La lassitude du blogueur. Comme la comprendre et en survivre ?

Mais quel est donc ce sentiment qui étreint bon nombre de blogueurs à un moment ou à un autre de leur activité ? Est-ce de la déception ? de la tristesse ? de la démotivation ? Ou de la lassitude ? Comment peut-on le comprendre et aller de l’avant ? Voici mon sentiment…

Avant d’aller plus loin :

• Le blogueur, ce curieux animal qui a besoin d’amour !
• 1000ème article sur Rêves Connectés / Papa Citoyen pour 68 000 pages vues au mois d’Octobre 2012. Pour combien d’heures de travail ? L’occasion d’annoncer un nouveau projet.

Créer un blog c’est relativement facile. On peut en quelques clics en ouvrir un sur une plateforme et même démarrer avec du gratuit.

Ayant travaillé comme Chef de Projet / Produit pour l’une de ces solutions, et observant la blogosphère française, je peux affirmer sans trop prendre de risques qu’une faible proportions des blogs créés concerne des blogs actifs c’est à dire alimentés avec régularité sur la durée, et que ceux générant le plus d’audience pour une plateforme ne sont pas les plus nombreux, loin de là… Au contraire perdre 1 ou 2 blogs importants pouvait faire chuter l’audience de la communauté entière de 10% !

L’enquête la plus complète que j’ai pu trouver date de 2010 et a été publiée suite aux réponses de 1354 blogueurs (pas de publication au delà faute d’un nombre suffisant de répondant ce qui est fort dommage vue sa qualité …).

Certaines questions sont très pertinentes au regard du thème que je souhaite aborder sur cette note :

• Depuis combien de temps les blogueurs bloguent-ils ? Ici 41% indiquaient qu’ils tenaient leur blog depuis 2 ans ou moins, 44% entre 2 et 5 ans, 17% entre 5 et 10 ans (ce qui serait mon cas si on additionnait Et Dieu Créa Léa et Rêves Connectés). L’évolution de ces chiffres serait intéressante à étudier dans le temps…
• Que font les blogueurs à part bloguer ? Employés, étudiants, entrepreneurs… Il y a tout les profils. Le mythe du blogueur « chômeur » s’effondre à 8% (en ce qui me concerne c’est dans ces périodes où j’ai été le plus actif certes, mais cela aide aussi à rester en activité et à aller de l’avant ! Salutaire le blog donc…). En tout cas dans la majorité des cas on blogue en complément d’une autre activité pendant son temps de « loisirs » et ce détail est évidemment important.
• Les blogueurs sont-ils seuls face à leur écran ? Apparemment oui pour 70% des répondants.
• Quelles sont les motivations des blogueurs ? Dans l’immense majorité il s’agit de se distraire (43%), de faire de nouvelles rencontres (39%) mais surtout de partager (87%). Je m’y reconnais bien même si je rêverais évidemment d’en vivre.

En gardant en tête ce profil, il n’est pas difficile de deviner certaines des raisons qui poussent certains blogueurs à laisser tomber. Il est dommage cependant qu’il n’y ai pas d’étude précise à ce sujet.

J’imagine les cas suivants :

• Les aléas de la vie qui font que l’on n’a plus le temps, plus les mêmes préoccupations et passions qu’au départ.
• Les doutes. Est-ce que ce que l’on écrit vaut la peine d’être lu ?
• Une mauvaise compréhension du fait qu’un blog est très chronophage, surtout si on souhaite l’alimenter régulièrement, répondre aux commentaires, interagir sur les réseaux sociaux, lire d’autres blogs (oui c’est important !). Difficile surtout lorsque l’on est seul de passer plusieurs heures par semaine, voir par jour, devant son écran après son travail alors que l’on pourrait lézarder devant la télé… (ce qui est tout à fait compréhensible, il faut savoir « décompresser »).

Avec le temps, bloguer devient donc une vraie discipline. Et il n’est pas rare que l’on me dise qu’il est parfois très difficile de s’y mettre, comme s’il fallait recommencer à bosser… Le plaisir se transformerait-il alors en contrainte ? 

Je me pose alors la question du bénéfice de bloguer … Et on en revient un peu à cette précédente note : Le blogueur, ce curieux animal qui a besoin d’amour ! Surtout qu’avec le temps et le succès, les marques commencent à vous solliciter de plus en plus, vous demandant parfois de relayer certaines infos, vous oubliant d’autres fois … Ce qui pousse à s’interroger sur le retour sur investissement et l’équilibre de la relation. Si cette dernière ne l’est pas, alors elle ne pourra pas être viable car ressentie comme subie. De même si votre esprit critique ne peut pas s’exprimer pleinement pour ménager des susceptibilités…

Bloguer est tellement chronophage, parfois contraignant, si vous vous perdez (les raisons qui vous ont amené à ouvrir le blog), si vous n’y voyez aucun bénéfice, ou si vous vous sentez malmené… Il est naturel de se sentir lassé et c’est à mon avis l’un des plus grands risques d’abandon.

Un autre risque est de se laisser emporter dans le flot des communiqués de presse : pour faire plaisir à untel, parce que l’on a plus envie de passer 4 heures à chercher des infos ou à rédiger un avis, parce que c’est si facile… Mais au final votre blog ne ressemble plus à son créateur, il devient juste commun. C’est pour cette raison que j’ai créé les brèves laissant aux articles mes recherches, réflexions et opinions. C’est aussi pour cela que j’ai envie d’écrire de plus en plus d’articles témoignages, sur ma pratique du Community Management, mais aussi sur ma vie de Papa Solo et recomposant … Ce n’est pas aux marques d’imposer ma ligne éditoriale, sans quoi j’y perdrais mon originalité, mes lecteurs et surtout… mon envie !

J’ai voulu écrire cet article car j’ai moi-même au fond de moi cette lassitude qui s’est installée depuis le début de l’année. Je sais pourtant pertinemment que je dois persévérer, ne surtout pas baisser les bras. Sentiment que doivent partager bon nombre de blogueurs, à certains moments.

Dans mon cas personnel, j’ai recommencé à écrire après ma séparation, parce que j’en avais besoin, et aussi peut être pour combler l’absence des filles lorsqu’elles ne sont pas avec moi… Autrement dit le blog m’a permis de m’échapper et –  paradoxalement – de ne pas trop penser à ce qui me rendait triste, ou de l’exorciser en le partageant. De même, il permet de faire d’autres choses et de s’évader quand notre activité professionnelle principale ne nous épanouit pas totalement.

Je me considère aussi comme un coureur de marathon plus que du sprint. Certains blogs ont des succès rapides, avec des idées soit géniales soit provocatrices, mais parfois très éphémère… De mon côté, je les regarde parfois avec envie, mais je continue toujours mon petit bonhomme de chemin, restant convaincu que cela finira par atteindre le but que je me suis fixé. Mais le marathon il faut pouvoir avoir assez de souffle et de volonté pour le courir !

Je crois cependant tellement à l’avenir du format blog, associé aux réseaux sociaux, qu’il me semble nécessaire de partager nos sentiments, nos pratiques, et de s’entre-aider pour ne pas se laisser avaler ou être découragé. Surtout si l’on croit fort à ce nouvel espace démocratique et à ce « nouveau journalisme » qui en effraie certains…

Cette lassitude a au moins quelque chose de bon… C’est un moment opportun pour se remettre en question. 

Et vous qu’en pensez-vous ?