Article précédent : ALZHEIMER : Mon expérience. L’adaptabilité. (Par Chantal Panas, auxiliaire de vie)
Définition : La stimulation cognitive fait partie des techniques de prise en charge non médicamenteuse de la Maladie d’Alzheimer. Il s’agit d’une approche pédagogique globale, cognitive, psychologique et, sociale.
Je vous présente des activités d’animation que j’ai été amenée à élaborer avec une personne ou toute seule :
Exercices de mémoire :
L’orthophoniste qui vient une fois par semaine (45 minutes) me laisse des exercices à faire avec la personne aidée. Il faut savoir que les séances d’orthophonie sont prises en charge à 100% par la sécurité sociale en cas d’ALD (affection longue durée). C’est le médecin qui en fait la prescription.
Nous avons réalisé ainsi un arbre généalogique à commencer par les parents de la personne aidée. On peut également y rajouter des petites photos d’identité.
Objectif : La personne a conservé malgré l’évolution de la maladie ses capacités langagières, oral et écrit.
Ce que j’ai pu constater : la personne aidée a conservé ses acquis scolaires mais il faut lui rappeler régulièrement à relire les consignes et, de prendre son temps. Les exercices qui lui sont plus compliqués sont du domaine de la logique, quand il faut rétablir l’ordre de chaque séquence.
Exemple : Il y a 8 propositions, il faut les remettre dans l’ordre :
- on épluche la salade
- on mélange
- on lave la salade
- on prend un saladier
- on sort de la salade du réfrigérateur
- on essore la salade
- on prépare la vinaigrette
- on met la salade dans le saladier.
Jeux de Société :
Le Jeu apaise la personne aidée et, relaxe également l’aidant. C’est un moment qu’on prend à deux. Çà évite que la personne aidée « tourne en boucle » en réitérant toujours la même question. La personne aidée se concentre.
Objectif : Il faut savoir que la mémoire ancienne demeure longtemps efficace chez la personne atteinte d’Alzheimer. Celle-ci est très douée en chiffres, son objectif était de devenir professeur de mathématique, avant que la guerre n’éclate. Elle est encore très forte en calcul mental et, elle en supplante plus d’un. D’ailleurs c’est le calcul qui lui a remonté la note lors d’une consultation mémoire.
Par contre, chez une autre personne aidée çà ne prend pas car elle n’a jamais aimé les jeux de société. Je respecte son choix et, je lui propose d’autres activités.
La Lecture du quotidien :
J’apporte les quotidiens qui sont « si gentiment » distribués au métro : 20 minutes, Métro, Direct matin. D’ailleurs au passage, je les en remercie.
Comme les jeux de société, la lecture c’est un moment de partage, de plaisir.
Objectif : Tout dépend de l’évolution de la maladie. J’ai une personne qui n’a pas de problème de lecture ni de compréhension de texte. Tout se passe très bien. Tandis que l’autre personne aidée, va relire le texte plusieurs fois sans le mémoriser. Mais ayant une éducation religieuse qui avait une grande importance pour sa maman, je me souviens de l’article sur le Pape. Elle en a parlé un moment.
La Tenue d’un agenda :
L’agenda permet de noter les rendez-vous du jour (laboratoire, entretiens avec le cardiologue, kiné, les heures d’arrivée de l’Auxiliaire de Vie, les visites, les coups de fil reçus, passés…).
Objectif : Chez une personne aidée qui a été très méticuleuse et, qui a eu l’habitude de tout noter dans l’agenda (météo, heure précise d’un coup de fil reçu, à envoyer TIP factures (là c’est moi qui note), retrait d’argent, courses , heure de la sonnerie à la porte…C’est un objectif accompli, elle va consulter plusieurs fois son agenda. Ce qui lui évite des moments de stress intense, de panique, ne sachant plus où elle en est. Ça la rassure.
Pour une autre personne aidée, c’est plus compliqué, ayant eu une très forte mémoire, elle n’a jamais eu besoin d’utiliser un agenda mais aujourd’hui çà pose un problème car on ne peut plus l’envisager. Avec la pathologie d’Alzheimer la mémoire récente ne s’imprègne pas. Je la fais beaucoup travailler sur l’agenda : je mets un ruban noué sur le jour (qu’elle me retire), je barre le jour passé en notant dessus « jour passé ». Chaque fois je suis obligée de lui réexpliquer.
Un point quand même positif, je lui fait noter les réponses des questions répétitives exemple elle me demande souvent« Mais depuis quand mon mari est mort ? » Je reste près d’elle et, je lui fais noter la réponse. Alors quand elle m’a déjà posée la question plusieurs fois. Je lui dis de prendre l’agenda. Ce qu’elle fait et, relit. En ma présence çà fonctionne mais quand je ne suis pas là, elle oublie malheureusement son agenda.
Le calendrier :
Mis en évidence çà permet de rappeler le jour. Je prends soin de barrer chaque jour passé. Un petit enfant a fait faire un superbe calendrier avec des photos de famille rappelant des événements, plus les dates d’anniversaire.
Objectif : La personne qui n’a jamais eu l’habitude de se servir de l’agenda, ne regarde pas le calendrier mis en évidence. Par contre çà sert, à rappeler les dates d’anniversaire. Nous téléphonons le jour même. Nous envoyons une carte postale que la personne aidée choisie librement, l’écrit, et, je l’envoie. Le calendrier permet de regarder les photos de famille et, de se rappeler les évènements.
Petites vidéos enregistrées avec mon iPhone et vidéos reçues de la famille habitant à l’étranger :
Nous recevons et, nous envoyons de petites vidéos avec de la famille qui se trouve à l’étranger.
Objectif : Préserver le lien familial que çà soit pour l’arrière petit enfant qui va avoir une bonne image de son arrière grand-mère et, inversement. Ces petites vidéos fonctionnent très bien. Et, quand la personne ressasse des événements tristes, rien de mieux que montrer ces petites vidéos qui font éclater de rire l’arrière grand-mère.
Album photos :
Les petits enfants m’envoient des photos par mail que j’imprime, que je mets dans des pochettes plastiques et, à disposition de la personne aidée. Je les mets en vue sur la commode du séjour. Nous les prenons régulièrement pour les regarder, les resituer (enfants, petits-enfants, arrière petits enfants, leurs prénoms, les âges, où ils habitent, ce qu’ils font…), puis je laisse la personne aidée les déplacer, les mettre en vue dans d’autres endroits, dans sa chambre, à côté de son lit… Donc les photos circulent tout le temps. Nous regardons également d’autres albums photos plus anciens de ses parents, frères et sœurs, mari.
Objectif : Garder le plus longtemps possible en mémoire les personnes proches. Préserver le lien familial. La vie continue ! Se souvenir des moments heureux et des moins heureux avec ses parents, ses frères et sœurs, sa jeunesse… C’est un agréable moment de partage. Les personnes aidées n’ont pas oublié pour le moment leurs proches.
Invitation d’amies, visites de proches, garde d’arrière petits-enfants :
Une amie de longue date a séjourné pendant dix jours chez la personne aidée. Elles ont pu discuter des bons moments passés, parler d’anciens amis connus ce qu’ils sont devenus, se promener, déjeuner ensemble…
Des proches viennent déjeuner avec la personne aidée et, passer un moment.
Nous avons également gardé un arrière petit enfant certains matins. La personne aidée se sent valorisée. Elle aide son petit enfant à comprendre des exercices dans sa revue. On fait des jeux ensemble comme « mémo ».
Objectif : Entretenir les liens familiaux, pallier à la solitude, éviter la tristesse, conserver sa dignité.
Globalement çà se passe très bien mais il faut lors de l’échange de l’arrière petit enfant et la personne aidée, retenir celle-ci pour qu’elle ne se distrait pas exemple en allant plusieurs fois au réfrigérateur pour savoir s’il y a suffisamment à déjeuner, stimuler l’intérêt de la venue de l’arrière petit enfant en restant à côté et, en proposant des jeux.
Promenade à l’extérieur, choix des commerçants de proximité
Chaque jour nous essayons de sortir à l’extérieur, au parc. Pour une personne aidée, c’est le rappel de sa maison qu’elle a à la campagne. C’est elle qui s’occupait de la plantation des fleurs. Je lui montre celles-ci et, la questionne sur leurs noms. Il y a également une belle palette de couleurs. Il y a un rappel de saisons. J’essaye de trouver un banc où il y a déjà une personne âgée en vue d’une éventuelle discussion autre que la mienne. Il y a également des petits enfants qui s’amusent et, aiment bien faire un petit coucou aux personnes âgées et, rentrent facilement en communication avec eux. Nous croisons des personnes qui la connaissent dans l’immeuble.
Objectif : Favoriser les relations sociales. Quand j’arrive la personne aidée souvent ne va pas sortir, dit qu’elle n’est pas bien, qu’elle a des douleurs, qu’elle ne pourra pas marcher. Je prends toujours la tension pour ne pas passer à côté d’un problème. Mais il n’y en a pas. Donc j’insiste pour sortir. Je dis que c’est le médecin qui le prescrit, qu’elle ne peut rester confiner chez elle.
Et dix minutes après la sortie, la douleur disparait par enchantement. Les sorties font beaucoup de bien aux personnes aidées, ainsi qu’à nous d’ailleurs. Elle a une meilleure mine, se détend, la discussion a un ton plus joyeuse.
Seul hic, c’est que je n’ai pas encore pu la faire entrer en contact avec une personne assise sur un banc par contre avec les enfants pas de souci. Ils viennent naturellement.
Pour une autre personne aidée, il n’y a pas de parc à proximité mais de belles petites boutiques, des commerçants de proximité qui ont toujours un sourire, un mot, une discussion qui s’engage.
Je favorise la sortie tous les jours. Il faut déjà qu’il fasse très mauvais ou que la personne ai une tension très basse.
Prochaine activité vue avec une des filles de la personne aidée :
Sa maman était une très fine cuisinière. Elle faisait des pâtes à tarte hors pair. Je vais lui demander de m’apprendre à en confectionner une.
Objectif : La personne aidée a des connaissances culinaires qu’il faut préserver. Elle peut transmettre et donc sur le coup elle se sent valorisée et c’est moi qui devient la personne aidée !!!
À suivre…