Deux nouvelles bandes originales incontournables pour les fans de films d’animation et de musiques de film : Jean de la Lune et surtout Ernest et Célestine. Elles sont proposées par les éditions Milan Music qui ont déjà publiés quelques merveilles récemment.
Avant d’aller plus loin :
- Jean de la Lune, l’OVNI des films d’animation de l’année 2012. Un long métrage franco-germano-irlandais de Stephan Schesch d’après le conte de Tomi Ungerer.
- Ernest et Célestine, la mignonne petite surprise des fêtes de fin d’année au cinéma
- Deux nouvelles bandes originales de film disponibles aux Editions Milan Music. Vertigo et Le Jour des Corneilles.
- Magnifique bande originale, signée Nick Urata, pour le film “Elle s’appelle Ruby” (Ruby Sparks).
- La bande originale du film “Les Enfants Loups”, composée par Takagi Masakatsu, est disponible aux éditions Milan. Et elle est magnifique.
Jean de la Lune :
La bande originale du film d’animation Jean de la Lune est à l’image de ce dernier… lunaire. On oscille entre le jazz (Louis Armstrong / Klaus Waldeck), et la musique plus expérimentale. Une musique originale est aussi proposée, signée par le compositeur et producteur allemand Alex Stolze. Honnêtement c’est le type de playlist que je peux passer facilement en toile de fond pour travailler ou lors d’une soirée. Et puis il y a le « Au clair de la Lune » (version courte et longue) interprété par Maeva Méline que les fans Disney connaissent bien maintenant. Trop court malheureusement… même en version longue (1:15).
Milan Music propose de faire connaissance avec Alex Stolze qui explique le processus créatif autour de cette bande originale
« Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation musicale ?
De formation, je suis violoniste, mais j’ai travaillé dans des domaines si différents en tant que producteur, compositeur de musique ou de chansons, et j’ai été amené à des collaborations si diverses qu’il m’est difficile de définir quelle a été ma formation. Mes œuvres sont les fruits de greffes entre l’histoire de la musique et les modes de création modernes. Alors disons que je suis un vieux monsieur âgé de 500 ans travaillant dans un environnement électronique de cinq ans d’âge.
Comment avez-vous été contacté pour la musique de « Jean de la Lune » ?
Je suis un membre du groupe Bodi Bill avec lequel Sarah Weber, la coproductrice de « Jean de la Lune », souhaitait travailler depuis longtemps. Nous avons donc commencé ensemble à réfléchir à ce projet, mais comme mes camarades du groupe n’avaient plus eu le temps de chercher les sons et la musique que la production souhaitait, j’ai continué tout seul…
Comment s’est déroulée votre collaboration avec Stephan Schesch, le réalisateur ?
Au début ce fut vraiment très difficile. Parce que j’ai rejoint assez tardivement le processus de création du film dont toutes les structures essentielles étaient déjà en place. Aussi la production m’a demandé de composer les pièces manquantes et tout est devenu assez facile. Dans la mesure où Stephan et Sarah savaient exactement ce qu’ils voulaient. Je n’ai plus eu qu’à creuser en leur sens.
Quel genre de musique avez-vous composé ?
Ce dessin animé exigeait un équilibre savant entre une musique humoristique et une musique sérieuse, et surtout sans verser dans les écueils de la tristesse ou de la folie. Tous les morceaux du film traduisent la grande sensibilité musicale des producteurs. Ce film s’adresse à la fois aux adultes et aux enfants, il dévoile un monde moderne à la fois sombre et rouillé.
Comment l’enregistrement s’est-il déroulé ?
J’ai travaillé dans différents studios et avec de nombreux musiciens : percussions, basses, piano, trompette, clarinette, saxophone, trombone et voix. J’ai produit moi-même les cordes, les orgues, certaines voix et certains effets.
« New Moon Ballet » par exemple: j’ai dû trouver le thème pendant la nuit et engager ensuite un co-auteur pour écrire l’instrumentation, puis nous avons enregistré le jour suivant en son analogique pour obtenir le son le plus évocateur possible.
Pour « Everybody’s Gotta Learn Sometimes », j’ai travaillé avec Unmap, l’un de mes groupes, et nous avons enregistré le titre en live.
Quant à la production finale de millions de sons additionnels, je l’ai fait dans mon petit studio en sous-sol, sans voir la lumière du jour.
Enfin la question habituelle sur le rôle de la musique dans un film…?
La musique possède le pouvoir de vous conduire à travers le film et de creuser votre imagination et votre sensibilité. Une bonne musique de film c’est à la fois celle que l’on ne peut ignorer mais qui en même temps s’efface derrière le scénario. «
Tracklist :
- Louis Armstrong And The All-Stars – Moonriver
- Jun Miyake – The Here And After (Instrumental)
- Meva Méline – Au Clair de La Lune (Version Courte)
- Alex Stolze – Everybody’s Gotta Learn Sometimes
- Eike Hosenfeld, Moritz Denis & Tim Stanzel – Mondmann Score : Cabrio Night
- Eike Hosenfeld, Moritz Denis & Tim Stanzel – Mondmann Score : Cabrio
- Eike Hosenfeld, Moritz Denis & Tim Stanzel – Mondmann Score : Komet
- Klaus Waldeck – So Black And Blue
- Alex Stolze – New Moon Ballet
- Alfredo Triff – Mindtrances
- Alex Stolze – Conquering The Moon
- Eike Hosenfeld, Moritz Denis & Tim Stanzel – Raketenbau
- NEU ! – Weissensee
- Antoni Komasa-Lazarkiewicz – Notre Rue Part 1
- Antoni Komasa-Lazarkiewicz – Notre Rue Part 2
- Antoni Komasa-Lazarkiewicz – Notre Rue Part 3
- Iron Butterfly – In-A-Gadda-Da-Vida
- Ofri Ben / Alex Stolze – It’s Only A Papermoon
- Eric Longsworth – Sans Souci
- Klaus Waldeck – Memories
- Maeva Méline – Au Clair de La Lune (Version Longue)
Ernest et Célestine :
Ernest et Célestine est une bande originale tout à fait différente, avec des ritournelles et des mélodies plus légères, de celles qui vous restent dans la tête bien après la projection du film. « La Chanson d’Ernest et Célestine » est signée Thomas Fersen habitué de ce style tout à fait adéquat.
» … Qui aurait parié un bouton dessus ? Qui aurait parié un bouton de son par dessus, de culotte ou de bottine, sur Ernest et Célestine ? L’aveuglante vérité, étonne la société… Qui aurait pensé qu’un ours mal léché, devienne l’ami d’une souris, c’est insensé ! … «
Les paroles sont au complet et dans un fort joli livret, de la main de Thomas Fersen. Joli bonus qui invite à l’achat du CD et non au téléchargement numérique. Très bonne idée.
Les enfants retiendront eux « La Chanson d’Ernest » interprétée par Lambert Wilson, qui a réussi son interprétation !
La musique est composée par Vincent Courtois, dans un style classique, léger et poétique avec beaucoup de piano et des cordes, toujours avec cette ritournelle déclinée à plusieurs reprises.
Si je devais comparer à une bande originale existante, je penserais tout de suite à Amélie Poulain en plus aérien. Bref, à ne surtout pas rater !
Milan Music propose de faire connaissance avec Vincent Courtois qui explique le processus créatif autour de cette bande originale
« Pourriez-vous nous dire d’abord quelques mots sur votre formation, votre parcours ?
J’ai commencé le violoncelle dès l’âge de cinq ans. Puis, parcours classique : Conservatoires d’Aubervilliers, de Paris, Prix, musique de chambre, orchestre… Adolescent, j’ai commencé à m’intéresser à la pop puis j’ai découvert le jazz et l’improvisation avec Didier Levallet, Dominique Pifarely et Christian Escoudé. Je suis devenu violoncelliste de jazz, et j’ai écrit de la musique pour les formations avec lesquelles je jouais, pour les disques que nous enregistrions. J’ai donc très vite été compositeur…
Comment en êtes-vous venu à composer de la musique de film ?

On m’a toujours dit que la musique que j’écrivais était imagée. Sans doute parce que le violoncelle est un instrument mélodique et que mon tempérament artistique penche vers la mélodie.
Or c’est ce que l’on recherche dans la musique de film. J’ai ainsi été contacté pour un certains nombre de courts métrages puis de longs métrages. En particulier avec Marc Gibaja, réalisateur de « Ma vie n’est pas une comédie romantique ». Marc m’a rencontré par mes disques… Ce travail pour le cinéma m’a tout de suite intéressé. Comme j’évolue sans cesse dans le monde de l’improvisation, je suis sans cesse dans l’écriture ; ce qui correspond bien à l’esprit du cinéma, art du mouvement par excellence. Ce rapport de la musique à l’image m’a toujours passionné.
Comment avez-vous rencontré Benjamin Renner, le réalisateur d’Ernest et Célestine ?
Benjamin cherchait un compositeur. Il a lancé une sorte d’appel d’offre et différents compositeurs se sont manifestés. Dans le film, il y a une scène charnière, celle du passage de l’hiver au printemps. Il fallait que cette métamorphose s’opère en musique (une minute et dix secondes…).
Benjamin avait besoin de la musique pour faire le dessin. Il cherchait donc un thème. J’ai assez vite trouvé la mélodie principale.
Je disposais aussi de quelques dessins envoyés et de quelques notes d’intention. À partir de l’image de ce couple inattendu que forment l’ours et la souris, je me suis mis au piano et le thème musical de leur amitié a surgi spontanément. Un thème à trois temps qui évolue subrepticement, au milieu, en rythme à deux temps : comme un symbole de ce couple bancal et décalé. J’aime bien créer à partir d’un rien : une souris, un ours… Leur rencontre… Une idée musicale émerge. D’autres aussi, mais c’est généralement la première la meilleure.
J’ai donné ce thème de l’amitié et celui du passage hiver/printemps à la production. Les réalisateurs ont dû sentir que j’avais un univers à moi, un univers personnel qui ne rentrait pas dans les cases habituelles de la musique d’animation ; c’est ce qu’ils ont aimé pour la mélodie du film.
Comment caractériseriez-vous la musique composée pour ce film ?
Ma musique emprunte à 100 000 musiques. Ce qui est intéressant, ce n’est pas ce qui a pu l’influencer. Ce qui est intéressant ce sont les influences que l’auditeur retrouve par rapport à son propre univers musical. J’aime que ma musique réveille en chaque auditeur une part de la musique qui s’y trouve déjà. Avant les couleurs, avant le style, il y a la mélodie ! Et ma musique est une musique où il y a des mélodies. Dans le film on trouve une mélodie pour Ernest, une mélodie pour Célestine, des mélodies pour l’amitié, pour la frayeur, pour la menace, pour La Grise. Je ne saurais donc dire quel style de musique j’écris, le travail du musicien étant de se trouver soi-même. Benjamin attendait d’ailleurs que je sois moi-même, que la musique me ressemble avant de se mettre à ressembler au film : à partir de là, nous avons su découvrir un terrain commun.
Comment avez-vous travaillé ?
Un an d’allers et retours…J ’ai avancé dans la composition au fur et à mesure que je recevais les animatiques. Au début, mes maquettes sonores étaient plutôt en avance par rapport aux dessins, puis j’ai fini par me faire rattraper par les images. Nous sommes allés en studio assez tard.
Et l’enregistrement ?
Je tenais à un orchestre rassemblant ma famille de musiciens, des familiers de mon univers musical. Je tenais également qu’à chaque personnage soient attachés non seulement un thème, mais également un instrument et un musicien. Ainsi pour Ernestine, la clarinette jouée par Louis Sclavis ; pour l’ours, le violon de Dominique Pifarely. L’ensemble était ainsi composé d’une dizaine de musiciens à quoi s’ajoutaient une douzaine de cordes. J’ai vraiment pensé à une instrumentation précise, chaque pupitre étant attaché à un personnage où une symbolique précise. Par exemple le basson incarne La Grise, l’autorité, la police…
Quelles sont les particularités de la musique composée pour un film d’animation ?
Composer pour un film d’animation c’est se hisser à la hauteur de l’extraordinaire précision des animateurs. On demandait aux dix-sept animateurs deux secondes d’images par jour ! Un travail considérable ! Le compositeur est tenu au même degré d’exigences. La difficulté, c’est de travailler au départ sans les sons off, uniquement sur les images. La musique seule doit alors habiller complètement les images. Ensuite il faut s’adapter au film design avec les bruitages, et cela demande de très complexes réajustages.«
Tracklist :
- La Chanson d’Ernest et Célestine (interprétée par Thomas Fersen)
- Variations sur le thème de Célestine
- La Chanson d’Ernest (interprétée par Lambert Wilson)
- Variations sur le thème d’Ernest
- Ernest au piano
- Variations sur le thème de l’amitié
- L’amitié en un solo…
- Variations sur le thème du monde du dessous
- Variations du temps, de l’hiver au printemps
- La Grise
- Les suspects sont arrêtés
- L’incendie
- Les retrouvailles d’Ernest et Célestine
- La Chanson d’Ernest et Célestine (version longue)
Et vous qu’en pensez-vous ? Allez vous craquer pour ces deux albums ?