Nous sommes de nombreux fans de Disneyland Paris à nous interroger sur l’avenir de la destination.

Récemment je vous parlais de la suppression de la parade nocturne Fantillusion, du superbe spectacle Tarzan, de la Surprise Party d’Halloween… qui ternissent l’expérience du visiteur à Disneyland.

À côté de cela beaucoup de plaignent, selon moi à raison, de la dégradation des décors ou de certaines attractions. L’ami Parcorama le résume très bien sur cette note. Il suffit de tendre l’oreille pour savoir que certains guests se posent les mêmes questions.

Très récemment une nouvelle rumeur s’est faite jour via D-LOG : le gel de tout nouvel investissement d’envergure post-Ratatouille par The Walt Disney Company. Elle n’est pas confirmée bien entendu et chacun va de sa petite spéculation de la plus pessimiste à la plus optimiste (grand masterplan) voir fantaisiste quand un plaisantin a affirmé aujourd’hui que le chantier Ratatouille était arrêté (imbécile). Ces questions on se les est déjà posé lors des rumeurs de rachat qui se sont finalement soldées par une reprise de la dette (qui existe toujours donc).

Est-ce que cet évènement pourrait être la première étape d’un plan de sauvetage par la Walt Disney Company ? Il faudrait être devin ou au conseil d’administration de la firme américaine pour le savoir. On l’espère, et peut être verrons-nous un jour des projets du type de ceux dont on vous parlait ici : Star Wars Land à Disneyland Paris ? Une aussi bonne idée que Marvel land et Disney Adventures ? Les rumeurs du moment.

L’excellente nouvelle c’est que les fans ne font pas que discuter sur leurs blogs, les réseaux sociaux et les forums dédiés, mais ils tentent aussi de faire entendre leur voix, et leur amour pour Disneyland Paris. Ceci via une lettre ouverte et une pétition sur Change.org (cette lettre a été traduite en anglais, en néerlandais, en allemand, en espagnol et en italien).

Je la copie ici en guise de soutien et vous invite à signer car elle s’inscrit dans une démarche évidemment positive (il ne faut pas le voir autrement).

Save Disneyland Paris

«  Cher Monsieur Iger,

Votre nomination en tant que PDG de The Walt Disney Company en mars 2005 marqua la fin de la campagne Save Disney menée par Roy E. Disney et Stanley Gold, alors membres du conseil d’administration. Cette campagne avait pour vocation de revenir à une politique d’entreprise visant l’excellence. Une valeur qui caractérise profondément les activités de The Walt Disney Company depuis sa création par Walt Disney lui-même.

Grâce à vos efforts, The Walt Disney Company ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui. Notamment grâce une série d’événements-clé nécessaires afin de résoudre des problèmes majeurs :

– L’acquisition de Pixar (2006)

– Le redressement de Disney Animation Studio

– La grande refonte Disney California Adventure (2008-2012)

– L’acquisition de Marvel Entertainment (2009)

– La mise en route de Shanghai Disneyland (2011)

– L’agrandissement de Hong Kong Disneyland (2011-2013)

– L’acquisition de Lucasfilm (2012)

Ces grands investissements – dont certains relèvent d’une opération de « sauvetage de parc » – vous ont permis de redresser des filiales en mauvais état ou de devenir plus fort sur des segments démographiques que votre entreprise avait du mal à conquérir. Tous ces événements-clé ont un point commun : la qualité du produit ou de l’expérience. Comme le disait votre ami et collaborateur John Lasseter : « La qualité est le meilleur plan d’affaires qui soit ».

Malheureusement, les évolutions récentes ont sérieusement endommagé la qualité d’un des parcs les mieux conçus au monde : Disneyland Paris. Nous souhaitons vous partager notre inquiétude au sujet de l’état actuel de cette destination qui porte le nom de votre entreprise en Europe. Le parc dont nous nous sommes pris d’affection malgré l’existence relativement courte, le parc que nous regrettons de voir souffrir aussi fort.

Quand Disneyland Paris ouvrit ses portes en 1992, il s’agissait du plus grand accomplissement jamais réalisé par Disney : le parc était une merveille tant sur le plan technologique qu’artistique. Ses attractions et spectacles de haute qualité ont prouvé leur succès auprès du public européen et son expérience visiteur était semblable, voire même supérieure, à celle de Disneyland ou Walt Disney World.

Cependant, en raison de problèmes financiers constants, la qualité globale de l’expérience s’est lentement dégradée au fil des ans. Les nombreuses années de coupes budgétaires au niveau de la maintenance, de l’animation et de la restauration font que Disneyland Paris est aujourd’hui dans un état de négligence inacceptable.

Cette année, la baisse en qualité est encore plus forte alors que la situation atteint un seuil critique : 2013 marque la première saison estivale depuis l’ouverture sans aucun spectacle sur scène dans le Parc Disneyland. Une première dans l’histoire du parc et fort probablement de tous les parcs Disney dans le monde.

Bien que des exemples concrets soient plus explicites, le but de cette lettre n’est pas de dresser une liste de tout ce qui pourrait être amélioré. A la place, nous souhaitons répertorier en quatre grandes catégories les problèmes majeurs de votre destination européenne, du point de vue de l’expérience visiteur :

1. La Maintenance

L’entretien des parcs, attractions et hôtels a été tant négligé durant 20 ans que de nombreuses installations sont dans un état indigne du standard Disney. De nombreux éléments de décor sont en état de délabrement ou tombent littéralement en ruines.

Sur une note positive, un programme de réhabilitations intensif a été mis en place ces dernières années afin de réparer de nombreux effets et décors cassés, déclassés ou détériorés. Un signe que la direction de Disneyland Paris prend ses lacunes au sérieux, mais cela ne traite que la pointe visible de l’iceberg.

Les nombreuses années de négligence ont fait des ravages sur le plus beau Magic Kingdom jamais conçu ; les budgets pour restaurer sa gloire d’antan sont maintenant plus élevés que si le problème avait été traité plus tôt. Chaque centime disponible part désormais dans la résolution de problèmes qui auraient pu être évités s’ils avaient été pris en charge de nombreuses années auparavant.

2. Les Coupes Budgétaires

Spectacle Tarzan – La Rencontre au Chaparral Theater, Spectacle du Roi Lion à Videopolis, parade nocturne emblématique Fantillusion! : tous annulés cette année, tandis que d’autres espaces de spectacles sont désespérément vides depuis des années comme le Théâtre du Château. De plus, certaines attractions ainsi que de nombreux restaurants et boutiques ouvrent désormais en horaire réduit : par exemple de 11 à 18h quand le parc ouvre à 9h et ferme à 23h. Enfin la mauvaise maintenance a dramatiquement limité la capacité de certaines attractions au fil du temps. Par exemple Thunder Mesa Riverboat Landing (ouvert de 11 à 18h) ne fonctionne plus qu’avec un seul des deux bateaux disponibles depuis des années et quelques montagnes russes fonctionnent avec moins de trains, ce qui réduit donc la capacité horaire.

Combinés ensemble, les problèmes de maintenance insuffisante et de coupes budgétaires créent chaque jour un cycle sans fin d’attractions en panne. Bien plus que ce qui devrait être la norme, certaines s’étalant régulièrement sur une demi journée. Cela affecte tout type d’attractions, des plus petites aux plus grandes. Ces attractions en panne additionnées à la capacité amoindrie de l’offre provoque un congestionnèrent permanent de visiteurs dans les parcs, alors que la fréquentation annuelle bat des records d’année en année – 16 millions de visiteurs en 2012. Résultat : une journée à Disneyland Paris s’apparente désormais à une succession d’allers-retours entre ce qui est ouvert et fermé.

3. La Nourriture

L’offre en restauration de Disneyland Paris est très variable, mais n’est jamais à la hauteur de vos parcs américains sur le plan de la qualité. La majorité des restaurants sont de type fast-food (comptoir) ou buffets à volonté. Reste un très petit groupe de restaurants « service-à-table » – ils étaient plus nombreux initialement mais plusieurs d’entre eux ont été convertis en services fast-food, comme l’Explorer’s club transformé en un restaurant standard, le Colonel Hathi’s Pizza Outpost.

La qualité des plats servis dans les restaurants fast-food comme les services à table plus onéreux est tout-à-fait aléatoire ; en particulier ces dernières années, nous avons malheureusement remarqué une baisse sensible en qualité. Des repas cuisinés à l’avance à base d’ingrédients préparés en industrie sont servis quelques minutes à peine après avoir passé commande, indiquant qu’ils n’ont pas été faits à la demande. L’offre fast-food quant-à-elle est chère et ne rivalise pas avec des alternatives bien connues comme par exemple McDonald’s, dont on trouve un restaurant à quelques minutes à pied des parcs, à Disney Village.

Plus problématique encore que de la nourriture de basse qualité à des prix premium sont les horaires des certains restaurants. Quand le parc ferme à 23h, vous comptez passer un agréable moment en famille autour d’un bon dîner, pas à vous retrouver devant les portes closes de restaurants fermés dès 19.30. Les horaires réduits des restaurants rendent presque impossible la réservation d’une table pour le soir passé midi : Il faut s’y prendre suffisamment tôt sans quoi il faut se rabattre sur les comptoirs fast-food des parcs ou du Disney Village.

4. Le parc Walt Disney Studios

Est-il encore nécessaire de faire l’état des lieux des problèmes que collectionne ce parc depuis ses débuts? Le plus petit parc Disney ; le seul parc Disney sans traditionnelle attraction de type ‘dark-ride’ à son ouverture ; le parc Disney ayant le plus grand problème d’identité ; en résumé le parc Disney n’ayant jamais répondu aux normes du standard Disney. Le manque d’attractions, l’environnement triste, le thème peu clair, le plan du parc mal conçu, les nouveautés au style aléatoire et au débit horaire bien trop bas… Ce parc a besoin de sérieuses séries d’investissements et d’une réflexion profonde sur son thème pour en faire un parc digne du standard de votre société.

Au delà de ces 4 axes, il y a également beaucoup à faire au niveau du Disney Village morne et vieillissant, du merchandising médiocre et peu varié et des hôtels qui proposent des prestations déclassées à des tarifs surréalistes.

M. Iger, combien de pannes, d’attractions fermées, d’expériences dégradées, de visiteurs mécontents va-t-il falloir avant que The Walt Disney Company intervienne ? Nous ne comprenons pas qu’après toutes ces années de galère, de pertes et de mauvaise réputation, The Walt Disney Company (propriétaire d’EuroDisney S.C.A. à 40%) n’ait toujours pas modifié en profondeur le montage financier d’EuroDisney. Un montage financier créé par The Walt Disney Company qui n’a jamais permis à Disneyland Paris de devenir une entreprise prospère et sans dettes. Or pour des millions de gens Disneyland Paris est la destination-vitrine des activités de The Walt Disney Company en Europe et on dirait que cela ne vous dérange pas que l’image de marque de votre société soit à ce point souillée depuis 20 ans par une expérience visiteur en décrépitude constante et néanmoins surtarifée auprès des 740 millions de citoyens du Vieux Continent. Nous ne pouvons pas croire que Disney souhaite intentionnellement que ses visiteurs européens rentrent chez eux avec des souvenirs bas-de-gamme.

Bien-sûr, il y a du positif à Marne-la-Vallée. Le design original de 1992 est épatant, les cast members sont accueillants, le spectacle nocturne Disney Dreams est une réussite et le renouveau des saisons d’Halloween et Noël entamé l’an dernier semble prometteur. Malheureusement, la gestion opérationnelle déplorable altère invariablement ces atouts.

M. Iger, nous vous demandons de vous pencher attentivement sur le budget opérationnel de Disneyland Paris. Nous vous demandons de sortir le plus beau parc à thème jamais construit du marasme et de la négligence et d’agir concrètement en misant sur la croissance, l’investissement et la joie de millions de visiteurs qui viennent à Disneyland Paris pour découvrir la magie que seul un parc Disney digne de ce nom peut offrir. Cela signifie rehausser la qualité de la restauration, faire revenir les spectacles sur scène et augmenter les animations ponctuelles dans les allées des parcs (‘streetmosphere’), permettre aux parcs de réparer effets et décors détériorés dès leur constatation, revoir complètement le second parc et bien-sûr ouvrir de nouvelles attractions tant dans le parc Walt Disney Studios que le Parc Disneyland. Pas de pansements, pas de solutions de fortune mais des solutions durables pour résoudre les problèmes qui affligent notre resort européen depuis le début.

Walt Disney a dit que Disneyland ne serait jamais achevé tant qu’il y aura de l’imagination dans le monde. Nous vous demandons M. Iger d’user une nouvelle fois de votre imagination en Europe. Vous qui depuis 2005 avez brillamment ‘sauvé Disney’, notamment en orchestrant les sauvetages de Disney California Adventure et Hong Kong Disneyland, nous comptons maintenant sur vous pour ‘sauver Disneyland Paris’ pour de bon.

Cordialement,

#SaveDisneylandParis « 

Et vous qu’en pensez-vous ?