Il y a des thèmes récurrents sur Rêves Connectés / Papa Citoyen. Tout d’abord M6 est le troisième siège de groupe de télévision que nous (re)découvrons en quelques jours après TF1 et France Télévisions. Cette soirée là nous allions y découvrir, grâce à SND et SNC un conte que nous aimons beaucoup « La Belle et la Bête », la version de Jean Cocteau toute nouvellement restaurée pour une diffusion en salles, en blu-ray, puis j’imagine télévisuelle.
Cette histoire éternelle est assez logiquement omniprésente sur ce blog car aussi adaptée par Disney dans un long métrage d’animation ressorti récemment en 3D, dans ses parcs, en mangas, dans la série TV « Once Upon a Time », mais aussi car la tant attendue comédie musicale arrive ! Si on ajoute l’exposition « Cocteau et le cinématographe » à la cinémathèque à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition, le timing est parfait pour découvrir et ré-découvrir en famille ce grand classique du cinéma.
J’y étais avec Léopoldine qui était ravie.
Avant d’aller plus loin :
Synopsis :
« Il était une fois une jeune fille d’une grande beauté appelée Belle. Son père, un marchand ruiné, s’égare un soir dans la forêt et prend refuge dans un château lugubre. Le lendemain, le marchand cueille une rose dans le parc du château pour la rapporter à Belle. Mais il se fait surprendre par le maître des lieux, une Bête à l’aspect mi-humain mi-animal, qui le condamne à mort pour son geste. Belle renonce à sa liberté et accepte de vivre avec la Bête pour épargner son père. Elle va alors découvrir, au-delà de l’aspect terrifiant de la Bête, une âme pure dont elle tombe peu à peu amoureuse… «
Nous avons eu la chance lors de cette projection d’avoir une introduction sur le contexte du tournage et de la restauration par Mme Ellen SCHAFER, responsable du Catalogue SNC. Puis après à une séance de questions / réponses. Nul doute qu’elle connaît très bien son sujet et que celui-ci la passionne.
Elle est notamment revenue sur le contexte du tournage difficile car, dans cet immédiat après-guerre, les difficultés techniques étaient nombreuses tant sur l’approvisionnement et la qualité des pellicules que parfois même sur le manque d’électricité à des moments cruciaux. Le poète Jean Cocteau a consigné minutieusement ses pensées lors de la création de ce long-métrage dans « La Belle et la Bête, Journal d’un film ».
Cette chronique qu’il tenait est bien sûr la matière principale permettant de décrypter le film mais aussi pour sa restauration car il contenait des informations permettant de guider les équipes techniques qui en avaient la charge.
» Le tournage s’est déroulé entre le 26 août 1945 et le 11 janvier 1946. Les scènes extérieures ont été filmées à Rochecorbon (Indre et Loire) et au Château de Raray (Oise). Le tournage en studio a été effectué à Epinay-sur Seine (Eclair) et à Saint-Maurice (Franstudio). Le film sort à Paris le 29 octobre 1946 après avoir été présenté au premier Festival de Cannes en septembre. «
L’interprétation des rôles principaux a été attribué à Jean Marais qui est à la fois Avenant, La Bête et Le Prince, et à Josette Day parfaite en Belle des années 40.
Dans La Belle et la Bête Jean Cocteau s’adresse à un public familial. Aux enfants bien sûr mais aussi aux adultes, comme il l’écrit lui-même : « Il reste heureusement de l’enfance dans ce public blasé. C’est cette enfance qu’il faut atteindre. C’est la réserve incrédule des grandes personnes qu’il faut vaincre« . D’ailleurs le film démarre sur le générique que les différents intervenants écrivent à la craie sur un tableau (ce qui est assez déroutant en 2013 il faut bien l’avouer).
Dans ce film en noir et blanc la lumière tient une place cruciale. Elle a été très travaillée, et différente selon que l’on soit dans le monde réel (la famille de Belle) ou fantastique (le château de la Bête). Les décors sont étonnants, pour donner vie aux personnages enchantés des visages et des bras sortis de nulle part tiennent les chandeliers et divers ustensiles. Une manière plutôt intelligente de retranscrire le côté mystérieux et magique de cette demeure.
Les effets spéciaux, entre hommages à Méliès et innovations techniques pour l’époque, sembleront un peu désuet, notamment quand Belle s’envole ou se téléporte, mais justement c’est aussi le charme que l’on cherche en revoyant un classique du genre tel que celui-ci.
Le long métrage a déjà bénéficié d’une restauration photochimique en 1995 sous la direction du chef opérateur de l’époque : Henri Alekan. Celle-ci, accompagnée des notes qui ont été réalisés, a été très utile dans cette nouvelle restauration. Un important travail de recherches a également été indispensable pour retrouver les 843 images manquantes. Enfin il fallait aussi créer un DCP (une copie numérique) pour l’exploitation dans nos salles aujourd’hui.
Je ne suis cependant pas assez expert pour en comprendre chaque rouage (détails ici : Dossier de Presse La Belle et la Bête – Jean Cocteau) ni pour comparer la qualité avec la version originale.
Ce que je peux dire par contre c’est que ce fut un réel plaisir que de voir La Belle et la Bête sur grand écran ! En plus avec votre billet de cinéma vous pourrez aller gratuitement à l’exposition de la Cinémathèque Française. Si vous êtes cinéphiles vous auriez tort de ne pas en profiter.
Léopoldine aussi a apprécié même si elle a trouvé le film moins drôle que la version Disney. C’est normal il est plus sombre, et pas seulement car en noir et blanc. Mais alors que je sentais certains blogueurs dubitatifs, je suis content de l’avoir emmené et qu’elle ai pu profiter de ce moment important pour sa culture. Je conseillerais donc une projection en famille à partir de 7 ans pour les plus avertis, 10 ans sans aucun doute. Et si vous en avez quand même un, optez pour le Blu-Ray qui suivra ! L’important je crois est de les préparer à ce qu’ils vont voir.
Le film ressortira donc dans toute la France le 25 septembre 2013 (peu de copies cependant, ce qui n’est pas une surprise). Le DVD et le BRD seront eux commercialisés le 9 Octobre. Je suis curieux de voir quels bonus seront ajoutés tant il y a à dire sur ce film et cette restauration. J’espère qu’ils ont fait le maximum.
Merci à SND/SNC/M6 pour cette soirée très agréable.