art.jpgJ’ai été récemment interpellé par ce passage issue d’une interview concernant Steve Jobs (Daniel Ichbiah sur Electron Libre) :

« Avec Apple, Steve Jobs a réussi à créer des objets qui ressemblent à des œuvres. Pour imposer ses choix Jobs est souvent allé à contre-courant, y compris en interne. Il se bat contre les gens du marketing. Il ne réfléchit pas en produit, ou en terme de marketing ou de recherche de ce qui a marché. Il a plutôt une vision d’artiste. Jobs a eu par exemple le flair d’aller dénicher Jonathan Ive [designer responsable du look des produits Apple depuis 1996, ndr], un artiste. Quand les journalistes lui avaient demandé s’il avait fait une étude de marché au moment de lancer le Macintosh, Jobs avait répondu : « Est-ce que vous croyez que Graham Bell a fait une étude de marché avant d’inventer le téléphone ?. Est-ce que Léonard de Vinci a fait une enquête avant de peindre la Joconde ? » « 

Peut être inconsciemment parce que j’adhère au personnage et à sa vision, sans doute aussi parce que je suis également autodidacte, et que j’ai été entrepreneur : cette vision de la conception d’un produit / projet me convient parfaitement.

Longtemps je me suis cherché, quelle était ma voie ? La politique ? Une carrière artistique ? L’informatique ? Et les nouvelles technologies se sont imposées à moi à l’âge de 7 ans puis à 18 ans lorsque j’ai démarré ma vie professionnelle. Mais c’est seulement depuis très peu de temps que j’ai compris que toutes ces passions allaient se fondre en une seule, liée à la conception et au pilotage de produits/projets autour de la révolution numérique, mobile, collaborative et participative. Mais plus encore que cela était un art et devait se vivre comme tel.

Certes le marketing a un rôle important à jouer, comme le commercial. D’un côté l’un impose des études de marché et des lois, l’autre des roadmap parfois pilotées par les nouveaux souhaits (souvent pertinents par ailleurs) des clients. Pourtant cela ne permet souvent pas de sortir du formatage habituel, des sentiers battus, encore moins d’innover, de créer le besoin ou de proposer un produit révolutionnaire digne d’une oeuvre d’art.

Car par ailleurs une oeuvre d’art est fignolée jusqu’à l’extrême et jamais son auteur n’en est 100% satisfait. Une oeuvre d’art doit être belle et agréable à regarder, à écouter et à toucher. Une oeuvre d’art surprend souvent et suscite la ferveur. Enfin l’artiste a une vision de ce qu’il souhaite et de ce qu’il imagine pour l’avenir. Il y a aussi le facteur chance, l’accident, qui rend l’oeuvre si particulière, unique. Et si elle est copiée, c’est finalement un hommage qui lui est rendu. La vendre c’est vendre du rêve.

Alors oui la déclaration de Steve Jobs est sûrement un peu élitiste, demande des moyens financiers et humains, et il est difficile de l’appliquer à des couches culotte, et pourtant je me l’approprierais volontiers. D’ailleurs je citerais également pour conclure Maxime Lombardini, l’actuel Directeur Général de Free mais qui œuvrait auparavant dans le groupe TF1. « Chez Free, le budget étude, c’est zéro. Quand on vient de TF1, cela étonne. On fiche la paix à nos abonnés ». Ce sont bien sûr les études marketing qui sont ici évoquées et la Freebox a sans aucun doute été conçue autour d’une vision de Xavier Niel largement copiée aujourd’hui. (Sources de la citation UniversFreebox et Challenges).