En 2009 je vous parlais de mon histoire avec la langue anglaise, et l’année suivante je faisais le point sur l’application de mes rêves : la traduction instantanée. C’est en Août 2013 que je testais pour la première fois Duolingo, une application innovante pour progresser en langues. Ces articles ont longtemps figuré parmi les plus lus de ce blog, la preuve pour moi que c’est une véritable préoccupation pour beaucoup (La France est le dernier des pays européens en maîtrise de la langue anglaise et 37e au niveau mondial sur 70 pays non anglophones, selon une étude publiée en décembre 2015). Nous sommes en 2018, est-ce que la situation a beaucoup évolué ?
Trouver une bonne raison pour apprendre une langue ? Cela ne suffit pas !
D’un point de vue personnel, j’ai vite abandonné Duolingo lors de ce premier essai qui au final s’était révélé prometteur mais insatisfaisant. Cela ne m’a pas empêché de réessayer comme nous allons le voir. Car il y a eu un déclencheur qui a fait que j’ai commencé à en avoir envie. Il ne suffit pas de se dire « j’en ai besoin pour le travail », il a fallu que je réalise que cela m’était nécessaire pour voyager. Notre séjour à Londres avec les filles a donné le déclic salvateur comme celui à Orlando en Floride. D’autres projets comme le rêve d’aller au Japon sont moteurs de cette envie. Enfin, Léopoldine – qui a d’excellents résultats en anglais au collège – contribue à cette envie de progresser. Trouver une bonne raison d’apprendre une langue c’est une chose, en trouver une qui soit enthousiasmante c’est encore mieux.
Traduction instantanée et automatique : Les promesses de Google, de Google Traduction aux Pixel Buds
Est-ce qu’au cours de toutes ces années la traduction automatique et instantanée a progressé ? Faire tomber la barrière de la langue, et améliorer la communication des humains entre eux, c’est une des promesses que l’on a souvent entendu de Google, Microsoft et d’autres acteurs de l’industrie numérique. Quand on y pense c’est presque la suite logique de la révolution numérique, car Internet facilite les échanges et le smartphone nous simplifie la vie au quotidien (qui aurait encore l’idée de sortir une carte routière sous format papier ?). On nous parle d’assistants personnels (plus ou moins décevants pour l’instant) et d’intelligence artificielle, mais concrètement on ne voit rien de bluffant. Quand on utilise Google Traduction pour vérifier une phrase ou un mot, on est toujours souvent interloqué par certaines tournures proposées. Même s’il y a sans doute du mieux (heureusement avec le nombre de requête que Google peut utiliser pour apprendre grâce au machine learning), je n’ai encore jamais entendu quelqu’un me dire qu’il allait utiliser Google Traduction avec une confiance aveugle … Pour l’améliorer Google a été très fier d’annoncer fin 2016 son Google Neural Machine Translation system (GNMT), système se basant sur les réseaux neuronaux (fonctionnant sur le modèle de notre mémoire). On oublierait ainsi le mot à mot pour passer à une compréhension plus globale. Le taux d’erreur serait, selon Google, réduit de 55 à 85%, rien que ça et cela devrait s’améliorer avec le temps.
Google ne s’arrête pas là puisqu’ils commercialisent depuis fin 2017 et sur certains pays (pas en France malheureusement, pays polyglotte s’il en est) des écouteurs qui s’appellent Pixel Buds. Leur promesse ? Traduire en instantanée ce que vous entendez (40 langues supportées), traduire ce que vous dites en réponse, et le dire via les écouteurs de votre smartphone. Pour l’instant au rang de curiosité, ces objets ont plusieurs défauts : les mêmes que Google Traduction, une compatibilité limitée à Android (à Apple de faire mieux, mais attention à la compatibilité des systèmes), la nécessité d’avoir une connexion rapide disponible, l’autonomie, et bien sûr le besoin que notre interlocuteur ait aussi ses écouteurs pour une conversation fluide. Cela aurait d’ailleurs pu être une killer app des regrettées Google Glass lancées et disparues trop tôt de nos écrans radars. D’autres systèmes ont vu le jour : on pense à Skype Translator qui pourrait jouer le même rôle sur une conversation vocale par exemple. Le jour, que l’on espère très prochain, où tout cela sera au point, on pourra imaginer avoir la possibilité d’un web qui s’afficherait entièrement dans notre langue, d’emails traduits à la volée, d’échanges plus fréquents avec nos collègues à l’autre bout du monde, et sans doute de nouvelles chances de collaborations, de voyages et de rencontres (avec les voitures autonomes et hyperloop pour nous aider cela va de soi 😉 ). Le jour où tout cela paraîtra naturel, comme ça l’est pour nos enfants d’utiliser Google ou Wikipédia, alors le pari sera gagné. Dès que l’on peut tester on vous en parle dans nos Revo-Rama.
De Duolingo à MosaLingua pour l’apprentissage d’une langue
N’ayant pas une DeLorean Volante pour rapporter tout cela du futur, il faut composer avec. D’ailleurs je ne pense pas que ces outils doivent nous affranchir de l’apprentissage d’une ou plusieurs langues, comme on doit pouvoir utiliser une carte routière au format papier. En attendant utilisons des applications pour nous aider dans cet apprentissage.
Il y a toujours Duolingo qui a évolué depuis notre dernier test. L’interface est plus claire et agréable mais, après avoir fait le programme anglais en entier, je me suis heurté à deux problèmes : le manque cruel de contenu additionnel pour continuer, et l’arrêt de la traduction collaborative qui était vraiment une plateforme communautaire très appréciée. Deux nouveautés intéressantes en contrepartie. Tout d’abord une certification online (par un humain) via une application dédiée « Duolingo test » pour laquelle l’équipe promet « qu’une étude indépendante a montré que les scores sur le nouveau Test d’aptitudes en anglais sur Duolingo sont fiables et étroitement corrélés avec le TOEFL iBT ». Cela peut donc être utilisé pour promouvoir votre maîtrise de l’anglais sur votre CV (si tant est que les recruteurs connaissent Duolingo) ou au contraire par un employeur pour tester votre aptitude avant embauche. Je trouve que c’est une excellente idée. L’autre est l’ajout de chatbot pour simuler des conversations et vous faire progresser. Nous avons testé en beta, l’idée n’est pas inintéressante et mérite d’être développée. Mais pour le coup, je préférais le côté humain de la plateforme communautaire ou celle de trouver un correspondant comme dans le bon vieux temps. Bilan mitigé donc pour une start-up qui a visiblement été contrainte de faire des choix en espérant qu’elle reprendra les services en pause ou abandonnés.
Je suis donc passé sur Mosalingua que je continue à utiliser ce jour avec l’application classique et celle dédiée au Business. L’application fonctionne sous forme de cartes avec des phrases ou mots clés à apprendre (type ANKI Flashcards). Vous avez une étape prononciation et une autre d’écriture. Au final vous indiquez si cela a été facile, difficile, à revoir, ou parfait. Les jours suivants les cartes reviennent en fonction d’une courbe d’apprentissage, les difficiles reviendront bien sûr plus souvent. Cette méthode, plutôt similaire à Duolingo, est efficace car on retient rapidement et cela finit par rester dans la mémoire à long terme tant que vous continuez à vous entraîner régulièrement (c’est la condition de la réussite). Mosalinga se concentre également sur les mots et phrases les plus utilisées dans la langue cible, vous évitant ceux qui, au final, vous n’utiliserez jamais. Vous avez également des conseils réguliers et des certificats de réussite à plusieurs étapes. Il existe également une plateforme web sur abonnement où on vous poussera à prendre des services complémentaires ou des webinar. On peut noter des idées intéressantes comme une extension pour votre navigateur pour l’ajout de mots ou des renvois vers des applications comme FLEEX pour apprendre une langue via des sous-titres de série par exemple (fonctionne avec Netflix mais seulement sur un ordinateur). Entre nous je suis moins convaincu pour le moment par la version web, et le service idéal se situe certainement dans une fusion entre Duolingo et Mosalinga pour avoir le meilleur des deux mondes.
Le secret est bien sûr d’être régulier, il m’arrive parfois d’oublier ou de ne pas avoir le temps, mais chaque semaine je le fais plusieurs fois. Il n’y a plus qu’à continuer de progresser en anglais et de me mettre … au japonais 😉