Looper, quand la Mafia s’empare du voyage dans le temps. Un face à face Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt globalement réussi.

Looper est un film de science-fiction très attendu par bon nombre de cinéphiles francophones. Il faut dire qu’il a quelques arguments pour alimenter le buzz autour de lui. Tout d’abord c’est un film de science fiction sur la thématique porteuse du voyage dans le temps.

Mais c’est aussi un film d’action avec des têtes d’affiches comme Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt et Emily Blunt. Enfin il a été présenté au grand public américain le 28 Septembre, alors que nous devrons attendre le 31 Octobre 2012, ce qui a laissé le temps de lire les premières réactions et tendances plutôt positives autour de ce long métrage qui obtient par exemple un moyenne de 8,1/10 sur Rotten Tomatoes (au 12/10/2012). Prometteur donc…

Le film est distribué en France par SND (groupe M6) qui nous a permis de voir le film en avant-première afin de vous en parler.

Synopsis : «  Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants.

Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les «Loopers») les éliminent.

Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 30 ans de plus. La machine si bien huilée déraille… « 

Le sujet des voyages temporels est toujours passionnant pour l’amateur de science-fiction. Il a été popularisé au cinéma par l’excellente trilogie « Retour vers le Futur » dont le scénario était bien ficelé et expliqué par un Doc Brown survolté. Culte.

Cependant c’est un terrain miné pour le scénariste qui doit à la fois faire preuve d’originalité, et proposer une vision cohérente de ses voyages dans le temps, car les invraisemblances sont traquées.

J’avais également une autre crainte, tomber dans un schéma à la Matrix, avec une histoire incompréhensible sans se faire des noeuds au cerveau. Le défi est donc de trouver le juste milieu pour s’adresser aux fans et au grand public.

Dans « Looper » l’histoire se passe en 2040 dans un futur proche du notre où la grande nouveauté notable est génétique puisque l’être humain est doté, dans des proportions diverses selon l’individu, de pouvoir meta-psychique. Mais dans ce présent là ces facultés ne sont utilisées que pour amuser la galerie. Les personnages, chez qui le jeune Joe trouvera refuge pour les protéger du Joe « de 2074 », ont développé cette capacité au delà.

En 2070 le voyage dans le temps est donc possible mais rendu interdit car chacun considère à juste titre que les risques pour l’humanité sont bien trop importants. Cependant la Mafia s’en est emparé, et possède une machine capable uniquement de revenir 30 ans en arrière. Elle s’en sert pour effacer des personnes gênantes qui sont exécutées 30 ans plus tôt par des tueurs appelés « Loopers ».

Ils ne font que ça, attendre un moment précis, et exécuter une victime qui a les mains attachées et une cagoule pour éviter de les reconnaître. Ils agissent donc comme des machines, et récupèrent des lingots au passage. Le contrat qui les lie à la Mafia (qui a un représentant du futur sur place) est simple : pour boucler ils pourront avoir à se tuer eux même, normalement sans le savoir. Lorsque c’est fait ils bénéficient de 30 ans de grâce pendant lesquels ils peuvent profiter de leur fortune… avant d’être tué par eux-même. Il faut aussi noter une addiction à la drogue qui ne doit pas être fortuite mais au contraire permettre de « les tenir ».

Le plan déraille lorsque Joe découvre l’une de ses victime, sans cagoule, sans attaches, qui n’est autre que … lui-même.

Ce scénario est simple et efficace. Les actions du présent influent sur le même personnage dans le futur, que ce soit sur les blessures ou les souvenirs. On peut donc imaginer que dès leur première rencontre leur avenir doit être modifié. Nul version du futur parallèle comme le suggère « Retour vers le Futur » par exemple. C’est l’occasion ou jamais de se replonger dans les concepts de « Paradoxe temporel » (certains comics comme les X-Men ont résolu le problème avec la création de « multivers » que l’on retrouve différemment dans le manga Dragon Ball Z avec Trunks). Cet article de Wikipédia est très intéressant.

Looper permet donc de ne pas trop s’arracher les cheveux et de se divertir avec une trame qui semble « logique » au spectateur. Aucune incohérence de ce type ne m’a sauté aux yeux, même s’il en existe peut être pour les spécialistes.

*** Attention si vous n’avez pas vu le film ***

Par contre ce qui m’a un peu choqué, c’est de voir qu’un simple « Looper », au présent comme au passé, peut à ce point tenir tête à la Mafia et aux « Porte-flingues » qui devraient être plus doués, entrainés et mieux équipés. Aussi, mais je ne peux trop en parler pour ne pas dévoiler l’intrigue, la dernière partie est pour le moins déroutante. Comment un être, dénué de sentiments car il tue de sang froid, peut-il avoir des réactions empathiques de ce type. Toute la partie « paranormale » m’a aussi semblé de trop par rapport à l’intrigue centrale, avec un mélange des genres un peu étrange.

*** Fin de l’alerte ***

Le film est écrit et réalisé par Rian Johnson, déjà connu pour « Une arnaque presque parfaite » (2008) et « Brick » (2005) avec une future star du nom de Joseph Gordon-Levitt.

On retrouve donc l’acteur, dans le rôle du Joe du présent, qui a du être maquillé durant 3 heures à chaque jour de tournage afin de modifier (aussi via des prothèses) son nez, ses lèvres, sans compter les lentilles pour les yeux. Il fallait en effet avoir quelques éléments qui rende crédible ce « lien » si particulier entre les deux Joe : Joseph Gordon-Levitt / Bruce Willis.

Les deux acteurs sont bons, et l’un des meilleurs moments est un face à face dans un restaurant. On repense alors à d’autres face à face, toute proportions gardées et pour d’autres raisons, comme dans Heat par exemple avec Al Pacino et Robert de Niro. Que de chemin parcouru par Gordon-Levitt depuis « 3ème planète après le soleil » !

J’ai aussi apprécié ces moments où les acteurs parlent français. Moins sexy que dans « Elle s’appelle Ruby » (les filles ne seront sans doute pas d’accord) mais tout de même un joli clin-d’oeil (sauf au tout début où on se rend compte que le mot a été appris via la lecture et non phonétiquement comme le suggère l’audio d’apprentissage).

Le rôle de Sara, est interprété par Emily Blunt, celui de Seth (un autre Looper) par Paul Dano (méconnaissable par rapport à Elle s’appelle Ruby par exemple). Joie également de retrouver Jeff Daniels dans le rôle du parrain local venu du futur. Un casting très sympathique donc.

La musique de Nathan Johnson méritera que l’on s’y attarde lors de la sortie de la bande originale. Si aucun titre ne m’a marqué durablement, je sais qu’elle était présente et que son rôle a été important dans l’ambiance.  A suivre.

Distributeur France : SND (Groupe M6)
Production : Ram Bergman / Endgame Entertainment / DMG Entertainment
Distributeur à l’étranger : TriStar Pictures

Pour conclure un film à voir absolument pour son thème et la qualité de sa réalisation, de son synopsis, comme de son casting. Attention cependant pour les plus jeunes / sensibles, il y a beaucoup de scènes d’action et la violence est bien présente.

Et vous qu’en pensez vous ?