1) François Corbier et l’Internet
– Comment as tu fait connaissance avec l’informatique et l’internet ?
L’informatique m’a été révélée…au début des années 6O. C’était les prémices. On parlait à l’époque de fiches perforées. Les ordinateurs étaient énormes. Rares. Et surtout pas familiaux. De nouveaux métiers voyaient le jour et je me souviens avoir un temps rêvé de devenir « programmateur ». Ne me demande pas en quoi ça consistait, je n’en sais foutrement rien, mais ça me semblait quelque chose d’extraordinaire, donc fait pour moi… La découverte d’Internet, par la force des choses, est forcément beaucoup plus récente. C’était il y a 7, 8 ans, lors d’une discussion avec Pat Leguen, (le réalisateur du Club Dorothée), je me souviens parfaitement, qu’il m’avait parlé du Web en me disant qu’une fois de plus la France faisait une connerie avec le Minitel…
– Est-ce que tu surfs souvent ? Sur quels genre de sites ? Quels genres d’activités préfères tu avoir sur Internet ? (chat, forums, consultations de sites, échange d’emails)
Je ne vais jamais sur le web. Ce n’est pas que l’envie ne me taraude pas. Je suis comme tout le monde. Je présume qu’il doit y avoir des foules de choses à voir, à lire, à entendre… en un mot à découvrir, mais je ne possède pas d’ordinateur à la maison…
– Quand et comment t’es venu l’idée puis l’envie de créer ton site ? Est-ce toi qui l’a crée ?
Lorsque j’ai décidé de reprendre ma guitare, je me suis dit que la seule façon simple de faire savoir que je m’étais remis à la chanson (que j’avais quitté depuis une quinzaine d’années – les années télévisions n’ont pas réellement servi ma carrière d’auteur ni celle d’interprète, j’ai d’ailleurs rencontré il y a peu, un fan (me dit-il), animateur de radio, qui ignorait totalement que je jouais de la guitare et que je chantais…) J’ai donc demandé à mon fils qui est webmaster d’avoir la gentillesse de penser à un site pour moi. Nous y avons réfléchi ensemble et de nos multiples cogitations la lumière a fini par jaillir..
– Comment vois tu l’Internet surtout en ce moment où la crise frappe ce secteur et où le législateur tente de le réguler ?
Comme je te l’ai dit plus haut, je n’ai pas d’ordinateur à la maison, et ma vision d’Internet en est forcément altérée. Cependant, si la toile est un merveilleux moyen de liberté, c’est aussi une putain de saloperie de catalogue de la Redoute des Trois Suisses, et que nos amis les commerçants y ont trouvé un moyen supplémentaire d’essayer de faire du fric. S’il s’y cassent les dents, tant pis. De plus, à cause des escrocs de tous poils (pour les anciens, Hermès était le dieu des marchands et des voleurs n’oublions jamais cela), cet espace de liberté sera forcément châtré. C’est con, mais qu’y faire ? On ne peut décemment pas envisager de fusiller à la fois tous les commerçants, tous les voyous, tous les pédophiles, toutes les putes et tous les cons… je me ferais trop chier tout seul.
2) François Corbier pendant les années 60-70
– Tu as débuté ta carrière de chanteur comme beaucoup d’artistes par les cabarets. Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts ?
J’ai commencé à écrire des chansons avec mon frère Jean-Pierre. Nous avions monté un numéro de duettiste. Gouate et Mallat… Ainsi qu’on l’aura deviné, ce ne fut pas le triomphe espéré…mais cela nous permit de faire nos début dans les petites boites de la Rive Gauche parisienne avec des gens pour lesquels mon admiration n’a pas connu de cesse : Barbara, Bobby Lapointe, Les Frères Ennemis, plus tard, Henri Tachan, Serge Lama pour ne citer que les stars.
– Tu as eu l’immense chance de rencontre G. Brassens. Peux tu nous raconter comment s’est passé cette rencontre, ce que tu as ressenti et ce que tu gardes de lui encore aujourd’hui ?
J’avais 16/17 ans lorsque prenant mon courage à deux mains, je suis allé chanter à Brassens – dans les coulisses du grand music hall de la rive gauche : Bobino – mes quatre ou cinq malheureuses chansons qu’il a eu la gentillesse d’écouter. Mieux que cela, comme ma guitare était terriblement fausse, il m’a prêté la sienne… Non seulement il m’écouta avec bienveillance, mais il me fit un mot (sur une de ses cartes postales) pour son directeur artistique chez Philips : Claude Dejaques. Je pense encore aujourd’hui avoir ce jour là tutoyé le bonheur.
– Tu nous parles dans ta biographie du Mouvement « Bichebochien » et des « chansons flashs » peux tu nous en dire + sur ces créations ?
Est-il possible de les découvrir aujourd’hui ?
Le Mouvement Bichebochien qui n’existe que pour le plaisir de raconter des âneries sur scène, n’a jamais dépassé le stade du canular. Il s’agissait en fait d’un sketch un peu intello, basé sur la culture poétique. Le Mouvement bichebochien se voulait totalement démocratique, ouvert à tous et surtout aux analphabètes. Tous le monde peut écrire un poème Bichebochien. Pour cela il suffit de choisir un mot. De changer une consonne ou une voyelle de ce mot. Recommencer l’opération afin d’obtenir plusieurs mots. Puis d’assembler tous ces mots pour en faire une œuvre pseudo-poétique.
Exemple : Une biche. (J’ôte le » i « . Je le remplace par un O, puis par U, puis par A et par E. Je change ensuite une consonne. De bIche, j’ai fait bAche, j’en fait Mache…) et voici le poème qui donne naissance au Mouvement et lui offre son nom : Une biche et un boche sous une bâche bêchent et mâchent une buche. C’est Noël ! Cette œuvre totalement idiote provoque en général chez l’auditeur ou le lecteur, un état proche de la stupeur. Il peut quelquefois – rarement – déclencher l’hilarité. Jamais il ne porte aux larmes. C’est une chance. Les chansons flashes consiste à écrire une chanson en quatre vers. Trois pour la situation, le quatrième pour la chute. Le procédé n’est pas nouveau. Déjà Franc Nohain, ami d’Alphonse Allais, et Allais lui-même pratiquaient ce genre d’exercice. Ils appelaient alors cela des Fables Expresses. Le chanson flash se différencie de la fable par la musique. Les pères fondateur de la chanson flash sont -outre moi-même- Raymond Devos et Claude Serat (le papa du célèbre compositeur de musique de film) Exemple de chanson flash : Si les profs des écoles Sont pédophiles mon bébé C’est pour que le monopole Ne reste pas chez les curés.
– Tu as également eu la chance de bruler les planches en tant que comédien. Quels souvenirs en gardes tu ? Ressentais tu les mêmes sensations que pendant tes activités de chansonnier ou était ce totalement différent ? Existe-t-il des enregistrements vidéo de tes performances d’acteur ?
J’ai très peu joué la comédie sur scène. Je le regrette. C’est chaque fois une expérience formidable et de riches souvenirs . Le travail de comédien en troupe est totalement différent de celui de chansonnier. Les sensations en sont aussi très éloignées. Être seul en scène, c’est un trac colossal assuré. La peur de se viander grave. Quand on est plusieurs sur scène, on a toujours le recours de se dire qu’en cas de problème, les autres comédiens sont là pour rattraper la cagade. Enfin, c’est comme ça que je vois les choses, et que je les ai ressenties. Il n’existe aucun documents sur ces courtes expériences
Troisième partie de l’interview de Mr. Corbier^^ : François Corbier pendant les années Dorothée 80-97
– Commence alors l’aventure Dorothée. Comment se sont passés ces 17 ans à ses cotés ? Aviez vous une relation amicale ? ou purement professionnel ?
J’ai travaillé avec l’équipe de Dorothée 14 années. Du premier mercredi de Janvier 82 jusqu’en septembre 96. Puis je suis revenu faire quelques émissions avec l’équipe pour la clôture de l’aventure en 97. J’ai beaucoup de respect pour Dorothée, et je considère que les gens qui la salissent sont à hauteur de leur trou du cul… Cabu qui a travaillé avec elle longtemps n’en a jamais dit du mal. Gotlib non plus. Ni Wiliam Leymergie. Salir ce qu’on ne peut atteindre fait parti du sport pratiqué par quelques minables. J’espère qu’ils auront leurs merdailles ! Mort aux cons ! Ces réflexions faites, mes relations avec Dorothée n’ont été que professionnelles, mais cela n’empêche pas l’amitié.
– Tu as débuté avec des chansons que l’on écoute encore aujourd’hui avec beaucoup de nostalgie mais dont on parvient seulement à percevoir les subtilités. As tu pris du plaisir à chanter « Le nez de Dorothée » et « Laissez les mamies faire » ou était ce plutôt pour toi une tremplin pour pouvoir exprimer des sentiments plus profonds ?
Merci d’écouter encore ces vieilles chansons. Elles ont été écrite pour vous amuser, et je les chantais aussi en cabaret où elles étaient entendues autrement. Les composer a été un plaisir. Les Chanter aussi. Je suis tout à fait ravi si vous leur découvrez d’autres vertus aujourd’hui.
– D’autres ont chanté des génériques de DA comme Bernard Minet, chansons écrites par Mr Azoulay. Comment juges tu la qualité de ces chansons ? Les aurais-tu chantées ? Que t’inspire le come-back de Mr. « Minet » sur les scènes parisiennes totalement à l’opposé de ce que tu fais aujourd’hui ?
Bernard Minet est un garçon extrêmement sympathique. Nous n’avons pas les mêmes idées philosophiques, mais cela n’empêche pas les bonnes relations. Nous nous téléphonons régulièrement, il est venu me voir chanter mes petites chansons, et si je ne suis pas encore allé l’écouter, c’est que je ne fréquente pas les nightclubs. La qualité des chansons composées pas Monsieur Azoulay ne correspond pas à ce que je cherche, mais il en faut pour tous, et puis si c’était si mauvais, pourquoi le public en a-t-il fait des tubes ? Vaste débat… Enfin, quoi qu’il en soit, je n’ai pas de regret concernant les génériques, et si quelquefois à l’époque, j’ai pu penser le contraire, je me dis que si je l’avais fait, c’eut été sans doute, un peu encombrant…aujourd’hui.
– Tu as partagé la vie de nombreux enfants pendant ces années Club Dorothée. J’ai même eu l’occasion de te voir alors que je ne devais avoir que 12 ans lors d’un tournage à Nice où le reste de l’équipe a refusé de se déplacer et où tu me semblais bien triste. D’où cette question : le quotidien du Club Dorothée était il aussi idyllique qu’il n’y paraissait ?
Je n’ai pas le souvenirs de ce dont tu me parles, mais il est vrai que le métier de comédien, de chanteur ou d’animateur de télévision a ses aléas comme n’importe quel autre profession. Ajoute à cela le stress, le trac, les voyages permanent – qui épuisent – et tu comprendras qu’il peut parfois y avoir des tiraillements. L’égo des artistes étant très développé… Tout est possible…
– Tu dis sur ton site que tu ne t’intéresses pas du tout aux dessins animés. Te préoccupais tu de la programmation de l’émission à laquelle tu participais ? Comment as tu vécu la cabale anti club Dorothée menée par la presse bien pensante, certains politiques et une certaine chaine de télévision ?
C’est exact. Dans l’ensemble, j’ai cessé de m’intéresser aux dessins animés après avoir vu Peter Pan lors de sa sortie en France. Je devais avoir alors une 12aine d’année. Pour en venir au fond de ta questions : Oui les dessins animé m’emmerdent. Je préfère regarder des comédiens plutôt que des traits de fusains. De plus, les DA Japonais m’épuisent. Tout ces cris, ces bonds, toutes ces couleurs gueulardes, et les musiques chiantes font que j’ai beaucoup de plaisir a retrouver Mozart et Buster Keaton..
La Presse dit ce qu’elle veut. Comme elle le désire. A chacun de faire le tri… Le problème, c’est qu’à travers Dorothée qui fut à l’époque copieusement roulée dans la farine, et qui semble ne pas pouvoir s’en remettre mentalement et physiquement, c’était en réalité Messieurs Azoulay et Berda, propriétaires d’AB, qui étaient visés. Il m’aurait semblé plus honnête à l’époque des articles incendiaires, de lâcher DO, et de viser un peu plus et un peu mieux Monsieur A et Monsieur B…
– As tu des nouvelles récentes de Dorothée, Ariane, des autres héros, des musclés, de Pat Leguen, de M. Azoulay et surtout (qui étaient Sahara le dromadaire extra terrestre et Mr Cadeau ?). Sais tu si certains d’entre eux sont connectés au web comme toi avec ton site officiel ?
Je suis resté en excellent terme avec tous les animateurs de l’émission. Nous nous voyons peu mais nous nous téléphonons de temps à autre, et puis lorsque c’est possible, nous nous réunissons pour un déjeuner, voire un diner. Alors me diras-tu, où dinez vous ensemble une fois par an ? Chez l’un ou chez l’autre… Pas fous !. Sahara avait la voix de Jean-Luc Azoulay… Quand à monsieur Cadeau, il s’agit d’un comédien dont le nom n’a jamais été divulgué, et tant qu’il ne me donnera pas l’autorisation de la faire, vous ne le saurez pas… Ah ! je suis dur !
– Et si c’était à refaire ?
Si c’était à refaire, je le referais sans doute car on commet toujours les mêmes erreurs. Cependant, j’essayerais d’être un peu plus clair et plus ferme sur la façon dont j’ai laissé des gens gérer toutes ces années de MA vie…
Quatrième et dernière partie de l’interview de Mr. Corbier^^ : L’actualité de François Corbier
Aujourd’hui, j’ai repris ma guitare. Je tente de chanter le monde tel que je le perçois. C’est quelquefois assez rigolo, pas toujours. Un peu désenchanté, un peu trublion, un peu philosophe, jamais prétentieux, je fais le maximum pour nager encore un peu dans le panier de crabes.
– Quel jugement portes tu sur la société actuelle ?
Le monde d’aujourd’hui me semble bien mal barré. Guerres, révoltes, OGM, Nucléaire,Marées Noires, Pédophilies, meurtres pour 12€ et j’en passe. Rien de tout cela ne me semble très joli…. Heureusement qu’il me reste Bob Dylan, Renaud, Brassens et Leforestier pour rêver un peu ! Bordel !
– Carnet Mondain n’est pas distribué par une major (tout comme il me semble le récent album d’Hélène qui se voulait lui aussi moins commercial que ceux de l’époque AB) est ce une décision de ta part ou es-tu boudé par les grands labels pour avoir « fauté » avec Dorothée ?
Carnet Mondain a été écrit sur la poussée fulgurante de mes amis et de ma famille qui me voyant jour après jour dépérir, m’a poussé a reprendre la guitare et le stylo. Ce fut un peu difficile. Quand on n’a rien foutu pendant 14 ans, s’y remettre c’est galère… Après ce premier album, je viens d’enregistrer un live avec une seule reprise de l’album précèdent. Ce dernier disque a été enregistré à Macon, et je suis déjà sur le prochain. Mon but n’est pas de faire fortune avec tout ces disques qui ne sont d’ailleurs pas distribué ailleurs qu’à la Compagnie de la Ruelle. 3 Ruelle des Pierres. 7722O Presles en Brie en échange d’un chèque de 16€ par album (y-a pas de petites pub) mais de poursuivre le contact avec les gens qui m’aiment et qui en veulent encore. Rien a dire sur la télé, ses stars, ses chanteuses, ses animateurs. J’ai quitté ce monde. Il ne m’a intéressé que dans le mesure ou il m’a permis d’y gagner ma vie. Je ne l’écoute pas. Je ne la regarde pas. Ou si peu…
5) Question subsidiaire :
– Qu’est ce que le lalahaitou ?^^
Le lalaïtou est le chant profont du Yodleur.
– Comment va ton ulcère ?
Mieux. Beaucoup mieux.
– Quelle heure est il et que vas tu faire maintenant ?
Il est 13 H 50. Je vais déjeuner avec ma famille qui m’attend depuis une heure pour bouffer, et qui commence à râler que ces histoires d’entrevue ça commence à bien faire et que….
Salut. Corbier