Le web est par définition ouvert, libre, et sans frontières. Il a créé beaucoup d’espoir chez beaucoup d’entre-nous dans les années 90/2000. Lorsque je relis mes anciens articles, je me rends compte d’un certain idéalisme : tout était possible pour la démocratie, les consommateurs, les créateurs … Mais est-ce vraiment le cas entre les tentatives de régulation de l’Union Européenne (Android, Droits d’auteur) et la main mise de certains lobbys (Ayants droits et médias traditionnels, GAFAM – Google Apple Facebook Amazon Microsoft sans oublier les Uber et autres AirBnB, Industriels) ? On peut imaginer que des standards et une certaine régulation sont nécessaires, mais pas n’importe comment.

 

Les acteurs du web (les blogueurs, rédacteurs, youtubeurs, instagramers, etc…) sont eux sous-représentés, et alors qu’ils apportent une réelle valeur à ces différentes plateformes qui s’enrichissent de milliards (Google et Facebook en tête) que récoltent-ils ? Des miettes pour certains, rien pour la plupart. Et l’absence de revenu universel pour ce digital labor, un revenu pour ces actions et données que nous fournissons gratuitement (car nous sommes le produit) aux géants du numérique, n’aide pas. Il pourrait être financé par ces mêmes GAFAM.

Là où les entreprises ont leur consortium, les médecins leur corporation, rien du côté des créateurs de contenus du web. Comment cela s’explique t-il ? Cela signifie t-il que ces contenus ou cette profession n’ont aucune valeur ?

Un syndicat ou organisation syndicale professionnelle est d’après la direction de l’information légale et administrative, une association de personnes dont l’objectif est la défense des intérêts communs à la profession. Or le seul syndicat des blogueurs indépendants date de 2008 et semble à l’abandon (ou peut-être n’a-t-il jamais vraiment été lancé). Il y a bien Syntec numérique mais pour les ESN et les éditeurs de logiciels, Cinov, mais qui est une fédération de syndicats des métiers de la prestation intellectuelle, du conseil, de l’ingénierie et du numérique).

internet-creator-guild

L’initiative la plus crédible est donc lassociation des Youtubeurs (Internet Creators Guild) créée par Hank Green en 2016, le co-fondateur de la chaîne YouTube Vlogbrothers (plus d’infos sur cette création ici).

Mais quid de la France ? Le CNC attribue bien certaines aides, celles-ci sont déjà soumises à de sérieuses controverses

Le constat est donc qu’aujourd’hui, les blogueurs et rédacteurs n’ont :

  • pas de protection de leurs droits d’auteurs, pas de droits face à robocopyright qui confisque leurs revenus.
  • pas la possibilité d’être représenté ou avoir plus de poids face à des plateformes géantes,
  • pas de privilèges ou accès dédiés pour la couverture d’événements
  • pas de solidarité “organisée” : dans le but de partager des ressources, de la connaissance, des bonnes pratiques ou encore l’expertise des grands noms de la profession,
  • pas de certification ou label pour juger de leur crédibilité (sans rentrer dans de l’académique car la plupart des rédacteurs sont autodidactes),
  • pas de recensement de leurs pairs qui permettrait d’analyser les tendances du métiers, de produire des rapports (pour par exemple normer les rétributions des marques)
  • pas de plateforme officielle stimulant la mise en relation des membres, la communication et organisant les moments d’échanges décrits ci-dessus.

Nous l’avions déjà proposé il y a plusieurs années, un syndicat de créateurs du web serait en définitive un moyen de protection, de reconnaissance et d’entraide pour tous les créateurs du web. Une communauté d’échange ouverte et bienveillante créée non pas pour enfermer la profession dans un cadre mais plutôt pour la légitimer et la protéger.

Malheureusement les influenceurs semblent trop individualistes (ce n’est pas un RT déculpabilisant qui va changer le monde) pour l’entendre, sauf lorsque l’on se trouve injustement attaqué comme on l’a vu ici ou là. Si cela peut paraître naïf, il semble évident que l’union fait la force.

Alors, toujours envie de faire cavalier seul ?