Un avis à propos de cette bête curieuse. Après le succès retentissant de Gundam Seed, Sunrise surfe sur la vague en réalisant cette séquelle. Dénigrée par beaucoup comme étant indigne de sa préquelle, elle mérite néanmoins qu’on lui rende justice en mettant en avant certaines qualités, qui font de Gundam Seed Destiny une série plus ambitieuse et plus complexe que sa grande sœur.

Deux ans après la fin du conflit entre l’Earth Aliance (Alliance Terrestre) et Z.A.F.T (la milice de PLANT, les colonies high-tech des Coordinateurs), les hostilités reprennent suite à un vol d’arme G dans les hangars de Z.A.F.T par trois jeunes membres des Forces Terriennes. On suit le trajet de Shin Asuka, adolescent de 16 ans originaire de Orb, engagé volontaire chez Z.A.F.T. Plein de rage et ivre de vengeance à la suite de la mort brutale et atroce de sa famille, à laquelle il a assisté deux ans plus tôt lors d’une bataille que menaient les héros de Seed et qu’il impute au gouvernement de Orb, il est entouré du personnel du tout récent vaisseau de combat des Coordinateurs : le Minerva.

Les personnages tout d’abord. On ne parlera ici que des principaux, leur nombre étant trop important pour un article qui ne se veut pas trop long. Il est bon de signaler avant tout que l’action de Seed Destiny se partage en cinq unités : le côté de Z.A.F.T. et du Minerva, le côté des Forces Terriennes, le côté de l’Archangel plus en avant dans la série, le côté de Orb, et le côté de Logos (organisation terroriste anti-Coordinateurs). Ces cinq forces, contradictoires ou complémentaires, forment la base d’une trame scénaristique plus osée que celle de Gundam Seed.

Gundam snapshot20060911172905Z.A.F.T

Shin Asuka est sensé être le protagoniste. La série l’introduit dés le premier épisode avec une séquence choc : lors de la bataille de Orb, il a 14 ans et fuit avec sa famille (ses parents et sa petite sœur Mayu), pour rejoindre un endroit relativement abrité du feu de la guerre. Avant d’atteindre ce but, il aura la douleur de les voir succomber presque sous ses yeux, alors que lui, parti en quête du portable de sa sœur tombé dans un petit ravin, aura la vie sauve. Le spectacle du corps des siens déchiquetés et calcinés le marquera profondément et fera germer en lui une haine coriace contre Orb, et contre Cagalli Yulla Atha, sa nouvelle représentante. Ce garçon tourmenté est un personnage bien difficile à comprendre, en particulier pour ce qui concerne ses relations sociales, et amoureuses tout spécialement. On le verra s’attacher passionnément à Stella d’abord (une jeune fille des Forces Terrestre, enfant conditionnée et déshumanisée par les méthodes cruelles de ladite force), puis à Lunamaria, soldat et pilote comme lui, avec qui il nouera des liens d’amour explicites.

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Les autres pilotes : il y a Lunamaria Hawk, dont ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’elle est pilote elle aussi. Elle admire Athrun Zala, et il s’engagera même entre elle et sa petite sœur Meyrin, CIC du Minerva, une lutte divertissante pour s’accaparer l’attention de leur héros de guerre. Ray The Barrel quant à lui est un personnage mystérieux, blond aux yeux bleus, qui rappelle sciemment le personnage de Raw le Creuset de Gundam Seed. Son passé nous est livré avec parcimonie surtout dans la deuxième moitié de la série, où l’on a l’occasion de s’interroger face à cette personnalité intrigante et impénétrable.

Thalia Gladys, la capitaine du vaisseau, est une femme autoritaire et respectée, volontaire et déterminée dans sa fonction sur le Minerva, mais profondément humaine quant à sa vie privée, que l’on aurait aimée plus développée.

Gilbert Durrandal, le président du Conseil de PLANT : un regard presque fourbe, une impavidité déconcertante et un bagout hautement efficace le rendent intéressant, presque agaçant, et laissent présager une évolution…que je vous laisse découvrir et juger…

Athrun Zala est quant à lui un personnage doté d’un passé tumultueux : fils de l’ancien Président de PLANT aux méthodes de dictateur, il devra assumer les conséquences des paroles extrémes de son père. Jeune homme secret et peu expansif, il dégage une aura de douleur étouffée et de culpabilité. Réengagé chez ZAFT après avoir été garde du corps de Cagalli sur PLANT, il est loyal et volontaire, malheureusement peu lucide parfois quant aux intentions du président Durandal. Ce qui lui vaudra d’être de nouveau en conflit avec Kira. On peut cependant se demander si du côté de Kira, on détient la bonne attitude à avoir…

Enfin un personnage quelque peu tape-à-l’œil, et qui fait volontiers sourire : Mia Campbell. Employée par Gilbert Durrandal pour remplacer Lacus Clyne qu’elle imite de manière provocante et enjouée, elle fait partie de son plan pour lénifier les foules et persuader les habitants de PLANT de le suivre dans sa lutte pour la fin de la guerre. Elle prend son rôle de Lacus très au sérieux et va jusqu’à poursuivre Athrun de ses ardeurs et de ses gamineries, puisque celui-ci est sensé en être le fiancé. Si on aime la para-para, on pourra se trémousser sur le remix techno de « Shizukana yoru ni », rebaptisé « Quiet night 73 » pour l’occasion, ou sur « Emotion ». Petits bruits synthétiques à foison garantis.

Forces Terrestres

Auel, Sting et Stellar, sont les trois pilotes des Forces Terrestre. Ce sont des « Extended », c’est-à-dire des enfants fabriqués et dressés pour être de parfaits soldats. Si Auel et Sting paraissent approximativement normaux, Stella est dés le début caractérisée comme mentalement instable : un personnage très accrocheur à mes yeux, qui aurait gagné à être plus creusé dans sa souffrance psychique (due à un traitement chimique expérimental), souffrance à l’origine de crises d’hystéries à glacer de terreur. Presque muette, elle ne connaît que très peu de mots (Shin fondra d’ailleurs de bonheur en entendant son nom prononcé par ses lèvres) et préfère s’exprimer en poussant des cris furieux, ou en attaquant directement celui qu’elle pense être une menace pour sa vie, qu’on lui a appris à protéger au cours de séances de dressage visant à lui faire acquérir des réflexes pavloviens d’une puissance étonnante.

Neo Lornoke : il fallait bien une homme masqué pour ne pas faillir à la tradition gundamienne. Le voici. Il ne joue pas un grand rôle, mais il ravira peut-être les nostalgiques des Gundam Seed. Il peut être considéré comme un « faux méchant », victime lui aussi de la monstruosité des techniques scientifiques des Forces Terrestres. Je n’en dis pas plus.

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Orb

Cagalli Yulla Attha a succédé à son père défunt et se voit désormais confier la délicate affaire de diriger Orb. Tâche plutôt ardue lorsque l’on a 18 ans et un tempérament de lionne enragée, mâtiné d’une sensibilité qui se manifeste, il faut le dire, d’une manière outrancière et stérile durant plusieurs épisodes. La rupture avec la Cagalli de Seed est évidente, mais peut-être pas invraisemblable : l’adolescente pleine d’allant est écrasée par le poids de ses responsabilités, et ses éclats de colère si mémorables ne sonnent plus que comme le cri désespéré d’une jeune fille impuissante et malheureuse de l’être.

Pour rire un peu, mentionnons Yuuna, le fiancé officiel de Cagalli : un autre personnage ridicule au possible, qui détonne agréablement, si l’on est bon public, avec l’atmosphère de souffrances universelle distillée dans la série.

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L’Archangel

Sans faire partie de Orb, ce vaisseau lutte pour un idéal qui était celui de cette nation avant que les membres du Conseil d’Administration ne le trahissent pour se faciliter les choses. Certes moins mis en lumière que dans Seed, l’Archangel est toutefois un élément important, très perturbateur, surtout lorsqu’il intervient dans les combats du Minerva. Les avis sont mitigés : cela gâche l’histoire ou au contraire la rend plus intéressante…je ne saurai ici être très objective, puisque personnellement j’ai été absolument ravie de revoir Kira et son talent de pilote à l’écran. Les séquences où il décolle m’ont d’ailleurs régalé les yeux, et j’en ai repris plusieurs fois. Outre Kira, l’équipage se compose de Marriu Ramias, la séduisante capitaine, de Lacus Clyne, ancienne chanteuse vedette des PLANT, qui s’était rebellée contre Z.A.F.T. et avait pris la tête de sa propre organisation, maintenant officiellement en couple avec Kira. Andrew Warfield, ancien important chef militaire de Z.A.F.T., les accompagne également au début de l’odyssée. Milly Hawk les rejoindra plus tard, même si elle restera surtout une figurante, ainsi que Cagalli.

Ce que j’en pense

On ne peut malheureusement pas faire fi des aspects négatifs de la réalisation…Il faut bien l’avouer, Destiny à des défauts qui passent très mal parfois. On se fatigue à force de devoir ingurgiter incessamment les mêmes flash-back qui ralentissent l’histoire et révèlent le manque d’imagination du scénario. Car, on a bel et bien l’impression que cette série cherche avant tout à vendre des maquettes et des figurines de demoiselles en uniformes militaires, dont la minijupe laisse voir les formes généreuses susceptibles de plaire au fan de petites culottes. Il suffit de voir certaines scènes, finalement bien intégrées dans la trame, mais non moins dirigées. L’action avance par à-coup, stagne pendant plusieurs épisodes, puis repart.

Pourtant, quand elle repart, elle nous accroche. Et si on reproche à Destiny d’être une série « blabla », il faut au moins reconnaître que c’est du à un effort de mise en contexte général et d’élargissement du panorama actionnel. Bien sûr le développement des personnages en subit les conséquences et on les voit évoluer sans trop comprendre leur cheminement mental. C’est frustrant. Mais pour le spectateur qui aime supputer, c’est une aubaine : on ne peut pas nier que Destiny vise haut quand à l’ampleur de son histoire et des interactions potentielles entre les personnages. On a tout le loisir de faire des pronostics.

Personnellement, j’aurai aimé plus de développement pour l’Archangel, mais on sent bien que la troupe des anciens a été rajoutée après coup, comme roboratif pour une série dont le protagoniste ne séduisait pas le public nippon. En tant que fan de Kira, j’avais espéré plus de petites scènes avec Lacus (qui au passage est vraiment très agaçante parfois).

Au final, une série qui se laisse voir, surtout si on est attachés aux personnages de Seed et si on a assez d’imagination pour s’expliquer les revirements et les ruptures qu’ils manifestent dans leurs personnalités. C’est un exercice amusant à tenter.

L’épisode Spécial « Erabareta Mirai » est un complément qui met la touche finale à la série en faisant se rencontrer, la guerre finie, les principaux personnages encore vivants, qui se promettent solidarité et paix, autour d’un monument symbolique.

Une troisième série ne serait pas de trop pour moi, si elle évitait les failles de Destiny.

On peut d’ors et déjà applaudir les deux premières OAV de Gundam Seed StarGazer, d’un tout autre niveau, humaines et posées.