« The Sessions » est un film dont le sujet n’a, au départ, rien de joyeux. Il conviendra d’ailleurs de le regarder en étant avertis du thème qu’il aborde, plus que de la nudité qui reste, elle, très pudique.
En effet le scénario de ce long métrage proposé par la 20th Century Fox via le label Fox Searchlight Pictures, et réalisé par Ben Lewin, s’inspire d’un texte de Mark O’Brien nommé « On Seeing a Sex Surrogate » qui aborde la question de la vie et de l’assistance sexuelle aux handicapés.
Sujet certes délicat, qui ne va pas plaire à tous le monde, mais qui méritera d’être posé une nouvelle fois via le 7ème art. Par chance ce film est sobre et ne tombe pas dans la grossièreté, le pathos, ou les clichés, enfin c’est ce qu’il me semble.
La sortie nationale est prévue pour le 6 Mars 2013
Synopsis :
« Mark fait paraître une petite annonce : « Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir… »
L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, « comme tout le monde ».
Prix du public et prix d’interprétation pour l’ensemble du cast au Festival de Sundance 2012 – Sélection officielle aux festivals de Toronto et San Sebastian. «
En fait Mark a été frappé par la Polio (et probablement de Poliomyélite antérieure aiguë) qui cause une faiblesse musculaire telle qu’elle est paralytique et qu’il doit utiliser un « poumon d’acier » qu’il ne peut quitter que peu de temps.
Ainsi s’il ressent, il ne peut pas bouger son corps, et donc avoir de relations sexuelles, et les relations amoureuses sont complexes, sans être toutefois impossible. Son état lui permet non seulement de ressentir d’un point de vue « tactile » mais aussi bien entendu celui des émotions.
Mark O’Brien, poète et journaliste, avait pour principale compagnie des assistant et assistantes de vie, qui s’occupaient de lui au quotidien. Plusieurs apparaîtront dans le film, et leur rôle n’est pas secondaire (notamment Amanda, et Vera). Comment ne pas s’attacher affectivement à ces personnes qui font certes leur travail, mais sont avec vous pour vous permettre de vivre au quotidien ?
Mais Mark avait envie d’aller plus loin, et de découvrir des sensations très humaines liées à la sexualité. Il décide donc à l’âge de 38 ans de rechercher une assistante sexuelle. Et il s’en ouvre à un autre de ses confidents, le « Père Brendan », son prêtre.
C’est là qu’entre dans sa vie Cheryl…
L’une des forces de ce film, qui le rend crédible et plus authentique, est qu’il s’inspire très largement d’un essai écrit par Mark O’Brien lui même en 1990 pour le magazine littéraire The Sun. Un essai qui concernait sa propre vie et son expérience.
Le réalisateur, qui lui aussi a été atteint de la polio lorsqu’il était enfant, s’est aussi rapproché de Cheryl Cohen-Green (la thérapeute), et Susan Fernbach qui joua un rôle très important dans les dernières années de sa vie.
La plupart des évènements relatés par le film sont exacts, bien que l’exigence cinématographique ai voulu qu’ils ne soient pas placés exactement au même moment dans le déroulement de l’histoire. Le réalisateur cite l’exemple du chat (vous comprendrez en découvrant le film).
Le seul personnage principal qui soit fictif est le prêtre, qui est là pour donner une résonance à la foi de Mark O’Brien.
Outre la qualité de la réalisation il faut souligner la performance des interprètes des différents personnages.
Helen Hunt, qui s’expose sans fards et parfois nue, a trouvé le ton juste, face à John Hawkes qui a su incarner le personnage de Mark O’Brien. La présence de William H. Macy en prêtre empathique est un plus dont on ne se prive pas.
The Sessions n’est pas simplement un film sur le handicap, mais c’est aussi un film sur le courage et la sexualité, qui fait partie intégrante de notre identité. Il n’est pas seulement grave, mais il nous fait sourire, grâce à la personnalité de Mark notamment, et bien sûr l’émotion est au rendez vous.
Sans doute le film relancera le débat sur ce sujet de société, en apportant un regard nouveau, car aujourd’hui l’assistance sexuelle est souvent assimilée à de la marchandisation et donc de la prostitution. D’après Wikipédia l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark (qui a été précurseur), l’Italie, le Pays Bas (dont la Sécurité Sociale rembourserait la prestation) ont reconnus ce statut. En France on parle de proxénétisme.
J’avoue qu’il est très difficile d’avoir un avis tranché sur la question, mais il me semble que l’avis des personnes handicapées doit être pris en compte, et que cette pratique – si elle devait être acceptée – doit être encadrée. En tout cas le film m’a fait réfléchir sur la question, en tant que valide, et j’espère que vous irez le voir pour vous forger votre propre opinion.