Il est de bon ton de ne pas parler d’argent et d’afficher que tout va bien lorsqu’on vous le demande, souvent par réflexe. C’est encore plus vrai sur les réseaux sociaux où chacun fait son propre storytelling et mets en scène sa propre vie selon l’angle qui l’avantage le plus.
J’avoue je le fais moi aussi, je préfère partager les joies que les tracas du quotidien, même si j’aime prendre la parole quand quelque chose me semble anormal. Après tout la révolution 2.0 c’est cette possibilité de s’exprimer librement, n’en déplaise à certains.
Au fond dans un monde finalement si individualiste, qui se soucie vraiment de vous à part vos (très) proches ? De savoir que vous êtes à découvert le 10 du mois et que vous êtes de ce fait contraint et forcé de faire des sacrifices. Qui imagine vraiment à quel point vous jonglez afin de montrer à vos enfants que tout est sous contrôle, alors que vous aimeriez bien ne pas vous y prendre 3 mois en avance pour Noël et les anniversaires. Et finalement a-t-on vraiment envie que cela se sache, tant une forme de honte peut parfois nous envahir.
Mais c’est comme ça, nous sommes beaucoup à être fragilisés, dans mon cas parce que je suis un papa solo parisien (ou presque j’y reviendrai). Mes filles grandissent et deviennent de plus en plus autonomes, c’est déjà un pas en avant qui me permet d’être largement plus serein. Par contre le budget, sans aucune aide de la collectivité, est serré voir impossible, car proche de Paris le loyer est élevé et pour un 3 pièces il faut y mettre, dans mon cas, presque la moitié de son salaire soit 1170 euros.
Ça fait mal mais ce n’est pas tout. Ajoutez à cela les frais de garde et la cantine (300 à 400 euros), les transports pour aller jusqu’à Évreux où vit mon ex-femme (130 euros) et Navigo 5 zones (110 euros), les courses alimentaires pour 3 personnes (200 euros), l’électricité (190 euros), les assurances (21 euros), Internet et mobile (60 euros) taxe d’habitation et redevance (qui ne tiennent pas compte des revenus) … et vous arrivez à mon salaire mensuel !
Autant dire que les imprévus comme les frais de santé non pris en charge par la mutuelle (coucou le dentiste et son idée de couronne), l’ordinateur qui tombe en panne, ou les petits plaisirs comme CanalSat ou Netflix, un livre ou deux, … sont considérés comme du luxe. Mais sinon autant se jeter sous un pont, et ne pas faire les 3 (parfois 4) heures de trajets quotidiens pour aller travailler à Poissy (où les loyers sont aussi exorbitants).
Dans ces cas là on pourrait imaginer une aide de la société… la Caisse d’Allocations Familiales ne me verse RIEN (0, nada) et ma demande de logement date de Juin 2009 !
L’histoire, bien que personnelle mais sans doute pas isolée, va vous plaire :
J’ai fait une première demande de logement social sous le numéro unique régional 175060917170000002. Date de réception de la demande initiale : 01/06/2009.
J’ai renouvelé ma demande de logement social avant le 11/05/2012 auprès du service logements de Saint-Ouen (indiquant au passage mon changement d’adresse / département).
Or malgré mes nombreuses relances je n’ai JAMAIS eu la moindre réponse. La dernière relance par email auprès de la Mairie : 22 mars 2014 18:35.
J’ai donc été obligé de refaire une demande fin Mai 2014. Malheureusement j’ai perdu au passage mon ancienneté… comme si la situation n’était pas assez difficile.
Et quand je dis que tous le monde s’en fiche c’est que j’ai écris à la Mairie le 22 novembre 2014 puisque nous avons un nouveau Maire M. William DELANNOY (apparenté UMP qui a renversé le Front de Gauche / Parti Communiste – historiquement implanté – représentés par sa rivale Jacqueline Rouillon). Peut-être celui-ci (qui se présente actuellement aux départementales, pour ça il y a le temps), allait être plus à l’écoute. Que nenni j’ai relancé le 6/12, le 22/12, et le 10/01/2015, date à laquelle j’ai reçu ma première réponse … de transfert vers Jean FOUQUART, Conseiller Municipal délégué au logement.
Le plus drôle c’est qu’après de nouveaux emails, Mme Carmen BEAUJOUR me répond, non sans humour, « Je vous invite à vous rapprocher du service logement de Saint-Ouen afin de leur remettre votre dossier complet et de bien mentionner Saint-Ouen en 1ère position sur le choix des communes. » Sauf que l’on parle d’un renouvellement perdu (pas de réponse sur ce point), et d’une demande qui est faite au niveau régionale (dont j’ai transmis une copie avec Saint-Ouen qui y figure bien évidemment).
Et depuis, malgré des relances fréquentes (1er, 9, 12, 17/02, 03 et 15/03) je n’ai plus aucune réponse excepté quelques accusés de réception automatiques de Sarah Gary. Tout ce que je demande jusqu’ici c’est de savoir si ma demande est bien prise en compte et étudiée. Avec au passage un peu plus de respect, et moins de mépris. Car si c’est comme ça que la collectivité traite les gens en difficultés, ça fait peur.
De là à penser que la Mairie me sera d’un quelconque secours… L’espoir fait vivre.
Je sais qu’il y a d’autres parents solos qui nous suivent sur ce blog, comment faites-vous pour sortir la tête de l’eau ? La collectivité vous aide-t-elle ou avez-vous aussi cette impression d’être totalement abandonnés ?
De mon côté je ne suis pas prêt de laisser tomber, pour preuve cette note, et une recherche d’un nouvel emploi (plus près et mieux rémunéré) qui se poursuit. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’avec tous mes efforts, la situation est plutôt injuste…
Quant à aller voter les prochains week-end … De plutôt engagé à l’adolescence je suis progressivement passé à complètement déçu de nos politiques carriéristes.
Qu’en pensez-vous ?
MISE A JOUR du 01/08/2015.
Toujours rien. Depuis Mars 2015 rien n’a bougé ou presque. J’ai adressé deux courriers recommandés à la Mairie de Saint-Ouen les 2/05 et 3/06, sans aucune réponse. La Sous-Préfecture de Saint-Denis m’indique qu’elle ne serait pas compétente (tellement simple) et me renvoie vers la DRIHL, « Unité Territoriale administrative compétente en matière de demande de logement »… qui ne trouve rien de mieux à dire que « La DRIHL s’occupe de reloger les demandeurs prioritaires de logement, or vous n’en êtes pas. » Merci de n’avoir rien fait, mais je ne lâche pas l’affaire.