Vous me connaissez fan de biographies (Biopics au cinéma), surtout lorsqu’elles concernent de grandes personnalités. C’est souvent à travers elles que j’appréhende l’Histoire. Je les trouve aussi souvent inspirantes. Vous savez peut-être que j’apprécie le côté romanesque de la politique, comme celle que l’on peut voir notamment dans « The West Wing / À la Maison Blanche ».
Je ne pouvais qu’attendre beaucoup de ce « Lincoln » réalisé par Steven Spielberg lui-même. Je ne l’ai malheureusement pas vu en salles, c’est pourquoi je vous en parle maintenant après sa sortie VOD, DVD, BRD.
Avant d’aller plus loin :
- Premières images de LINCOLN, réalisé par Steven Spielberg avec Daniel Day-Lewis
- Le jour où j’ai souhaité voir un film sur CANALPLAY VOD. Test du service de vidéo à la demande du groupe Canal+.
- Rob Lowe, Ginnifer Goodwin et Michelle Trachtchenberg au casting de « Killing Kennedy » le prochain docu-fiction de National Geographic Channel
Synopsis :
» Les derniers mois tumultueux du mandat du 16ème président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l’esclavage.
Cet homme doté d’une détermination et d’un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir. «
Comme beaucoup j’imagine, je connais bien moins l’Histoire des États-Unis que celle de notre pays. C’est donc déjà un réel plaisir que d’apprendre via le cinéma. À une professeur de Mathématiques qui m’indiquait au Collège qu’elle n’avait pas de télévision car on n’y apprenait rien, je répondais déjà que je n’étais pas d’accord, que certaines émissions, comme certaines séries ou certains films, pouvaient au contraire nous enseigner quelque chose tout en étant agréables à voir. Le contraire des manuels scolaire en somme…
Steven Spielberg, s’est ici attaqué à l’une des figures les plus emblématique de l’Histoire de son pays : le Président Lincoln.
Le film s’intéresse donc à la fin de son premier mandat, et au tout début du second jusqu’à son malheureux assassinat.
Il permet de voir plusieurs facettes de sa personnalité. Celle d’un homme d’État, d’un chef militaire, mais également d’un père, d’un mari, et d’un homme avec ses convictions mais aussi ses doutes.
On assiste notamment au travail en coulisse pour que la chambre des représentants approuve son projet (les démocrates – aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui – étaient majoritairement défavorables à l’amendement visant à abolir l’esclavage, souhaitant plutôt une paix négociée avec les États confédérés du Sud).
La personnalité ici décrite de Lincoln, et formidablement interprétée par Daniel Day-Lewis qui s’est surpassé, est celle d’un homme érudit, facétieux, formidable orateur / conteur et souvent en introspections.
Le scénario n’écarte pas la relation qu’il avait avec sa femme Mary Tood (Sally Field), apparemment compliquée et controversée depuis la perte de plusieurs de leurs enfants, et le plus âgé, Robert incarné par Joseph Gordon-Levitt, souhaite aller sur le champ de bataille contre l’avis de ses parents. Un personnage complexe pour une femme qui a certainement souffert jusqu’à la fin de sa vie…
J’ai trouvé les acteurs tous particulièrement remarquables.
Il faut noter par exemple la présence, qui crève l’écran, de Tommy Lee Jones, dans le rôle de Thaddeus Stevens, un homme politique un peu radical (pour l’époque) sur la question du droit des personnes de couleur.
David Strathairn campe aussi de façon très crédible le rôle de William Seward, le secrétaire d’Etat d’Abraham Lincoln qui était, lors de la primaire républicaine, l’un de ses rivaux.
Enfin, on ne peut être que conquis par la présence de Gloria Reuben, rendue célèbre par la série E.R / Urgences, en Elizabeth Keckley qui était la modiste et apparemment la confidente de la Première Dame. Elle apparaît visiblement dans le film comme la femme de couleur noire la plus proche du couple présidentiel. C’est en tout cas ainsi que je l’ai ressenti via le film.
Le scénario a été écrit par Tony Kushner en s’inspirant d’un livre très remarqué de Doris Kearns intitulé « Team of Rivals : The Political Genius of Abraham Lincoln » en français (voir liens en fin d’article) « Abraham Lincoln, l’Homme qui rêva d’Amérique » (mais pourquoi le titre français occulte-t-il ce qui semble être le sujet principal de l’ouvrage, c’est à dire le fait que Lincoln ai pris dans son équipe ses anciens rivaux ?).
Évidemment il faudra que je le lise surtout qu’il renseigne sur l’accession au pouvoir de cet inconnu autodidacte qu’était Abraham Lincoln (cela ne peut que me parler…). Car si le film n’a pas pu être une adaptation d’un livre aussi imposant… l’ouvrage sera certainement un parfait complément au long métrage pour ceux qui désirent en savoir plus.
Certes devant ce genre de biopic on peut toujours se demander si le réalisateur comme le scénariste ne tombent pas de le piège d’une sacralisation d’une légende comme une hagiographie (biographie d’un Saint ou plus communément particulièrement élogieuse).
Je n’en sais pas assez pour le dire, je note cependant que le film n’occulte pas par exemple que Lincoln a su user des moyens nécessaire pour arriver à ses fins, comme les pouvoirs inédits qu’il s’était accordé dans cette situation de crise ou la possibilité d’offrir des postes aux démocrates en échange d’un vote !
La musique est signée John Williams, le grand complice de Steven Spielberg. Douce et feutrée, elle est à des années lumières de ses titres les plus emblématiques, et pourtant parfaite pour l’image.
Comme vous l’avez compris, j’ai été emballé par ce film, et je pense qu’il n’est pas inutile d’en avoir un exemplaire chez soi.
Peut-être quelques politiques contemporains du monde entier devrait se le passer en boucle… car je pense qu’il est riche d’enseignements.
L’abolition de l’esclavage, et la fin de la guerre civile, ont été des évènements majeurs des États-Unis bien sûr mais aussi pour le monde. Précurseur sans doute de Martin Luther King, et aujourd’hui du Président Obama premier président de couleur. L’Histoire dira s’il est digne héritier de cet héritage… ou pas.
Le film en tout cas est à voir.