Jean-Michel Jarre est l’un de ces artistes français hors norme comme l’on aimerait en voir plus. Précurseur dans la recherche musicale et la variété electronique, organisateur de concerts gigantesque, cet artiste a de nombreuses fois travaillé avec de nombreux artistes asiatiques, notamment chinois et japonais… Mais qui est Jean-Michel Jarre ?
Tout d’abord permettez moi un petit tour d’horizon de sa carrière. Fils d’une résistante lyonnaise et de Maurice Jarre, compositeur à succès de musiques de film (Docteur Jivago et Lawrence d’Arabie entre autres), le petit Jean-Michel naît le 24 août 1948. Son père n’eut que très peu d’influence sur son univers musical ayant très tôt émigré pour les États-Unis (l’ironie de l’histoire voudra qu’une énorme affiche sera placée juste en face de lui pour le concert à Houston). Par contre son grand-père fut l’un des inventeurs du fameux tourne-disques Teppaz, et Jean Michel sera fasciné par ce créateur musical.
Contrairement aux idées reçues, il débutera un apprentissage de la musique très conventionnel avec le conservatoire et le piano. Il fondera avec des amis un groupe nommé « Dustbins », un groupe de rock qui participera au tournage du film « Des garçons et des filles » d’Étienne Périer (1968). C’est cette année là que sa vision de la musique prendra un tournant déterminant, avec la rencontre de Pierre Schaeffer fondateur du GRM (groupe de recherche musical). Il y composera en douce « La cage » et « Eros machine » deux albums expérimentaux (c’est rien de le dire ^__^ 117 exemplaires vendus).
Mais Jean-Michel n’abandonnera pas. En 1972 il rencontre Francis Dreyfus, patron de la maison de disque du même nom, qui le poussera à écrire (des paroles !) pour des chanteurs du moment, ce qui donnera naissance aux « Mots bleus » succès international de Christophe et à « Où sont les femmes » de Juvet. C’est à cette période que son premier album à être vendu aux États-Unis voit le jour « Deserted Palace », et qu’il composera la bande originale du film « Les Granges brulées » de Jean Chapot avec Alain Delon et Simone Signoret (disque réédité récemment).
Peu après une autre rencontre importante de sa vie Michel Geiss, Jean-Michel Jarre décidera de travailler sur un album de musique électronique utilisant les techniques modernes de travail sur le son…. C’est deux ans plus tard en 1976 qu’Oxygène nait…
Succès colossal pour cet album qui détient toujours le record de l’album francophone le plus vendu dans le monde avec plus de 12 millions d’exemplaires. Il enchainera de nombreux autres albums où il tentera d’innover constamment.
On peut facilement distinguer plusieurs périodes dans sa discographie :
– Oxygène, Équinoxe, Champs magnétiques, Zoolook qui sont des albums aériens, empreint de recherche musicale et sonore poussée (qui atteindra son paroxysme saisissant avec Zoolook un album combinant la musique électronique et de nombreux dialectes du monde entier…)
– Rendez-vous, Révolutions, En attendant Cousteau, Chronologie et Metamorphoses qui eux, tout en étant toujours de la musique électronique, seront d’avantage symphoniques (pour Rendez vous 2 ou Révolution Industrielle) et pop (pour Rendez Vous 4, Chronologie 4 et Calypso…)
– Et sa période actuelle que j’aborderai en fin d’article.
Une autre caractéristique de Jarre, ce sont ses concerts phénoménaux. Il n’y a aucun autre terme pour les qualifier, et si vous voulez mon avis aucun concert de Johnny au stade de France ne viendra le détrôner sur ce plan là (même s’ils partagent le même producteur Camus, qui semble privilégier aujourd’hui sa star nationale….). Son premier concert sera joué à la Concorde (Paris) le 14 juillet 1979 (bonne année il me semble 😉 ) devant (et à la surprise générale) 1 000 000 de spectateurs et beaucoup plus d’européens scotchés à leurs téléviseurs. Il expérimente là son concept de concerts urbains, utilisant lasers et feux d’artifices pour faire vivre sa musique au travers la résonance du quartier insolite qu’il aura choisi.
Il donnera de très nombreux autres concerts dont la première tournée d’un artiste occidental en Chine ! Jarre y mêlera la musique traditionnelle chinoise à sa musique électronique avec un vibrant hommage, ce qui est et restera mon morceau préféré du compositeur « Souvenirs de Chine ». S’en suivront un concert à Houston en 1986, un autre à Lyon pour le pape Jean-Paul II, Destination Docklands sur les docks de Londres sous une pluie diluvienne en 1988, son concert à La Défense (Paris) en 1990 devant 2 500 000 spectateurs, celui à Moscou (prolongement de sa tournée indoor Oxygène Tour) devant plus de 3 000 000 de russes en délire, sa tournée européenne qui s’achèvera à Hong Kong, son concert sous les pyramides égyptiennes, ou celui au Danemark sous les éoliennes pour ne citer qu’eux.
Jean-Michel Jarre sera régulièrement récompensé pour son travail avec le grand prix de l’académie Charles Cross, une victoire de la musique, il a même été élu Homme de l’année en 1977 par le magazine américain People !!! En 1995 il sera nommé ambassadeur de bonne volonté par l’Unesco ce qui donnera lieu à un concert pour la Tolérance cette même année sous la Tour Eiffel sur le Champs de Mars. Il se produira à nouveau sur ce lieu de prédilection en 1998 peu après la finale victorieuse de la coupe du monde de football avec un artiste japonais Tetsuya TK Komuro pour un concert très techno, mais (je le sais pour y avoir été) réussi. Un autre concert aura lieu au Japon cette fois sous le nom « The Vizitors » avec une musique totalement inédite en France (reprise récemment par Palmade avec sa chanson Jte flash jte love qui gâche tout…).
Aujourd’hui Jean-Michel Jarre semble un peu se chercher musicalement. Alors que de nombreux artistes font des méga concerts, et que la musique électronique a largement envahis notre quotidien, il cherche à plus de 50 ans à se renouveler. Cela donnera naissance à un album Jazzy Sessions 2000 que je n’apprécie pas trop, et Geometry of love un album très lounge, très contestable, mais qui a su ravir de nombreux fans. 2004 devrait être chargé puisque deux Best of sont prévus tout d’abord Aero avec ses succès réarrangés et un autre « The Essential ». Enfin il est prévu qu’il se produise en concert à Pékin fin 2004 pour l’ouverture de l’année de la France en Chine.
Jean-Michel Jarre on aime carrément ou on aime pas du tout. On peut être totalement hermétique à son esprit et à son travail ou l’adorer. Certes on peut préférer l’une ou l’autre de ses périodes (personnellement j’ai un faible pour Zoolook, Rendez vous et Révolutions) mais que l’on aime ou que l’on aime pas, Jean Michel Jarre restera toujours un artiste français… à part.
SA DISCOGRAPHIQUE (non exhaustive, beaucoup d’albums ou de live ne sont pas distribués…)
- DESERTED PALACE (1972)
- OXYGENE (1976)
- EQUINOXE (1978)
- LES CHANTS MAGNETIQUES (1978)
- LES CONCERTS EN CHINE (1982)
- MUSIQUE POUR SUPERMARCHE (1983) 69 000 F aux enchères, diffusé sur RTL avec le fameux piratez moi !
- ZOOLOOK (1984)
- RENDEZ-VOUS (1986)
- HOUSTON-LYON / CITIES IN CONCERT (1987)
- REVOLUTIONS (1988)
- JARRE LIVE / DESTINATION DOCKLANDS (1989)
- EN ATTENDANT COUSTEAU (1990)
- CHRONOLOGIE (1993)
- HONG KONG (1994)
- OXYGENE 7-13 (1997)
- ODYSSEY THROUGH O2 (1998)
- METAMORPHOSES (2000)
- SESSIONS 2000 (2001)
- GEOMETRY OF LOVE (2003)
Pour en savoir plus :
Commentaires
Jean Michel Jarre, d’Oxygène à Geometry of love , le 29 janvier 2008
le grand-père de Jean-Michel Jarre n’a pas du tout inventé l’électrophone Teppaz comme vous le dites.Il a travaillé chez Teppaz comme ingénieur.Nuance !
> Jean Michel Jarre, d’Oxygène à Geometry of love par Tsubasa, le 23 février 2004
Pour ma part il s’agit de l’album Oxygene que j’ai écouté en premier et qui m’a permi de connaitre ce genre de musique. J’en ai été très content smiley
Il est vrai que Jean Michel Jarre ne fait pas les choses à moitié lorsqu’il fait une représentation. Souvenez vous de la pyramide de Khéops, une douceur pour les oreilles et un plaisir pour les yeux. :’smiley
> Jean Michel Jarre, d’Oxygène à Geometry of love par Aurelien, le 23 février 2004
Pour tous les fans de JMJ, je vous conseille vivement le site Jarrologie mentionné dans les liens ci-dessus. Ce site, réalisé par un ami de longue date, contient des infos et photos qu’on ne trouve pas ailleurs.
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> Jean Michel Jarre, d’Oxygène à Geometry of love par sephirotess , le 23 février 2004
Je me souviens très bien de la période « Rendez-vous », c’est je crois le premier album que j’ai eu (sous forme de K7 par contre). Je n’arrêtais pas de me repasser « Rendez-vous 2 », un morceau vraiment innovant et à l’opposé des œuvres de l’époque. Jarre est un quelque sorte un martien, bien avant les Daft Punk et tous les groupes de techno smiley.
> Jean Michel Jarre, d’Oxygène à Geometry of love parhiram, le 23 septembre 2006
Bon, le problème avec JM Jarre c’est qu’on tombe rarement dans le ouais bof, c’est soit l’amour soit la haine, c’est curieux ce rapport qu’on les Français avec ceux qui vendent des disques, le succès serait-il vulgaire (au sens étymologique). Moi j’aime tout simplement et je ne peux oublier ce que Jarre a su composer de beau à une époque ou synthés rimait avec abstrait. Il a su mettre de l’harmonie là où il n’y avait que des maths et de la froideur scientifique.