Quand la TOEI a annoncé un long métrage entièrement en images de synthèse (doté d’un budget estimé à 30 millions de $) sur la franchise Captain Harlock, plus connue en France sous le nom d’Albator, cela a immédiatement excité l’imagination des fans et des grands nostalgiques que nous sommes. Les premières images époustouflantes n’ont d’ailleurs fait qu’attiser intelligemment cette envie de revoir le corsaire de l’espace.
S’il s’agit d’un vrai reboot cela n’a en réalité pas beaucoup d’importance pour la majorité des français qui se souviennent vaguement d’Albator 78 et 84… Qui plus est – et c’est mon coup de gueule contre les têtes bien pensantes de l’époque – il faut bien garder en tête que nous n’avions pas eu les musiques originales (du génial Seiji Yokoyama aussi connu pour Saint Seiya évidemment), que l’adaptation et le doublage français étaient bien fades, et enfin qu’une sévère censure était passée par là emmenant avec elle des pans entiers. Bref, si vous avez l’occasion de voir un épisode en version originale sans censure vous comprendrez… Apparemment, les fans ont fraichement accueillis le dernier coffret édité par TF1 Vidéo en 2012, qui bien qu’intégrant enfin la VO plus de 30 ans après, ne serait toujours pas intégral.
Qui plus est, si le travail de l’auteur Leiji Matsumoto est salué, peu sont vraiment ceux – et je n’en fais pas partie – qui ont vraiment regardé et compris en détail les différentes oeuvres de cette saga composée entre autres de Queen Millenium, Arcadia of My Youth, Albator 84, Galaxy Express 999, Harlock Saga, Queen Emeraldas, Gun Frontier, Endless Odyssey, Albator 78… sans parler de Cosmowarrior Zero. Comme beaucoup j’ai picoré ce qui m’intéressait. La chronologie semble confuse même pour les spécialistes, sans doute volontairement, et on se demande si Harlock est immortel ou si nous suivons plusieurs générations différentes. Ce qui est certain c’est que la légende est riche.
Bref, même si l’auteur original a été impliqué, le film ne s’embarrasse pas de cet historique et réécrit l’histoire à sa manière. Ainsi il n’est pas nécessaire d’être un fan irréductible pour comprendre. Vous pouvez donc continuer la lecture de cette chronique et peut-être ce long métrage – qui se suffit à lui-même – aura aussi le mérite de nous donner envie de nous replonger dans l’oeuvre de Matsumoto… De mon côté j’ai bien envie de partager cela avec mes filles.
Synopsis :
« Alors que l’espèce humaine avais conquis l’univers, plus de 500 milliards d’être humains pleuplant le cosmos, l’épuisement des ressources des planètes colonisées précipita son déclin.
Un mouvement prônant le retour vers la terre émergea. La petite planète bleue ne pouvait supporter un tel rappatriement et un conflit aussi long que sanglant éclata, connu sous le nom de « Guerre du Retour ».
Cette dans ce contexte qu’émergea un nouveau pouvoir, la coalition de Gaia. Elle mit fin à la guerre et proclama la terre « sanctuaire éternel », désormais interdit de tous.
La terre devint un symbole de paix que les humains, condamnés à une mort certaine, dispersés sur leurs planètes à l’agonie, ne pouvaient plus que contempler.
Mais un homme s’opposa au nouvel ordre de Gaia, s’aventurant dans les abysses de l’univers, un corsaire de l’espace immortel, attaquant et pillant sans relâche les vaisseaux de la fédération.
L’homme le plus recherché par la coalition de Gaia, connu sous le code S-00999. «
Le scénario nous invite donc à suivre le jeune Yama qui intègre l’Arcadia dans le but d’éliminer Harlock.
On n’est pas tout à fait dépaysé en découvrant des personnages comme Kei, Mimay et Yattaran que l’on connait plus ou moins déjà. Dans ceux-ci on peut ajouter l’Arcadia et son âme Tochiro.
Par contre il faut s’accrocher pour bien comprendre les différents éléments importants de l’histoire : Guerre du Retour, Coalition de Gaia, Noeuds du Temps, Oscillateur dimensionnel, moteur à matière noire et peuple des Niflung.
Le tout forme cependant une intrigue qui m’a semblé plutôt cohérente et intéressante pour l’amateur de science-fiction … si on veut bien accepter le postulat de départ (les terriens sont partis mais doivent revenir) et une révélation plutôt déconcertante sur les origines d’Albator.
Pour autant je me dis que cela aurait été intéressant de faire intervenir les sylvidres… Une autre fois ?
À plusieurs reprises, dans le communiqué de presse mais aussi sur Twitter, on m’a comparé la démarche de ce long métrage avec Batman et The Dark Knight ou Superman et Man of Steel…
Oui, c’est vrai Harlock a ici un côté super-héros que l’on voit notamment dans les scènes d’action. Mais à mon sens cela s’arrête là.
Si les différents protagonistes sont très bien réalisés, notamment Mimay qui est sublime, j’ai eu beaucoup de mal avec le visage de notre capitaine. Je le trouve déroutant et un peu décevant.
Les décors eux sont très beaux, et les scènes de combats, notamment celles avec l’Arcadia, un vrai régal. C’est indéniable Captain Harlock est un bon spectacle, qui sait se différencier des productions américaines… Une suite ne sera sans doute pas de refus.
Je me suis interrogé sur l’opportunité d’emmener mes filles. Il n’y a rien de choquant… et ce n’est pas une pauvre scène de douche de quelques secondes qui changera cela. Par contre au vu du scénario un peu complexe, il sera sans doute préférable d’attendre 8/10 ans. C’est à vous de juger, mon aînée adorera j’en suis sûr. Au pire vous pourrez guetter la sortie DVD/BRD !
Côté réalisation (qui s’est étalée sur 5 ans environ), elle a été confiée à Shinji Aramaki, entouré de nombreux talents japonais dont :
- Harutoshi Fukui (scénariste / adaptateur)
- Kiyoto Takeuchi (scénariste)
- Atsushi Takeuchi (mecha designer)
- Yutaka Minowa (design concept character)
- Kengo Takeuchi (superviseur CGI)
Pour la musique, le compositeur choisi a été Tetsuya Takahashi. C’est délicat de passer derrière des artistes comme Seiji Yokoyama … Sa production est plus convenue, et conforme à ce que l’on a l’habitude d’entendre. Les oreilles formatées ne seront donc pas choquées. La bande originale reste cependant agréable, sans être donc inoubliable.
Bonne surprise à noter : alors qu’on m’indiquait qu’il n’y aurait qu’une version française et une version anglaise sous-titrée, j’ai vu le film en japonais sous titré… Et ça c’est ce qu’il fallait faire. Merci. <3
D’évidence ce film est voulu comme un porte-étendard des souhaits de la TOEI. Il est évident que le studio japonais montre ainsi que son savoir faire peut égaler celui des majors américaines, et qu’il a dans son catalogue un nombre important de licences qui pourraient faire l’objet du même traitement… Au même titre que Disney qui exploite les super-héros Marvel. Les amateurs vont être ravis.
La prochaine étape est bien sûr le tant attendu (et redouté) reboot de Saint Seiya pour le cinéma. Là aussi les moyens seront conséquents et les premières images sont prometteuses.
Étant là un grand fan de cette série (bien plus qu’Albator) mon regard sera sans doute encore différent. J’espère en tout cas qu’un distributeur français, à l’image d’OCÉAN FILMS, s’y intéressera assez pour qu’on puisse le voir sur grand écran (et please, exit le nom « Chevaliers du Zodiaque » …).
Du côté de la TOEI d’autres licences pourraient être intéressantes. Je pense notamment à Grendizer, alias Goldorak, qui a eu un succès important dans de nombreux pays. Un fan s’est d’ailleurs employé à faire un superbe trailer. Quand on pense à Pacific Rim cela a du sens non ? Nous cela nous enthousiasme !
Une stratégie qui peut s’avérer payante pour le TOEI et le Japon, en espérant que l’esprit original de nos séries préférées sera toujours respecté, et que les nouveautés – avec des prises de risque – soient aussi au rendez-vous.
Au final on s’interrogera sans doute sur ce que les européens ont à proposer en la matière…
Et vous qu’en pensez-vous ? Allez-vous voir Albator, le corsaire de l’espace dans votre salle de cinéma ? Nous vous le conseillons (en VOSTF et en 3D si possible !)