Suite de l’article témoignage intitulé « J’ai rencontré une Unixienne !« où je vous narrais comment Élodie et moi, deux parents solos, sommes tombés amoureux l’un de l’autre. Voici venu le temps de vous parler, quelques mois plus tard, de nos balbutiements et des débuts de la recomposition familiale.
Ces notes ne sont pas évidentes à écrire car si je suis seul sur toutes les autres, ici nous sommes deux, et rien que d’envisager les relectures de notes si personnelles, c’est quelque chose de nouveau pour moi.
Pour autant j’ai envie de partager davantage de témoignages avec vous et d’échanger autour de ceux-ci. Je souhaite également remercier chaleureusement Élodie car elle accepte le concept de ces publications. Pas toujours facile de partager la vie d’un blogueur ? 😉
Avant d’aller plus loin :
- J’ai rencontré une Unixienne !
- Le jour où, par amour, nous avons souhaité faire un dépistage dans un CDAG parisien…
Pour vous remettre dans le contexte, parents solos l’un et l’autre, nous nous sommes rencontrés via ce blog (et donc quelque part il n’est pas tout à fait illogique de le nourrir de nos expériences).
Élodie a trois filles : Isabelle (9 ans) et Diane (2 ans 1/2) dont elle a la résidence principale. Et Ondine, petite ange née sans vie en octobre 2008. De mon côté j’ai aussi deux filles Léopoldine (6 ans) et Aliénor (4 ans). Sans oublier deux félins qui y voient d’excellentes opportunités d’avoir des câlins supplémentaires.
Je concluais ma précédente note par ces questions et cette note d’optimisme :
« Un challenge, qui vous intéressera sans doute, nous attend donc. Après Papa et Maman solos, est-il venu le temps de la famille recomposée ? Comment écrire une partition où chacun a ses méthodes d’éducation et ses repères ? Où chacun a pris son indépendance après une première vie de couple ? Comment poser les limites et se respecter ? Faire des concessions sans se faire dévorer ? Si le challenge est important, l’histoire à écrire est belle, et après tout d’autres y sont arrivés, alors pourquoi pas nous ? Si en Juillet je doutais, en Décembre j’y crois… Question d’amour et de volonté… «
Les filles se sont tout de suite beaucoup appréciées, dès leur première rencontre, en juillet, lorsqu’il n’était question que d’amitié. Ainsi Aliénor, 4 ans, disait déjà lors de notre deuxième sortie à Disneyland Paris, en novembre : « J’étais sûre que l’on reverrait Diane ». Depuis elles se réclament régulièrement les unes les autres ; même lorsque nous ne sommes pas ensembles, elles ne s’oublient pas.
J’ai appris aussi que si on parle de frères, de sœurs, de demi-frères, de demi-sœurs (je laisse volontiers tomber le préfixe), le terme approprié serait ici quasi-sœurs. Se réclameront-elles un jour de cette parenté symbolique liée à la recomposition ?
J’ai aussi découvert par les faits que tous les pères n’étaient pas comme moi. « Tu sais que tu es une mère exemplaire » me dit parfois Élodie pour me taquiner ! Les enfants aussi entre Aliénor très attachée à Élodie, et Diane à moi, font sans doute un nouvel apprentissage sur la parentalité… Élodie se plaçant sur une tonalité très différente de la mère de mes filles.
Au début de notre relation nous nous sommes tous beaucoup vus car « je passe mon temps à vouloir être avec elle » écrivais-je en décembre.
Si la plupart des moments étaient agréables et heureux, il y a aussi eu quelques difficultés liées à la situation (tous ensembles, nous sommes 6), notre quotidien et bien sûr l’heure de trajet qui nous sépare malgré plusieurs options RATP possibles… (nous avons le point commun de ne pas avoir la feuille rose permettant de polluer en habitacle à roues 😉 )
Problèmes également au niveau des plannings. Que faire des week-ends où nous n’étions pas « synchros » ? (ceux où un seul de nous deux a la résidence de ses enfants). Il s’est avéré, contrairement à mon idée première, que passer un week-end en « comité réduit » était constructif… de temps en temps. Mais gare à ne pas en abuser ce qui conduirait à séparer les enfants et à réduire les périodes d’intimité du couple ! (imaginez-vous possible une grasse matinée avec quatre enfants à domicile ? :-))
Apprendre à être patient, et à faire confiance a été donc primordial. Se voir moins, mais mieux n’est pas forcément une mauvaise chose et permet d’y aller progressivement. Mais que le temps semble long parfois !
J’avoue que j’ai toujours eu des difficultés à gérer les « Au Revoir » et surtout les séparations après un moment heureux en famille. Élodie m’a présenté une chanson d’Anne Sylvestre issue de ses « fabulettes » qui se prête bien à cet apprentissage :
« Ils font un sourire en tournant le dos.
Mais on peut les dire sans s’éloigner trop.
Ils font de la peine, mais ils font pourtant plaisir.
Veulent que tu reviennes mais en te laissant partir… »
/
« Ils prennent la route en se retournant souvent.
Ils disent sans doute ce que je dis maintenant.
Ce que je dis en te quittant. Au revoir, au revoir, ce sera bien de se revoir.
Au revoir, au revoir, très bientôt j’en ai l’espoir. Au revoir. «
L’écouter sur Deezer : http://www.deezer.com/fr/track/7253303
Et puis il y a aussi nos différences, parfois anecdotiques, parfois plus importantes.
Quelques exemples, piochez vos préférés (ou imaginez ceux que nous avons omis) :
- Nutella ou alimentation biologique ?
- Coca Cola ou eau plate ?
- Disney ou Téléchat ?
- Clochette et le Père Noël ou des personnages imaginaires inventés au fil de l’eau ? (cette petite souris polissonne opportunément coupable de toutes les bêtises)
- Vaisselle jetable (pour gagner du précieux temps) ou couches lavables (mais c’est joli) ?
- Ascenseurs ou escaliers ?
- Amazon ou médiathèque ?
- Monter le chauffage ou mettre un pull dans l’appartement ?
- … ainsi qu’une « nouvelle » approche de la ponctualité (bisous ma chérie je t’aime)
Mais il y a bien deux éléments qui jouent beaucoup sur mes propres questionnements, et qui demanderont encore du temps pour trouver leurs réponses.
Tout d’abord le parentage proximal et l’allaitement long (au-delà de 2 ans) choisis par Élodie pour ses enfants. Si je ne rejette pas en bloc ces concepts et ces idées, ils ont selon moi un impact indéniable sur la fatigue du parent solo (c’est en tout cas ce que j’ai ressenti) et la vie d’un couple en « recomposition » qui a besoin d’intimité pour fonctionner. Élodie proteste que l’hiver rigoureux et de longs trajets quotidiens jouent eux aussi sur la fatigue. J’avoue que j’aurais aimé trouver plus de témoignages autour de cette question notamment de pères pour connaître la façon dont ils l’ont vécu, géré, et comment ils ont finalement trouvé leur place.
Mais j’ai appris au fil des semaines à me faire à l’idée qu’en grandissant les enfants deviennent plus autonomes et je le constate même. Cela devrait donc se résoudre naturellement. D’ailleurs, si Diane profite encore de tétées d’endormissement, je n’ai jamais laissé mes filles s’endormir seules… et il arrive à « notre » benjamine de se rendormir dans mes bras.
Par ailleurs nous avons trouvé des moments importants où nous sommes seuls pour vivre notre duo.
Le second point est « la précocité » de son aînée, Isabelle.
Je suis autodidacte, et j’aime expérimenter par moi-même pour apprendre de mes succès mais aussi de mes échecs. Je ne crois pas trop en ce qui m’est présenté comme « inné » et me méfie des pseudos-experts en tout genre. Généralement si vous me parlez de QI, je vous répondrai que là ne se situe pas l’intelligence, ni la culture. Élodie pourrait vous le confirmer…
Pourtant il arrive que des enfants soient détectés comme précoces (« les zèbres »), ce qui nécessite une attention et un traitement quotidien particulier (parfois en changeant d’école ou même en pratiquant un enseignement à domicile). C’est pourquoi les parents confrontés à cela sont souvent désemparés. Contrairement aux idées reçues cela conduit souvent ces enfants dans une impasse scolaire.
Mais là encore dans un contexte de recomposition, et même si l’amour est là, ce n’est pas toujours facile pour la famille qui doit gérer une situation qu’elle ne connait pas avec des notions parfois en contradiction avec ses propres règles éducatives et convictions.
Je concède donc que j’ai encore beaucoup à apprendre sur le sujet et que nous avons encore besoin de nous connaître. Cela fera sans doute l’objet d’une note spécifique… un jour…
J’admire en tout cas Élodie qui gère du mieux qu’elle peut et avec tout l’amour qu’elle porte à ses enfants (objectif atteint : elle a piqué un fard).
Il y a donc encore du chemin à faire pour notre recomposition familiale.
Une chose est sûre, nous nous aimons très fort, et avons la volonté de la réussir.
Pour conclure extrait d’une chanson de David Sire que nous avons trouvé amusante et à propos :
« Dans les re-familles c’est courant mon coco
Qu’on s’emberlificote un peu les pinceaux
Dans les re-familles, vu qu’on est plus nombreux
On s’amuse beaucoup, mais on s’y perd un peu
Car quand une maman est l’ex-femme d’un papa
Qu’un papa devient l’ex-mari d’une maman
Le re-mari d’la maman est-il un re-papa ?
Et la re-femme du papa est-elle une re-maman ?
{Refrain:}
Quel patouillis !
Quel margouillis !
Quel bric-à-brac !
Mais quel fouillis !
Salmigondis !
Un vrai mic-mac !
Dans les re-familles, il arrive bien souvent
Que les re-parents aient déjà des enfants
Si bien que le jour où ils se re-marient
Y a tout plein de re-frères et re-soeurs à la mairie
Dans une re-famille, on a une re-maison
Et des re-cousins avec des re-tontons
Et comme les re-parents ont leurs parents à eux
Re-papys, re-mamys se multiplient par deux «