Certes le film est déjà projeté en salles depuis le 12 décembre 2012, mais s’agissant d’une agréable petite surprise, découverte en famille, encore visible dans quelques cinémas et certainement bientôt en DVD/BRD, je ne résiste pas à l’envie de vous en parler.
Distribué par Studio Canal ce film d’animation a été réalisé par Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier d’après les albums de Gabrielle Vincent, publiés par les éditions Casterman.
L’histoire :
« Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi… «
Ernest et Célestine est au départ une oeuvre très connu de l’artiste bruxelloise – passionnée par la peinture et l’aquarelle notamment – Gabrielle Vincent, née le 9 Septembre 1929 et qui nous a malheureusement quitté le 24 Septembre 2000.
C’est dans les années 80 que sont nés ces personnages attachants, cet ours et cette petite souris, qui dépeignent à leur manière des scènes du quotidien. Vous en avez forcément lu quelques uns (ou on vous les a lu), surtout si vous avez des enfants ou petits enfants.
Une vingtaine de titres sous formes de petits livres illustrés ont été publiés :
- 2004 La naissance de Célestine
- 2001 Les questions de Célestine
- 2000 Ernest et Célestine ont des poux
- 1999 Un caprice de Célestine / La cabane
- 1998 Le labyrinthe / Une chanson
- 1995 Au jour le jour / Le sapin de Noël
- 1994 Cet été-là / La chute d’Ernest / Ernest et Célestine… et nous
- 1993 La tante d’Amérique
- 1992 Ernest est malade / La chambre de Joséphine / Ernest et Célestine au cirque
- 1988 Chez le photographe
- 1986 Rataplan plan plan / La grande peur / Au musée
- 1985 La tasse cassée
- 1983 Ernest et Célestine ont perdu Siméon
- 1982 Musiciens des rues / Ernest et Célestine vont pique-niquer / Noël chez Ernest et Célestine
L’auteur était en 1998 farouchement opposée à une adaptation télévisuelle ou cinématographique de son oeuvre. Pourtant en 2008 Casterman en propose les droits pour une adaptation TV et c’est le producteur, Didier Brunner qui suggère plutôt le cinéma afin de rendre hommage le mieux possible à ces personnages emblématiques de la littérature enfantine et à la qualité des dessins de Gabrielle Vincent.
D’après lui l’idée a été rapidement de répondre à ces questions que chacun se posait :
« Comment ces deux êtres si différents l’un de l’autre, issus de deux mondes qui s’ignorent – ce gros balourd d’ursidé et cette mignonne souricette – se sont-ils connus ? Pourquoi se sont-ils liés d’une si indéfectible amitié ? «
Didier Brunner a confié le projet à un jeune réalisateur tout juste sorti de l’école de cinéma Benjamin Renner, qui a souhaité, vu l’ampleur du projet et de l’équipe de 40 personnes à gérer, être épaulé par des co-réalisateurs plus expérimentés : le duo Pic Pic et André, c’est à dire Vincent Patar et Stéphane Aubier. Le scénario a été confié à Daniel Pennac.
Epuré, minimaliste, comme des croquis, le design n’est pas tout à fait celui des albums, de même que l’histoire qui est originale. Le réalisateur admet d’ailleurs que la taille de Célestine évolue au fil de l’histoire, peut être en fonction du regard qu’Ernest lui porte.
Nous sommes donc très loin des productions américaines, peut être un peu moins de certaines créations japonaises, et c’est une bonne chose d’avoir une oeuvre qui ne cherche pas à « faire comme », mais plutôt « à faire différemment », sans prise de tête.
Le scénario est très touchant et met l’accent sur le monde cynique dans lequel vivent Ernest et Célestine. Ils se rêvent artistes (peintre et poète), alors qu’on les destine à être dentiste et juge. Ils se voient amis, alors que le monde des souris et celui des ours, bien que cohabitant, ne devait pas se côtoyer, encore moins se lier. Ils ont des caractères opposés, l’une calme et posée, l’autre plus mal luné, râleur et grognon… Et pourtant.
Beau message de lutte contre les conventions et les préjugés, dans un film qui ouvre très bien l’univers créé par Gabrielle Vincent pour Ernest et Célestine dans leurs aventures illustrées.
Il faut noter aussi dans la réussite de ce film, très agréable et poétique, les voix de Lambert Wilson et Pauline Brunner ainsi que la musique de Vincent Courtois, et la chanson de Thomas Fersen… Mais nous en reparlerons dans un prochain article sur la bande originale publiée chez Milan Music. Une chose est sûre la bande sonore est parfaite pour ce long métrage d’animation.
En bref un film à ne pas manquer, qui plaira à toute la famille, petits et grands.