impact sur les mentalités et faciliter la vie des innombrables mamans qui se dépatouillent dans ce pays si latin…