La généalogie est un sujet qui m’a toujours intéressé. Que ce soit pour mieux connaître son histoire et mieux vivre le présent, réhabiliter un ancêtre, ou avoir une activité d’investigation à faire en famille, il y a de nombreuses raisons qui peuvent vous pousser à démarrer cette démarche. Désormais la technologie est l’une d’elle. Une start-up propose une démarche innovante : MyHeritage, que nous testons ici.
Des archives poussiéreuses aux bases de données 2.0 de MyHeritage
Si j’ai choisi, en toute indépendance (contrairement à de nombreux autres tests que vous trouverez sur le web), de tester la solution MyHeritage c’est tout simplement qu’il me semblait qu’elle était l’une des plus en avance techniquement parlant, c’est en tout cas là-dessus qu’ils communiquent massivement.
Ainsi j’ai récupéré un fichier GEDCOM dont l’extension est .ged, d’un travail que nous avions effectué sur un site juste avant la naissance de Léopoldine, il y a 15 ans. GEDCOM est l’acronyme de « Genealogical Data Communication » (communication de données généalogiques) et permet de relier des individus entre eux. J’ai d’ailleurs appris en fouillant le plus gros site de ce secteur FamilySearch, que les croyances religieuses avaient eu un grand impact puisque « L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours » (les « Mormons » si j’en crois Wikipédia) a créé ce format, ainsi que le site qui comptabilise quelques 8 milliards de noms dans leur immense base de données. Pas étonnant donc que des sites comme MyHeritage s’y connecte automatiquement pour vous proposer un « matching » fort utile pour progresser rapidement.
L’import du fichier a été plutôt simple, même s’il a fallu corriger un certain nombre d’erreurs et d’incohérences que MyHeritage relève assez rapidement. Un homme au lieu d’une femme, un enfant né avant son père, autant d’erreurs humaines qui sont ainsi vite oubliées. Vous avez ensuite la possibilité d’éditer vous même chaque profil avec la faculté d’ajouter une ou plusieurs photos, donnant par là-même plus de vie à votre arbre. Rapidement le site révélera plusieurs correspondances :
Record Match : Family Search, Fichiers de décès en France (1970 – 2020), Index des avis de décès, célébrités qui ont marqué l’histoire (on espère tous y avoir des ancêtres, avouez que ce serait amusant), sommaire biographique des personnes notables, le site collaboratif WikiTree, les listes des passagers de Ellis Island et autres listes de New York, 1820-1857, naissances dans le nord entre 1820 et 1915, ainsi que mariages dans le nord entre 1792 et 1937. Et tant d’autres. On imagine et on espère que ces bases de données vont encore s’enrichir progressivement d’autres régions et époques, même si postérieurement à la révolution française la tâche s’avère compromise. J’ai néanmoins l’impression que beaucoup d’entre-eux sont anglophones.
À noter qu’ils proposent aussi un logiciel à installer sur votre ordinateur pour gérer vos données, malheureusement nous n’avons jamais réussi à le faire fonctionner sur macOS Big Sur… Le service client n’a pas réussi à m’aider, il faut dire que celui-ci est un peu lapidaire, et pas au niveau d’une start-up moderne. Par contre, permettre la double authentification pour protéger son compte, est une bonne chose.
Quand le web collaboratif s’en mêle
Smart Matches regroupe de son côté les correspondances liées à d’autres arbres MyHeritage (mais aussi la recherche ADN comme nous le verrons plus tard). Il est ainsi possible d’en demander l’accès aux propriétaires et même de converser avec eux. J’ai ainsi été surpris de voir d’autres membres de la famille déjà sur le site, même si j’ignore s’ils y ont pris l’abonnement ou s’ils y sont encore actifs. Vous pouvez aussi inviter d’autres membres et travailler collaborativement, si toutefois vous parvenez à les en convaincre.
Néanmoins, cet aspect semble s’y limiter et étrangement assez rudimentaire quand on compare à d’autres interfaces comme celles des réseaux sociaux par exemple. Des forums existent aussi pour rapprocher passionnés, experts et amateurs, malheureusement pas sur MyHeritage où ils auraient eu plus que leur place. On note aussi le lien vers un autre site en anglais « Legacy Tree Genealogist » permettant de déléguer la tâche à un professionnel (même depuis la France) pour un tarif qui n’est pas affiché. Car il faut dire que malgré tout, on arrive en quelques semaines au bout des possibilités online, sauf à compter sur l’arrivée de nouveaux fichiers ou de nouveaux utilisateurs qui auraient de quoi vous connecter. Faute de quoi il est difficile de pérenniser la prise d’un abonnement annuel à 114 euros (avec soi-disant un rabais de 50%, ceux-ci étant monnaie courante, il est à se demander qui va régler 228 euros par an pour cela …).
Le très controversé test ADN
C’est ainsi, pour se démarquer de la concurrence, remettre la généalogie sur le devant de la scène, mais aussi fidéliser ses utilisateurs, que MyHeritage propose des tests ADN. Crée en 2013, il s’agit d’une société israélienne (bien que les tests soient finalement envoyés aux USA pour analyse), pays bien connu pour la vitalité de ses start-up technologiques.
Ces fameux Kit ADN sont clairement ce qui l’a fait connaître partout dans le monde, d’autant que ces tests, vendus à des particuliers, ne pourraient pas être proposé par des société française. La législation ne le permettant pas et prévoyant même (ce que l’on garde bien de nous expliquer à la commande ou dans n’importe quel publicité ou article) une possible amende. Je l’apprends en rédigeant cet article. Comme souvent, cela apparaît comme une hypocrisie. D’autres start-up proposent ce type de services comme 23andMe, Ancestry et FamilyTreeDNA.
Les réticences autour de ces analyses, discutées récemment dans le cadre de la loi bioéthique sont multiples. D’abord sur la protection des données, mais aussi sur un détournement des tests de paternité. Vous pourriez en effet avoir une correspondance avec un parent direct qui ne le souhaiterait pas. Mais tout cela reste hypothétique, et il faut, comme toujours en la matière, savoir encadrer pour profiter de bien faits de la technologie tout en préservant les intérêts de chacun. Interdire revient tout simplement à créer des marchés parallèles, sans régler aucun problème.
Le concept repose sur la génétique. En analysant votre ADN et en le comparant à leur base de données, l’algorithme détermine un certain nombre d’informations comme vos origines géographiques, ou une correspondance avec d’autres personnes qui pourraient être des parents plus ou moins lointain, que vous pouvez contacter. La société vous propose aussi de participer à diverses études, de santé par exemple, que vous pouvez refuser. Car à terme on pourrait déterminer quelles maladies vous risquez d’avoir dans votre vie (pour un dépistage précoce)… Ou si un profil ADN est plus enclin à attraper le Covid qu’un autre…
Ce test arrive sous forme d’un kit, fort bien présenté (digne d’une belle entreprise High-Tech), comprenant un livret d’explication, un encart vous rappelant d’effectuer l’activation en ligne, deux écouvillons (de longs cotons-tiges), deux tubes avec bouchon, un coton protecteur pour le transport et code barre comprenant un réactif. Vous devez alors frotter l’écouvillon pendant une minute contre une joue, le casser dans le tube que vous refermez, avant de faire la même chose pour l’autre côté. Si vous avez entendu parlé récemment des auto-tests Covid-19, vous comprenez que c’est à peu près le même principe.
Une enveloppe, avec une adresse au Texas, vous permet de renvoyer les deux tubes pour analyse. Malheureusement celle-ci n’est pas pré-affranchie, et le temps d’acheminement comme celui du traitement, peut prendre presque un mois.
Un email vous annonce chaque étape, jusqu’à la disponibilité des résultats. Ils vous sont présentés d’abord sous forme d’une animation, puis sur une page web avec davantage de détails et vos éventuelles correspondances. À vous ensuite de les contacter, ou pas.
De la colorisation des photos à leur animation (Deepfake)
Les photos ont une place importante dans les arbres proposés par MyHeritage contrairement à bien d’autres. C’est malin car souvent la photo, est ce qu’il reste de toute l’histoire d’une personne, avec ses actes d’état civil. Vous pouvez ajouter les photos de vos proches, de vos ancêtres, et même les coloriser, interprétant les différents niveau de gris. Le résultat est d’ailleurs assez bluffant.
Mais récemment MyHeritage est allé plus loin en utilisant la technologie connue pour les Deepfake qui permet de faire dire ce que l’on veut à n’importe qui. Ici ce sont d’anciennes photos qui sont animées, rendant la vie à des personnes qui n’ont potentiellement pas été dans une époque où existait un dispositif vidéo. Un mouvement est ainsi appliquée sur les portrait en fonction de l’inclination du sujet. Testé sur des peintures ou des statues, on peut saluer l’apport sur notre imaginaire de ces personnages historique, tout en trouvant qu’il peut y avoir un côté un peu dérangeant parfois…
Cela étant dit, c’est encore une fois épatant, même si au fond, c’est un semblant de réalité, sans l’être.
Impressionnant mais aussi un peu dérangeant de voir des photos historiques qui s'animent 😏 (ici, celui de Napoléon).
— Jonathan Chan 💡📣 (@ChanPerco) February 28, 2021
Un outil rendu possible avec Deep Nostalgia de @MyHeritageFRpic.twitter.com/AhuCS3O7SE
Les limites de l’innovation sur la recherche généalogique
Comme nous l’avons vu, MyHeritage (et sans doute ses concurrents également) apporte un vrai plus grâce à ses bases de données et ses nouvelles fonctionnalités. J’ai ainsi pu remonter jusqu’en 1742 sur l’une des branches familiales, et confirmer des origines d’Europe de l’Est et des Balkans d’une autre. Mis à part cela, sans connaître les professions des uns et des autres, leurs histoires respectives, on se retrouve frustrés de la démarche. On aimerait en savoir plus sur les personnes qu’elles étaient.
C’est pourquoi, avec Souvenirs Connectés, nous proposons de numériser vos souvenirs et d’écrire vos mémoires, afin de les léguer à vos proches. Un travail généalogique peut en être un bon complément.