Le grand public n’y pense pas et ne voit en réalité que la marque Disney. Pourtant The Walt Disney Company possède de nombreuses divisions et/ou filiales qui opèrent ses nombreuses activités (cinéma, télévision, jeux vidéo, parcs, boutiques …).
La récente actualité du complexe français, avec notamment l’annonce du refinancement de la dette mais aussi la fin de la location des actifs, nous replonge dans la création d’Euro Disney et des entités juridiques qui ont été créés à l’époque.
Etant également actionnaire (à titre symbolique), en plus que blogueur, j’ai pensé qu’il était judicieux de vous rappeler quelques articles clés pour mieux comprendre, et de vous proposer un entretien avec Edith ZEMIROU, Présidente et fondatrice de l’Association des Petits Porteurs d’Actions EuroDisney afin qu’elle vous présente cette initiative et puisse nous donner son analyse sur cette annonce.
J’y reviendrai moi-même en conclusion.
- Le groupe Euro Disney améliore le profil de son endettement grâce au refinancement de sa dette, à hauteur de 1,3 milliard d’euros, par The Walt Disney Company
- Time révèle que la Walt Disney Company considère l’idée du rachat complet de Disneyland Paris. Est-ce crédible ? Que cela changerait-il ?
- Assemblée générale mixte 2012 des actionnaires de EuroDisney. Mon compte-rendu.
- Eurodisney de 2007 à 2010 (partie 3 : la présidence de M. Philippe GAS) (3 articles à découvrir)
Merci de nous accorder cet échange. Pouvez-vous vous présenter ? Quels sont vos liens avec l’APPAED et Euro Disney ?
Merci à vous.
Je me présente : Edith ZEMIROU, Présidente et fondatrice de l’Association des Petits Porteurs d’Actions EuroDisney. L’APPAED est une association loi 1901 qui est totalement indépendante d’Euro Disney. L’adhésion à notre Association est gratuite.
Pour quelle raison avez-vous créé l’association APPAED ? Qui en a été à l’initiative et pourquoi ?
Avec trois autres personnes, il y a tout juste un an, nous avons décidé de créer l’APPAED. Nous discutions depuis quelques temps sur un site de fans – Disney Gazette – et nous déplorions le fait de ne pas avoir suffisamment d’informations sur l’Entreprise, et également que les petits actionnaires ne soient pas écoutés ni entendus de la Direction d’Euro Disney.
L’idée m’est venue de créer l’association pour être plus efficace. Regroupés nous avons plus de poids, et une association, officiellement déclarée a plus de pouvoirs. Elle est aussi plus facilement reconnue et acceptée comme interlocuteur.
J’ai été immédiatement suivie par trois autres personnes. Nous sommes donc quatre membres fondateurs.
Comment a été reçu l’annonce de la création de cette association par les actionnaires, les fans, la presse / les blogs / les forums, les cast members et surtout la direction d’Euro Disney ? Combien avez-vous d’adhérents aujourd’hui ? Vous êtes-vous fixé un objectif pour atteindre un niveau de représentativité ?
Nous avons officiellement lancé l’APPAED en créant une page Facebook, car nous souhaitions ne pas être assimilés à tel ou tel forum de fan. Nous avons fait également une annonce sur une petite vingtaine de forums français et européens. Avec un accueil plus ou moins chaleureux, sceptique. Nous avons même été bannis d’un forum belge de langue flamande et d’un forum anglais. Je passerai sur certaines critiques acerbes. Nous avons aussi présenté la société sur des sites financiers et à des journaux.
Parallèlement, nous avons fait un courrier au Président d’Euro Disney, Philippe GAS ainsi qu’au Président du Conseil de Surveillance, Antoine JEANCOURT-GALIGNANI.
La réponse de Philippe GAS a été très rapide et il a proposé de nous rencontrer fin novembre 2011. Nous avons reçu un très bon accueil.
A la date du 15 septembre 2012, nous avons 67 adhérents agréés, 4 en attente de régularisation, 1 démission. Nous avons également plus de 300 sympathisants qui nous suivent, nous interrogent, répondent à nos enquêtes, visitent le site que nous avons créé. Une majorité sont français, mais nous avons aussi des amis italiens, belges, suisses, allemands, anglais.
Notre représentativité est déjà reconnue grâce au travail initié. Notre objectif est de regrouper le plus possible de petits actionnaires afin d’être le plus représentatif possible.
Quel est selon vous le profil type du petit actionnaire d’Euro Disney ? Quels sont ses attentes ? Le Club Actionnaires répond-t-il assez à certaines d’entre elles ?
Euro Disney est une entreprise vraiment particulière. Disney c’est le rêve, la magie. Si à l’introduction en Bourse en 1987 certains ont acheté des actions en spéculant sur une bonne rentabilité, aujourd’hui on peut parler de plusieurs types d’actionnaires :
- les fans pour qui posséder une action, c’est posséder un morceau du rêve. Ils s’intéressent à la vie de l’entreprise et aimeraient en connaître davantage son fonctionnement.
- ceux qui cherchent à obtenir un maximum d’avantages. Ils achètent le minimum d’actions pour pouvoir adhérer au Club Actionnaires.
- ceux qui possèdent des actions sans le savoir : par exemple dans un PEA
Le Club Actionnaires est là pour donner des informations, des explications par le biais du site Corporate et aussi par téléphone. Nous estimons que ces informations sont trop « officielles » et convenues. Nous voulons plus que la communication officielle et laconique. Nous aimerions par exemple avoir des comptes détaillés et non globaux, des informations sur les perspectives, les choix stratégiques de l’entreprise. Actuellement Disney « ne communique pas sur ces sujets ». Nous espérons arriver à les convaincre qu’au contraire il faut communiquer – bien entendu pas des éléments confidentiels – mais expliquer certains choix.
Philippe GAS a dit à la Presse il y a quelques jours, je cite :
« On a la chance d’avoir, aujourd’hui en tous les cas, des actionnaires qui sont des actionnaires fidèles, qui connaissent bien la société et avec lesquels on a une relation (…) qui est je pense une relation de confiance ».
A l’APPAED, nous pensons qu’il faut approfondir cette relation de confiance et la nourrir.
L’un des évènements où l’APPAED aura le plus de visibilité sera sans doute l’Assemblée Générale annuelle. Comment sont choisies les questions / remarques soumises par l’association ? Est ce qu’il existe un lieu de débat interne, entre membres, qu’il soit réel ou virtuel ?
Nous avons effectivement été très visibles pour la dernière Assemblée Générale. Sans fausse modestie, je peux dire que c’est grâce à nous que Mark STEAD a développé les explications financières. C’est aussi grâce à nous, comme l’a précisé à la tribune Antoine JEANCOURT-GALIGNANI, que plusieurs membres du Conseil de Surveillance se sont relayés pour donner davantage d’informations sur leur travail.
Nos questions et remarques ont été issues d’une lecture attentive des résultats financiers ainsi que du document de référence. Les membres du Bureau de l’APPAED ont échangé par email. Nous avons ensuite demandé à tous les adhérents leur avis et leurs suggestions, également par email.
Du fait de la très grande dispersion géographique des adhérents, notre moyen de communication et d’échanges privilégiés est l’email.
Ces dernières semaines des rumeurs de rachat par la TWDC sont nées d’un article du Time. Finalement c’est un refinancement de la dette qui a été annoncé. Pensez-vous que ce soit une bonne nouvelle pour les visiteurs, les fans, et les petits actionnaires ? Est-ce que cela préfigure selon vous un changement de stratégie sur les offres commerciales (augmentation globale des prix mais offres avec fortes réductions) mais aussi la qualité de l’expérience proposée souvent jugée en deçà des autres parcs Disney dans le monde ?
Le refinancement de la dette est une très bonne chose. Mais il faut prendre cette nouvelle pour ce qu’elle est : un changement technique.
Il n’y aura plus qu’un seul créancier maintenant au lieu d’une soixantaine de banques qui bloquaient les investissements (exemple Ratatouille).
Euro Disney va gagner en liberté d’action.
Le groupe va détenir les actifs qu’il louait jusqu’à présent aux investisseurs de la phase 1A : les installations du Parc, les hôtels, le Disney Village. Le taux de la dette globale baisse de 1 point à 3,45%.
Mais il ne faut pas attendre des miracles, enfin pas tout de suite (espérons-le). L’argent apporté sert à rembourser les créanciers, pas à investir. Cette opération va également avoir un coût estimé à 30 millions d’euros qui va être imputé sur l’exercice clos au 30 septembre 2012.
Cette opération n’influera pas non plus sur la stratégie commerciale que nous déplorons. Là encore, nous avons demandé des explications sur les raisons de ce choix.
Nous avons beaucoup de travail devant nous. Et c’est pourquoi nous devons arriver à regrouper un maximum d’actionnaires. Nous sommes fiers du travail accompli en 1 an, mais nous sommes conscients de tout ce qu’il y a à faire.
Je remercie Edith ZEMIROU d’avoir répondu à notre demande. Personnellement j’étais sceptique au départ, et méfiant. Pour autant l’action de l’association depuis sa création, ainsi que son analyse de la situation actuelle, m’ont convaincu, même si évidemment je suis attaché à ma liberté d’actionnaire, de blogueur, de fan, de passeport annuel et bien sûr de Papa Citoyen ! 🙂
Pour plus d’informations sur l’APPAED sur leur site internet
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Je pense pour ma part sur le refinancement de la dette, comme je l’ai compris, que cela donnera une bouffée d’oxygène à Disneyland Paris qui n’aura plus qu’un seul interlocuteur concernant ce sujet. Le fait que cet interlocuteur soit The Walt Disney Company prouve à la fois la confiance de son actionnaire principal, mais est également bon signe pour l’avenir. Disneyland Paris, au delà de ses résultats, est une vitrine de la marque Disney et l’échec n’est même pas envisageable. En cela c’est une excellente nouvelle à mettre à l’actif de Bob Iger (CEO de TWDC) et de Philippe GAS (Président de EuroDisney SAS).
En lieu et place d’un rachat de l’ensemble des actions, cela était sans doute la solution la plus simple, car Euro Disney a notamment des accords avec l’Etat et les collectivités. Mais peut-être un jour, d’ici quelques années / décennies.
Malheureusement cela ne veut pas dire pour autant que les investissements, pour notamment revoir le Walt Disney Studios, et créer ce 3ème parc dont on parle toujours, vont s’accélérer. Cela reste compliqué sans un autre financement massif de la Walt Disney Company. Pour autant j’espère tout de même que l’entretien des installations actuelle sera renforcé pour maintenir l’expérience Disney au plus haut niveau, et qu’après le projet Ratatouille (en cours de construction) d’autres, déjà évoqués et sans doute dans les cartons, pourront se mettre en place comme Toy Story Mania pour compléter un « Pixarland », l’arrivée de Marvel, un nouvel hôtel aux WDS, une ouverture plus tardive / un show nocturne, et la re-thématisation d’une partie de ce second parc (« placemaking »). Le meilleur exemple de revalorisation d’un parc est sans doute celui du Disney California Adventure.
Enfin, le site internet et la gamification virtuelle du resort, comme sa couverture Wifi, sont des chantiers importants et attendus.
L’avenir de Disneyland Paris sera sans doute dans sa capacité à générer des visites plus longues à l’image de Walt Disney World, et à favoriser la re-visite ou la visite de nouvelles cibles (avec Marvel et Villages Nature par exemple). Comment convaincre un britannique de venir plutôt à Paris qu’en Floride ?
En bref il y a du chemin et des perspectives de développement très important pour cette destination. En attendant nous nous dirigeons en 2013 vers un « 20th Extended Anniversary » comme pour le 15ème anniversaire et son « La Fête continue en plus grand ».
- Star Wars Land à Disneyland Paris ? Une aussi bonne idée que Marvel land et Disney Adventures ? Les rumeurs du moment.
- Disney Dreams a-t-il tué la Parade Fantillusion de Disneyland Paris (qui s’arrêterait le 31 Octobre 2012) ?
- Les Fast Food à Disneyland Paris. Est-il possible de bien y manger sans se ruiner ? Pistes d’améliorations.
- Un abonnement mensuel à Disneyland Paris ? C’est maintenant possible. Quid du passeport Super Dream ? Quelques pistes…
- Première visite de World of Disney avant ouverture et rencontre avec les équipes en charge du Merchandising à Disneyland Paris.
- Qu’est ce que la gamification ? Peut-on appliquer ce concept aux parcs à thèmes et d’attractions ? L’exemple de Gowalla et des parcs Disney américains.
- L’application Disneyland Paris pour smartphones franchit la barre du million de téléchargements. L’occasion de faire un point avec ses concepteurs sur son avenir.
- “Mesdames et Messieurs, et vous les enfants”, découvrez bientôt Villages Nature (et d’autres nouveaux projets Euro Disney)
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