Après la poétique bande originale du film « Les Enfants Loups », puis celle non moins charmante de « Ruby Sparks », les éditions Milan nous reviennent avec des nouveaux titres : « Vertigo » et « Le Jour des Corneilles ».
Avant d’aller plus loin :
- Le Jour des Corneilles, long-métrage d’animation français avec les voix de Jean Reno, Lorànt Deutsch, Isabelle Carré et Claude Chabrol.
- Magnifique bande originale, signée Nick Urata, pour le film “Elle s’appelle Ruby” (Ruby Sparks).
- La bande originale du film “Les Enfants Loups”, composée par Takagi Masakatsu, est disponible aux éditions Milan. Et elle est magnifique.
- HITCHCOCK. Première bande annonce pour un film très attendu avec Anthony Hopkins, Helen Mirren et Scarlett Johansson.
Vertigo est un film d’Alfred Hitchcock datant de 1958 connu en France sous le nom de Sueurs Froides. En Août 2012, le magazine britannique « Sight & Sound » le proclame « Meilleur Film de tous les temps » détrônant ainsi Citizen Kane qui détenait ce titre depuis 1962. La bande originale du film a été composée par Bernard Herrmann.
Pour partie de la filmographie d’Hitchcock, incluant Psycho, les deux artistes étaient aussi complémentaires que Tim Burton et Danny Elfman aujourd’hui. Malheureusement il semblerait qu’un désaccord entre les deux hommes les ai séparé. Le compositeur a aussi beaucoup travaillé avec Orson Wells.
La musique n’a pas été conduite par Herrmann lors de son premier enregistrement, suite à une grève de musiciens aux Etats Unis. Elle l’a donc été en Europe par l’orchestre « Sinfonia of London » dirigé par Muir Mathieson.
C’est cette version originale que nous propose les éditions Milan Music. Elle n’est malheureusement pas complète.
Il faut savoir qu’il existe aussi une version conduite par Joel McNeely (dont je parle souvent concernant Disney) avec le Royal Scottish National Orchestra qui contient 14 titres au lieu de 7. A l’oreille elle est aussi agréable, mais présente quelques différences que les mélomanes sauront reconnaître. Pour les plus exigeants les deux seront donc intéressantes. De plus sur l’édition Milan Music 4 titres ont été ajoutés, d’autres films comme Psycho par exemple.
La musique de Bernard Hermann sur ce film, dans un style classique et orchestral, est tout à fait en raccord avec les scènes du film. Les même notes qui reviennent sans cesse, comme des spirales sombres et inquiétantes.
Tracklist
- Vertigo Prelude and Rooftop (4:34)
- Madeleine and Carlotta’s Portrait (3:10)
- The Beach (3:28)
- Farewell and The Tower (6:52)
- The Nightmare and Dawn (3:28)
- Love Music (re-titled version of « Scene D’Amour ») (5:02)
- The Necklace and The Return and Finale (7:03)
- Psycho Suite – Prelude, The Murder, Finale
- The Man Who Knew Too Much – Cantala, The Storm Cloud
- North by Northwest – Prelude
- The Wrong Man – Prelude
Vertigo – Bernard Herrmann, Joel McNeely & Royal Scottish National Orchestra
Le Jour des Corneilles est un film d’animation beaucoup plus récent dont je vous ai parlé peu avant sa sortie en salles : Le Jour des Corneilles, long-métrage d’animation français avec les voix de Jean Reno, Lorànt Deutsch, Isabelle Carré et Claude Chabrol.
Je ne m’étais pas attardé sur la musique dans cette précédente chronique.
Il y a plusieurs types de musiques de film : les ratées qui emportent le long métrage avec eux, les tellement réussies qu’elles ne peuvent sortir de nos têtes après la projection, celles qui surclassent trop le film comme Avalon par exemple, les chef d’oeuvre intemporels comme Vertigo qui pourront avoir une vie indépendamment du film et celles qui collent bien à l’image, tant qu’on ne semble pas la percevoir ou s’en souvenir. Et pourtant quand on les écoute à part ou que l’on fait attention on les apprécie à leur juste valeur.
Je pense que c’est dans ce dernier cas que nous sommes pour Le Jour des Corneilles dont la musique a été composée et dirigée par Simon Leclerc. Elle est symphonique, douce, mélancolique, presque minimaliste parfois et n’est pas sans rappeler l’insouciance de l’enfance malgré les évènements dramatiques qui se déroulent dans le film.
Je ne connaissais pas ce compositeur auparavant, voici donc une courte biographie présentée par Milan : « Simon Leclerc a été formé au conservatoire de musique de Montréal. Il a longtemps oeuvré dans des univers musicaux très différents, notamment aux côtés de Céline Dion, de Charles Aznavour ou encore de Diane Dufresne. C’est un compositeur et un chef d’orchestre éclectiques : Compositeur de la version opéra de la comédie musicale Starmania, de musiques pour les films de Frédéric Back, ou encore de séries pour la télévision québécoise. Il a dirigé pendant plus de six ans l’orchestre de la Paramount Pictures à Los Angeles, et a dirigé à plusieurs reprises l’orchestre symphonique de Montréal. Aujourd’hui sont travail est dédié à la création de musiques pour le cinéma. Le Jour des Corneilles est son premier long métrage d’animation en tant que compositeur.«
Un entretien est également joint permettant d’en savoir plus sur la composition de cette musique.
« Pourriez-vous nous dire d’abord quelques mots sur votre trajectoire personnelle. Comment êtes-vous devenu compositeur, puis compositeur de musique de film… ?
J’ai fait des études classiques au Conservatoire de Montréal. J’ai également fait partie, tout jeune, du chœur « Les Petits Chanteurs du Mont-Royal ». Déjà vers 7/8 ans, j’étais intrigué par la façon dont la musique fonctionnait. Comment agencer des notes pour qu’en bout de ligne, ça donne tel ou tel résultat. Après mes études au Conservatoire, je me suis vite plongé dans l’univers de la musique populaire, ce qui m’a amené à écrire beaucoup, puis à diriger. L’intérêt pour l’écriture orchestrale et pour la musique de film est venu tout naturellement par la suite.
• Comment avez-vous rencontré Jean-Christophe Dessaint, comment avez-vous été amené à composer la musique de ce dessin animé?
Le coproducteur canadien Max Film m’a demandé si j’étais intéressé par un tel projet. Selon leur entente, le compositeur devait être canadien. Dès que j’ai vu les esquisses des dessins, j’ai trouvé qu’ils étaient empreints d’une belle poésie. Déjà un « son » s’est établi dans ma tête. J’ai été mis par la suite en contact avec Jean-Christophe, je lui ai soumis des idées. Il a semblé les aimer … assez pour me vouloir comme compositeur de son film!
• Est-ce la première fois que vous composez la musique d’un long- métrage d’animation ?
J’avais eu le plaisir de mettre de la musique sur des images de Frédéric Back, bien connu au Québec (et un peu partout) pour ces magnifiques films d’animation. En revanche, il ne s’agissait pas de longs-métrages mais de courts films d’animation. La technique du dessin était en outre très différente.
• Comment avez-vous travaillé avec les créateurs du film ?
Étant donné les milliers de kilomètres qui nous séparaient, nous avons opté pour une communication « technologique » en utilisant des logiciels comme « Skype » pour se parler. Le courriel et les serveurs FTP ont évidemment été mis à contribution pour l’échange de fichiers. Mais nous avions tout d’abord eu une première rencontre à Paris pour parler du film, de ce qui devait se dégager de la musique. Une discussion à la fois centrée sur les émotions du film et sur la dramaturgie de l’œuvre.
• On éprouve la sensation d’une musique de facture classique, pourtant le film est un conte fantastique. Pourquoi avoir fait ces choix musicaux?
La poésie des dessins dont je parlais plus tôt et l’histoire m’ont mené à croire qu’une facture plus classique correspondrait mieux à l’ensemble du film. Il y a aussi, dans cette forme d’écriture, quelque chose qui se démode beaucoup moins vite avec les années.
• Des influences précises vous ont-elles conduit à faire des choix de compositions spécifiques pour ce film ?
Après avoir vu les dessins, puis le film, j’avais envie de faire une trame qui se rapprocherait de la musique impressionniste (Debussy, Ravel, Poulenc, tous des Français !). La musique du film courtise un peu ces ambiances, à la fois dans l’approche harmonique et dans les couleurs utilisées.
Par ailleurs, Le Jour des Corneilles est à la frontière du film poétique et du film de divertissement pour enfants. Nous sommes tous inondés par la culture cinématographique américaine, moi le premier. Je tenais à ce que l’auditeur ait une sensation de musique de film d’aventure, sans toutefois verser dans le trop « Hollywoodien », et tout en conservant la dimension poétique.
• En fin de compte comment définir la musique du Jour des Corneilles ?
Question difficile pour un compositeur ! C’est définitivement une musique tonale, qui vient un peu d’une autre époque, sans toutefois sonner « vieillot ». Il y a quelque chose de naïf, mais de voulu en ce sens. Comme pour accompagner la naïveté de certains des dessins.
• Par rapport à un film traditionnel, compose-t-on différemment la musique d’un dessin animé ?
Absolument. Les personnages et les décors étant dessinés, la musique doit davantage contribuer à faire croire à la réalité de cet environnement et aux émotions des personnages. Dès lors, plusieurs approches sont possibles dans l’écriture. Nous ne voulions pas tomber dans du « Disney », où tout est beaucoup plus appuyé, jusqu’au moindre mouvement de sourcil. C’est néanmoins une discussion que nous avons eue, pour tenter d’évaluer dans quelle mesure la musique toucherait à cette convention très établie du côté nord-américain.
• Le choix d’une musique très orchestrée a-t-il été décidé dès le début de la production ?
Les décors du film évoquaient une certaine ampleur. L’histoire aussi avait besoin d’une musique avec un certain déploiement. Mais pas tout le temps en revanche. Le premier tiers du film (sauf pour de rares exceptions) est très minimaliste dans son instrumentation.
• Votre travail de compositeur s’étend à la direction d’orchestre, cela a-t- il une influence dans votre création ?
Bien sûr. Mon travail de compositeur influence le chef d’orchestre et vice- versa. Les deux se nourrissent de ce que l’autre apprend à force de travailler. C’est très stimulant de pouvoir enrichir son propre alter ego! «
Tracklist :
- Au coeur de la grande forêt (2:51)
- La chasse (2:13)
- Mon ami l’homme-chat (2:20)
- Notre forêt (1:52)
- Rendez-vous au bord de l’étang (2:04)
- L’outremonde (2:27)
- Le grand voyage (2:12)
- Ces gens là ! (1:00)
- Tu aimes le bleu ? (2:14)
- Conciliabule (1:10)
- Un enfant pas comme les autres (2:03)
- La vieille ronce chez les enfants (1:50)
- Les soldats (2:26)
- Tu parles à des fantômes ? (1:46)
- Le fils de l’ogre (1:50)
- Retrouver l’amour de père (2:45)
- Macchabée volant (1:45)
- L’aubépine (1:51)
- Le jour des corneilles (3:19)
- L’attente de la femme-biche (2:54)
- C’est le sort qui se retourne (3:40)
- Manon dans l’antre de l’ogre (1:54)
- Père et fils (3:13)
- Générique final (6:18)
Le jour des corneilles (Bande originale du film) – Simon Leclerc