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Stoker. Un thriller noir et dérangeant, signé Park Chan-Wook, sur une musique de Clint Mansell.

J’étais très impatient de découvrir Stoker, et ce sentiment était bien sûr exacerbé par l’affichage massif de sa superbe affiche sur les murs du métro parisien.

Ce qui me rendait impatient ? Les noms côte à côte de Park Chan-Wook dont j’avais beaucoup aimé le Old Boy, Clint Mansell le compositeur des superbes bandes originales de Pi et Requiem for a Dream, Nicole Kidman qui m’avait subjugué dans Moulin Rouge mais aussi Les Autres, et enfin Mia Wasikowska que j’ai découvert dans le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton.

Synopsis :

«  Après la mort de son père dans un étrange accident de voiture, India, une adolescente, voit un oncle dont elle ignorait l’existence, venir s’installer avec elle et sa mère. Rapidement, la jeune fille se met à soupçonner l’homme d’avoir d’autres motivations que celle de les aider. La méfiance s’installe, mais l’attirance aussi… « 

Stoker est le nom de la famille au coeur de l’histoire. Il est emprunté à Bram Stoker l’auteur de Dracula peut-être en référence à l’emprise que Dracula pouvait avoir sur ses victimes.

Car c’est sans doute le thème de ce thriller noir et dérangeant. Etrangement je m’attendais à quelque chose de plus « fantastique » surtout qu’India indique dès le début qu’elle entend et voit des détails que les autres ne perçoivent pas.

Mais non, il s’agit avant tout d’un huis clos avec peu de personnages et on devine que la chronologie ne dépasse guère quelques jours. India est une adolescente perturbée et un peu rebelle qui vient de perdre son père, et qui découvre un oncle dont elle ignore, comme le spectateur, tout des motivations.

La narration est très visuelle et les images vraiment élégantes. 

Le jeu des acteurs repose peu sur les dialogues, mais davantage sur les regards et les attitudes. En cela Mia Wasikowska excelle comme son partenaire à l’écran Matthew Goode. On sent par contre Nicole Kidman sur la réserve campant une mère un peu déboussolée et en manque d’affection.

Que se passe-t-il donc derrière les apparences ? C’est ce que le spectateur se demande jusqu’au climax du film. Le scénario a réussi à me surprendre, je ne vous en dirai donc pas davantage.

Stoker est le premier film en anglais du réalisateur. Pour lui c’était donc un nouveau challenge sur une histoire qu’il n’a pas écrite (elle est de Wentworth Miller, acteur sur Prison Break).

On reconnait cependant le style Park Chan-Wook, dans le type de plans utilisés, l’onirisme de certaines scènes et même ici l’érotisme malsain qui s’en dégage.

Malgré les qualités indéniables de ce long métrage dans son histoire, sa réalisation et son interprétation qui font qu’il ne faut pas le rater, je suis un critique plus dur lorsque j’en attends beaucoup, contrairement à un Iron Man 3 par exemple où ce que l’on demande c’est surtout un grand divertissement.

Ainsi je m’attendais à plus de scènes capables de m’impressionner et de me bouleverser dans leur mise en scène. Or, mis à part quelques exceptions on reste dans un terrain « connu ».

J’ai beaucoup pensé avec les affiches et les premières photos à Jennifer Jason Leigh dans « J.F partagerait appartement ». Il faudrait que je le revois pour savoir si cette impression est fondée ou non.

La musique joue un rôle très important dans le film, et celle-ci a été confié à un maître du genre : Clint Mansell.

Elle est éditée en France par Milan Music.

L’éditeur nous offre une interview du compositeur à propos de cette bande originale :

«  Quelle a été votre formation musicale et qu’est-ce qui vous a conduit à la musique de film ?

De cœur, je suis un rocker punk. Pour moi, tout provient de cette origine. J’écoute de la musique, simplement, et je veux ressentir son émotion, son impact, j’aime éprouver ses dangers et ses agréments. J’ai joué pendant dix ans dans un groupe appelé Pop Will Eat Itself. Je l’ai quitté en 1996 et je me suis installé à New York. J’ai rencontré Darren Aronofsky et j’ai réalisé la musique de son premier film. Ce fut le début de ma carrière au cinéma.

Comment avez-vous été contacté pour écrire la musique de STOKER ?

Je prenais un congé sabbatique et je ne recherchais pas à être impliqué dans quelque film que ce soit. J’avais vraiment besoin d’un break. Mais quand j’ai entendu parler du film et du réalisateur qui allait le tourner, j’ai bondi pour saisir la chance d’en composer la musique.

Comment votre collaboration avec Park Chan-Wook s’est-elle déroulée ?

Ce fut une merveilleuse collaboration. Park a une sensibilité unique et c’est la principale raison pour laquelle je voulais travailler avec lui. Il a une oreille très juste et il a su orienter ma musique de façon très intelligente. Ses suggestions ont joué un rôle capital et je suis ravi d’avoir eu la chance de travailler avec lui.
En outre nous partageons le même amour pour les chats et le vin rouge. Hélas, mon chat et le sien sont morts pendant que nous travaillions sur la musique de Stoker. Ce malheur nous a rapprochés.

Quel genre de musique avez-vous composé pour ce film ?

Je voulais composer une musique à la fois intense et élégante. Le défi, c’était d’arriver à traduire la floraison d’une jeune fille vers l’âge adulte, cette période où elle découvre qui elle est et ce qu’elle veut.

Comment l’enregistrement s’est-il déroulé ?

Nous avons enregistré aux Air Studios de Londres, l’endroit que je préfère pour travailler. L’enregistrement s’est déroulé dans une atmosphère que je qualifierai de douce et onctueuse. L’équipe était au top et très bien préparée. Ce qui signifie que l’on peut consacrer tout le temps à mettre en valeur la musique, à la nourrir.

D’une manière plus générale, quel rôle la musique joue-t-elle dans un film ?

Je crois que la musique apporte quelque chose d’essentiel pour appuyer et rehausser un scénario. Dans un film la musique joue, en quelque sorte, le même rôle qu’un personnage. J’ai entendu dire que les meilleures bandes originales étaient celles que l’on n’entendait pas. C’est une ânerie ! Betty Blue de Yared, à peu près tout Morricone et Badalamenti. Allons, allons, ne me dites pas que vous n’avez jamais entendu parler de ces noms quand vous regardez les films dont ces génies ont écrit la musique. « 

 

J’aime beaucoup cette bande originale, tout à fait dans le style du compositeur tout en restant à la fois discrète et inquiétante.

La musique joue aussi un rôle crucial dans l’histoire car India joue formidablement du piano. Ce morceau là a été composé par Philippe Glass et est présent sur l’album.

J’apprécie aussi tout particulièrement la chanson « Becomes The Color » interprétée par Emily Wells.

Vidéos :

Un film et une bande originale que je vous conseille de ne pas rater. 

Et vous qu’en pensez-vous ?

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